Frankenstein, de Bernard Rose

 

Tout feu, tout flamme

Frankenstein, de Bernard RoseSi le film de Bernard Rose (Candyman, Sx Tape) projeté en ouverture de ce 23e Festival de Gérardmer frôle dangereusement le niveau série B avant de s’y vautrer copieusement à la fin, avec un barbecue géant sur fond de voix off poétique, Frankenstein n’est pas exempt de petits moments de grâce. On en a relevé cinq, rien que pour vous :

- Monstre téléphone maison. On reprend l’esprit Mary Shelley en proposant une vision sensorielle du « Monstre » et on l’envoie au XXIe siècle, à l’heure des GPS sur smartphone pour retrouver sa maman. La créature est tout en borborygmes, mais s’exprime en langage soutenu lorsqu’elle raconte ses mésaventures.

- Jésus revient ! Le Monstre prend les délicats traits de Xavier Samuel, imberbe, blond et angélique comme l’enfant qui vient de naître. Il subit avec abnégation un long et violent chemin de croix sous forme de flagellations, de résurrection et de chair ensanglantée, pendant sa quête d’identité et de paternité. On ne compte plus les références religieuses qui émaillent le film, entre Marie-Madeleine asiatique, piéta onirique et ange déchu à travers les flammes.

- Le retour de Trinity. On l’avait perdue de vue depuis la trilogie Matrix ou presque. Après toute une série de seconds rôles peu mémorables (Fido, Pompei), Carrie-Ann Moss en enchaîne un nouveau, tout aussi peu travaillé (une scientifique à l’instinct maternel biberonnant). Mais rappelle qu’elle a toujours une présence magnétique, malheureusement sous-exploitée. A noter aussi le come-back de Tony “Candyman” Todd, dans le rôle d’un jazzman aveugle au grand cœur.

- Humour noir de café. Bernard Rose a beau éclater des cervelles à gogo, il n’en oublie pas de faire rire son auditoire (parfois involontairement) à coup de petite fille jetée dans un lac pour jouer ou de policier fracassé à qui on demande si tout va bien.

- Croc-croc mignon ! On fond pour le chien qui ne ramasse pas les baballes, mais plutôt les lapins morts et qui apprend à la Créature qu’il faut enterrer ce qui est cané. Pas mal, le canidé !

Frankenstein de Bernard Rose, avec Xavier Samuel, Carrie-Ann Moss, Danny Huston, Tony Todd et Maya Erskine. Etats-Unis, 2015.