Vers la lumière, de Naomi Kawase

 

Vers la lumière, de Naomi KawaseMisako ferme les yeux pour mieux décrire les objets, les visages et le monde qui l’entoure. Nakamori, photographe de renom va bientôt perdre la vue et plonger pour toujours dans l’obscurité. C’est l’histoire de leur rencontre lors d’une séance de travail pour l’audiodescription d’un film qui parle d’un amour infini. Sur fond de sentiments naissants et de destins qui s’entremêlent, Naomi Kawase signe un joli poème sur le regard, la perception du réel, l’imaginaire, le pouvoir du cinéma et ses silences, l’interprétation… Une histoire de lumière. Un dialogue entre le visible et l’invisible parfois trop littéral. « Rien n’est plus beau que ce qu’on a sous les yeux et qui va disparaître », « Le photographe est un chasseur dont la proie est le temps », « A travers les films on se connecte à la vie des autres » : autant d’haïkus cinématographiques qui ponctuent Vers la lumière et lui confèrent un statut de réflexion technique et philosophique sur ce qu’est l’image et son rapport au langage. On regrette alors que la réalisatrice japonaise n’ait pas souhaité injecter plus de métaphysique, de spirituel, de chamanique dans cet opus. Sa signature. Mais on se dit quand même que c’était une putain d’idée et qu’elle est une cinéaste géniale.

 
Vers la lumière (Hikari) de Naomi Kawase, avec Masatoshi Nagase, Ayame Misaki, Tatsuya Fuji. Japon, 2017. En compétition au 70e Festival de Cannes. Sortie le 20 septembre 2017.