Western, de Valeska Grisebach

 

Il a les yeux revolver…

Western, de Valeska GrisebachLe pitch… Un groupe d’ouvriers allemands part travailler sur un chantier en Bulgarie. Ils montent leur baraquement et hissent leur drapeau allemand en haut d’une colline à quelques galops d’un village perdu. Dévier le cours d’une rivière pour installer une infrastructure : leur chantier semble une montagne pour le peu de mains qu’ils ont. D’un côté les Allemands, de l’autre les villageois bulgares. Entre les deux, la barrière de la langue. Et Meinhard (Meinhard Neumann), nouveau venu parmi les travailleurs qui ne sait pas trop où est sa place.

Et donc ?… Un décor de western, des démarches de cow-boys, un café dans un village paumé en guise de saloon, quelques femmes, des regards revolver et des chevaux sauvages qu’on apprivoise. Le titre du film de Valeska Grisebach est d’abord à prendre au premier degré. Un western moderne dans une sorte de no man’s land bulgare où l’eau semble denrée rare et où les loisirs ne sont pas légion. Au cœur de ce film au scénario subtil et à l’image léchée, il y a surtout la langue. Sans elle, comment comprendre l’autre, dépasser ses préjugés et ne pas déraper. Pourtant malgré cette barrière Meinhard, l’ancien de la Légion étrangère, décide de partir à la rencontre de l’autre et tente de se faire accepter. Silencieux, il est l’honnête homme, alors que ses collègues de chantier balancent leurs remarques hostiles et nationalistes. Une tension palpable traverse ce long-métrage produit par Maren Ade (Toni Erdmann). Tout pourrait basculer…

 
Western de Valeska Grisebach, avec Meinhard Neumann, Reinhardt Wetrek, Syuleyman Alilov Letifov, Vyara Borisova et Kevin Bashev. Allemagne, Autriche, Bulgarie, 2017. Présenté en sélection Un certain Regard au 70e Festival de Cannes.