La sélection Un Certain Regard du 66e Festival de Cannes

 

The Bling Ring de Sofia Coppola

The Bling Ring de Sofia CoppolaQui ?
L’adolescence, Sofia Coppola la filme sous toutes les coutures. Poétique et désespérée (Virgin Suicides), retardataire et décalée (Lost in Translation), fauchée en pleine ascension (Marie-Antoinette) ou initiatique (Somewhere), le thème reste mais les films changent. Si la patte de la réalisatrice est remarquable, aucun de ses films ne se répète ni ne se ressemble – mis à part la partition à tendance versaillaise, tantôt signée Air, tantôt signée Phoenix.

Quoi ?
The Bling Ring revient sur un fait divers : le cambriolage de plusieurs demeures de stars à Hollywood par un groupe de jeunes. Andy Warhol avait déjà annoncé que chacun chercherait son quart d’heure de gloire, Sofia Coppola, icône pop du cinéma, profite de ce fait divers pour en saisir l’essence même : la recherche de la célébrité à tout prix, symptôme d’une génération frivole et ostentatoire. The Bling Ring, quelque part entre Spring Breakers d’Harmony Korine et Wassup Rockers de Larry Clark.

 

Miele de Valeria Golino

Miele de Valeria GolinoQui ?
C’est surtout pour ses performances de comédienne que la belle Italienne Valeria Golino s’est fait connaître. De Jim Abrahams (Hot Shots 1 et 2) à Barry Levinson (Rain Man), en passant par Mike Figgis (Leaving Las Vegas) et John Carpenter (Los Angeles 2013). Mais Valeria Golino c’est aussi et surtout Grazia, cette jeune mère fantasque éprise de liberté dans l’éblouissant Respiro d’Emanuele Crialese (2003). C’est Marta, belle-sœur de Nanni Moretti dans le Chaos calme d’Antonello Grimaldi (2008), délicate variation autour du deuil.

Quoi ?
C’est ce qu’on appelle trivialement un one shot. Un film, Miele, et déjà les feux de la rampe de la sélection Un Certain Regard. Pour son premier passage derrière la caméra, Valeria Golino ne se ménage pas. Miele, c’est le surnom que l’on donne à Irène, incarnée par la ravissante Jasmine Trinca. Une jeune femme qui aide clandestinement à mourir les personnes atteintes de maladies incurables. Jusqu’au jour où elle rencontre un septuagénaire en parfaite santé, mais désireux d’en finir avec la vie… Un grand saut pour le moins périlleux pour l’apprentie cinéaste.

 

Fruitvale Station de Ryan Coogler

Fruitvale Station de Ryan CooglerQui ?
Ryan Coogler, du haut de ses 27 ans, a frappé un grand coup avec son premier long-métrage, Fruitvale Station, lauréat du Grand Prix du jury et du prix du Public au dernier Festival de Sundance. Ancien boursier rêvant à une carrière de footballeur américain, il s’est réorienté vers le cinéma suite à une autre subvention, et tous ses courts-métrages d’étude ont été primés.

Quoi ?
Originaire d’Oakland, le cinéaste a choisi pour son premier long un fait divers proche : la mort par balle d’Oscar Grant, sur le triste quai d’une gare californienne le matin du nouvel an 2009, de la main d’un policier. Un drame capté par de nombreux passants sur leurs téléphones portables, et qui avait épouvanté l’Amérique. Le film narre les dernières heures de la victime, notamment sa relation à sa mère et ses choix avant de partir réveillonner. Le réalisateur, du même âge que le héros du film, propose là une tragédie classique dans un cadre ultra-contemporain.

 

La Jaula de Oro de Diego Quemada-Diez

La Jaula de Oro de Diego Quemada-DiezQui ?
Opérateur caméra espagnol, ayant travaillé avec Ken Loach sur Land and Freedom, Fernando Mereilles sur The Constant Gardener ou Alejandro Gonzalez Inarritu sur 21 grammes, Diego Quemada-Diez mène en parallèle une carrière de cinéaste, avec notamment des courts-métrages qu’il tourne depuis son diplôme obtenu à l’American Film Institute.

Quoi ?
Soutenu par l’atelier de la Cinéfondation depuis 2010, La Jaula de Oro relate le destin de jeunes Guatémaltèques à la recherche d’un nouveau départ. En route pour la Californie, ils rencontrent au Mexique un Maya et vont peu à peu découvrir les vicissitudes du passage vers l’Eldorado. Sujet sensible pour ce long-métrage, puisque des millions d’immigrés clandestins vivent aux Etats-Unis dans la crainte d’être emprisonnés et/ou reconduits. Pour donner un peu plus d’ampleur à cette question de société, Quemada-Diez a confié l’interprétation de son film à des acteurs non professionnels rencontrés au fil de ses voyages.

 

Death March de Adolfo Alix JR

Death March de Adolfo Alix JRQui ?
Adolfo Alix JR a deux thématiques centrales : la complexité des relations humaines et les drames enracinés dans l’histoire de son pays, les Philippines. Points communs dans tous ces métrages : la souffrance de l’être humain. Son premier long, Donsol, axé sur les relations amoureuses éphémères, avait été nominé aux Oscars en 2007 dans la catégorie du Meilleur film étranger. Quelques années plus tard il devient mondialement connu grâce à Manila, réalisé aux côtés de Raya Martin. Ce thriller en deux parties portait sur la décadence d’un toxicomane et sur un garde du corps en fuite. Il avait notamment été projeté à Cannes en 2009 pour une séance spéciale.

Quoi ?
Dans Death March, le cinéaste évoque la Marche de la mort de Bataan (1942), un crime de guerre perpétré par l’armée japonaise. Celle-ci avait forcé des milliers de prisonniers à marcher plus de 97 kilomètres sans eau ni nourriture. Un génocide dont le nombre de victimes exactes n’a jamais pu être connu, mais qui est resté l’un des traumatismes de l’histoire contemporaine de l’archipel.

 

As I Lay Dying de James Franco

As I Lay Dying de James FrancoQui ?
L’acteur James Franco, nommé à l’Oscar du meilleur acteur pour 127 heures, et ennemi juré de Spider-Man, n’en est pas moins actif derrière la caméra. Il a déjà signé une quinzaine de films, notamment des courts-métrages et des documentaires, et semble se passionner pour les écrivains alcooliques, puisque après As I Lay Dying, James Franco tourne un biopic de Charles Bukowski, prévu pour 2014.

Quoi ?
As I Lay Dying est l’adaptation du roman de William Faulkner, Tandis que j’agonise. Une plongée dans le cœur du Mississippi où la famille d’Addie Bundren doit rapatrier son corps pour l’enterrer, conformément à son souhait, dans la ville de Jefferson. Le roman comporte une quinzaine de narrateurs différents, offrant une multiplicité de points de vue. Mari, enfants, voisins, amis, prêtre… Un terrain de jeu prometteur, surtout que le Mississippi, vu l’an dernier dans Mud, de Jeff Nichols, avait déjà séduit la Croisette.

 

My Sweet Pepper Land de Hiner Saleem

Qui ?
Hiner Saleem a fui l’Irak de Saddam Hussein au début des années 1980, alors qu’il n’avait que 17 ans. Depuis son premier long-métrage, Vive la mariée… et la libération du Kurdistan (1998), le cinéaste n’a jamais cessé d’être hanté par la question kurde, son peuple d’origine. Dans Vive la mariée et Si tu meurs, je te tue, son avant-dernier film, sorti en 2011, il s’intéressait à la diaspora kurde d’Europe. Dans Passeurs de rêves (2000) et Vodka Lemon (2003), c’étaient les Kurdes d’Arménie. Mais ce n’est qu’avec Kilomètre zéro qu’il retournait chez lui, dans le Kurdistan irakien, un an seulement après la chute de Saddam Hussein, pour y raconter le sort des Kurdes sous la dictature. Dans la foulée, il venait pour la première fois à Cannes, présenter le film en compétition.

Quoi ?
Hiner Saleem doit son retour sur la Croisette à My Sweet Pepper Land, son second film tourné sur place. Cette fois, il s’intéresse au Kurdistan de l’après-Saddam, devenu un no man’s land quasiment autonome, au point que le film peut justement concourir pour le Kurdistan dans la sélection Un Certain Regard.

 

L’Image manquante de Rithy Panh

L’Image manquante de Rithy PanhQui ?
Toute l’œuvre de Rithy Panh est liée au devoir de mémoire. Rescapé des camps de travail khmers rouges, Rithy Panh émigre à l’âge de 16 ans en France. Il abandonne alors ses études de menuiserie pour se consacrer au cinéma, et sort diplômé de l’IDHEC en 1988. S’ensuivent des premières œuvres remarquées (Site 2, Les Gens de la rizière), puis, en 2002, S21, la machine de mort khmère rouge, documentaire aussi génial que douloureux qui revient sur les exactions khmères dans les années 1970. Ce film consacre définitivement Rithy Panh comme cinéaste humanitaire, et introduit de nombreuses œuvres – écrites ou filmées – sur le même sujet.

Quoi ?
Habitué du Festival de Cannes, où il avait déjà présenté il y a deux ans son dernier film, Duch, le Maître des forges de l’enfer, le réalisateur franco-cambodgien revient cette fois en section Un Certain Regard avec l’adaptation de son propre ouvrage, L’Elimination. Intitulé L’Image manquante, le film s’articule autour de « l’image d’une quête », celle que poursuit Rithy Panh depuis trente ans.

 

Les manuscrits ne brûlent pas (ex-Anonymous) de Mohammad Rasoulof

Mohammad RasoulofQui ?
Mohammad Rasoulof partage avec Jafar Panahi le triste problème des esprits libres de l’Iran actuel : avoir maille à partir avec le régime d’Ahmadinejad suite à une œuvre. Condamné à six ans de prison en 2010, pour avoir préparé un tournage avec le réalisateur d’Une séparation, il a tout de même réussi à mettre en scène clandestinement Au revoir, présenté à Cannes et distribué en France. Ancien étudiant en sociologie, il a réalisé trois longs-métrages ayant son pays comme principal sujet.

Quoi ?
Précédemment nommé Anonymous, Les manuscrits ne brûlent pas a longtemps été un projet secret, à cause de problèmes légaux : Rasoulof n’a pas le droit, selon la justice iranienne, de tourner de film. C’est pourquoi le Festival de Cannes n’a mentionné le véritable nom du film et l’identité du réalisateur qu’à la dernière minute. Peu d’informations ont filtré sur l’histoire en elle-même, mais la légende raconte déjà que Les manuscrits ne brûlent pas aurait été tourné clandestinement et serait arrivé devant les yeux des sélectionneurs deux jours seulement avant l’annonce officielle des films présentés à Cannes.

 

Les Salauds de Claire Denis

Les Salauds de Claire DenisQui ?
La réalisatrice française – élevée en partie sur le continent africain – entretient avec le Festival de Cannes une relation fidèle : son premier film, Chocolat, figurait en compétition en 1988 ; J’ai pas sommeil et Trouble Everyday y ont été présentés, le premier dans la section Un Certain Regard, le second en Séance de Minuit en présence du Samu ameuté pour deux malaises en salle ! Elle fut aussi présidente du jury d’Un Certain Regard en 2010.

Quoi ?
Après White Material qu’elle tourna en Afrique en 2009, Claire Denis revient en région parisienne tourner ce film coécrit avec Jean-Pol Fargeau, son scénariste attitré (c’est là leur neuvième collaboration), et photographié par sa complice Agnès Godard.
Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Michel Subor (l’une des plus belles voix du cinéma français), Lola Créton (formidable dans Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Love et Après mai d’Olivier Assayas), sont les protagonistes d’un drame familial rude, d’une quête de vengeance contrariée, dont les premières images laissent sourdre la puissance latente et le malaise profond. Comment Claire Denis, cinéaste du désir et des sensations, poursuit-elle son exploration des situations extrêmes ? Comment ressortira-t-on de ce drame tendu, de ces déchirements annoncés ?

 

Sarah préfère la course de Chloé Robichaud

Sarah préfère la course de Chloé RobichaudQui ?
La Québécoise Chloé Robichaud n’est pas une inconnue de la Croisette, son court-métrage Chef de meute y avait été présenté et remarqué l’année dernière… Autant dire qu’on attendait son retour avec attention.

Quoi ?
Sarah est une jeune athlète de course de fond. Une passion autant qu’une discipline dans laquelle elle excelle. Au point qu’on lui propose une bourse à Montréal. Loin de sa province de Québec, la jeune fille découvre le monde. Elle découvre aussi Antoine, et épouse celui qu’elle croyait n’être qu’un ami, pour pouvoir toucher de meilleures aides du gouvernement. Mais la vie est cruelle et on n’est pas sérieux quand on a 20 ans ; les deux jeunes gens vont mettre à rude épreuve leur passion, leurs choix et leur complicité. Une histoire simple, de jeunes acteurs inconnus en France, la promesse d’une découverte cannoise.

 

Omar de Hany Abu Assad

Omar, dAbu AssadQui ?
Hany Abu Assad, remarqué pour Le Mariage de Rana et Paradise Now, nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger, a validé son passeport hollywoodien avec le thriller The Messenger, sorti directement en DVD à l’international. Omar lui permet de revenir à Cannes.

Quoi ?
La sélection d’Omar à Cannes fait date en soi, puisque le film est présenté comme la première production entièrement palestinienne. Le film retrace les parcours de trois jeunes gens et d’une femme engagés dans leur combat pour la liberté.

 

North, the End of History de Lav Diaz

North, the End of History de Lav DiazQui ?
Le délégué général Thierry Frémaux l’a rappelé en conférence de presse : Lav Diaz s’est rendu célèbre en signant des films de durées non conventionnelles, parmi lesquels Death in the Land of Encantos, d’une durée de neuf heures, qui fut récompensé à Venise.

Quoi ?
Son dernier opus ne déroge pas à la règle et affiche une durée de quatre heures. Connu pour ses sujets ancrés dans la société philippine, le cinéaste s’attache ici aux destins d’immigrants dans le village de Paoay, dans le nord-ouest du pays.

 

L’Inconnu du lac de Alain Guiraudie

L’Inconnu du lac de Alain GuiraudieQui ?
Depuis Du soleil pour les gueux, repéré par Luc Moullet dans les Cahiers du cinéma en 2001, Alain Guiraudie construit une des plus singulières filmographies du cinéma français, faite de contes étranges et de drôles de films d’aventures, comme Voici venu le temps ou Le Roi de l’évasion.

Quoi ?
Le réalisateur de Ce vieux rêve qui bouge s’attache à l’amour de Franck pour Michel, un assassin, et circonscrit son action autour d’un lac, lieu de drague homosexuelle. On attend avec impatience ce thriller, dont le réalisateur a toujours su tordre de façon singulière les codes du cinéma de genre.

 

Tore Tanzt de Katrin Gebbe

Tore TanztQui ?
Katrin Gebbe réalise son premier long-métrage, avec une kyrielle d’inconnus d’origine germanique, de Julius Feldmeier à Annika Khul. La réalisatrice a déjà à son actif deux courts-métrages, sélectionnés dans divers festivals.

Quoi ?
Le synopsis ? L’histoire d’un jeune homme, Tore, mû par une foi profonde. Avec son groupe, les Fous de Jésus, il vit son christianisme avec assurance. Quand il rencontre une famille par hasard et les aide, il est sûr que la divine miséricorde le soutient. Il se lie d’amitié avec le père de la famille, Benno, et emménage dans le chalet de leur jardin. Porté par sa foi, il reste à leurs côtés, malgré les maltraitances de Benno, que Tore combat avec ses propres armes, pas toujours en accord avec ses convictions.

 

Grand Central de Rebecca Zlotowski

Grand Central, de Rebecca ZlotowskiQui ?
Enfant de la Fémis, Rebecca Zlotowski rencontre sur les bancs de la célèbre école Cyprien Vial avec qui elle écrit le court-métrage Dans le rang, lauréat du prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs en 2006. Autre collaboration décisive avec Teddy Lussi-Modeste dont elle coscénarise, en 2009, le premier et très remarqué long-métrage Jimmy Rivière. Deux ans plus tard, la jeune cinéaste se fait repérer à Cannes avec son premier film, Belle épine, présenté dans le cadre de la 49e Semaine de la critique. L’histoire de Prudence Friedman, 17 ans, livrée à elle-même qui découvre le circuit sauvage de Rungis, ses grosses cylindrées et ses bad boys. Si l’on reproche au film de pécher par trop de maniérisme, il offre à Léa Seydoux une nomination au César du meilleur espoir féminin en 2011.

Quoi ?
Pour Grand Central, Rebecca Zlotowski dirige à nouveau la blonde et délicate Léa Seydoux. A ses côtés, Tahar Rahim, Olivier Gourmet, Denis Ménochet et Johan Libéreau. Un casting masculin de belle facture pour un film qui parlera… d’amour. Et une étape supplémentaire pour la réalisatrice des clips d’Alizée (oui, aussi), présentée cette fois en sélection officielle Un Certain Regard.

 

Wakolda de Lucia Puenzo

Wakolda, de Lucia PuenzoQui ?
La jeune réalisatrice écrit depuis des années pour la télévision argentine et a signé divers documentaires. Elle est aussi auteur d’ouvrages et de quelques courts-métrages. Wakolda est le premier film qu’elle vient présenter à Cannes.

Quoi ?
Il y est question d’une rencontre entre un voisin ordinaire et la petite fille de la famille qui habite à côté de chez lui. Si ce n’est que le voisin ordinaire est en réalité Josef Mengele, « médecin » nazi, en exil en Argentine comme beaucoup de ses contemporains, qui continue ses recherches autour de la « pureté raciale ». Mengele se prend d’affection pour Lilith, jeune fille naine qui se promène toujours avec sa poupée Wakolda.

 

Bends de Flora Lau

Bends, de Flora LauQui ?
Flora Lau, Flora Lau Wan Man de son nom complet, réalise les courts-métrages 12:30 en 2008 et le très récompensé Dry Rain en 2009. Elle présente cette année en 2013 son premier long-métrage Bends au Certain Regard.

Quoi ?
Bends raconte l’amitié naissante entre une femme riche et son chauffeur, lors d’un trajet en Chine continentale.

» Retrouvez aussi tous les films en compétition au 66e Festival de Cannes
» Retrouvez aussi tous les films de la 45e Quinzaine des réalisateurs

Mots-clés : ,