Le Projet Atticus, de Chris Sparling

 

Ce soir, dans Histoires secrètes

Le Projet Atticus, de Chris SparlingEn 1975, un groupe de scientifiques crée le projet Atticus, un programme d’étude des comportements paranormaux. Les cas avérés, mais non scientifiquement validés, de médiumnie et de télékinésie y sont étudiés selon un protocole précis. Pourtant, un cas hors du commun va précipiter la fermeture du laboratoire. Ce film documentaire propose de faire la lumière sur cette étrange affaire.

Chris Sparling maîtrise sur le bout des doigts ses classiques de possession démoniaque. L’Exorciste, pour les sons gutturaux et les roulements de tête, comme tous ses succédanés où sont mis face à face émanation surnaturelle et rationalisme scientifique. Cette érudition s’avère bien utile pour tenir sans mollir le principe du faux documentaire qu’on croirait siglé Discovery Channel. Un found footage emballé en “docu like” où rien ne manque, des interviews des protagonistes quarante ans plus tard cadrés et éclairés dans les règles de l’art, aux archives banc-titrées avec effet Ken Burns jusqu’aux rapports top secrets caviardés. Et bien évidemment, les vidéos des événements, puisque nous sommes dans un dispositif scientifique où tout était consigné sur film argentique et sur bande vidéo. Certes, l’ensemble tire trop en longueur en répétant certaines séquences et en bouclant sur des évidences du type “Nous sentions que quelque chose n’allait pas” comme lors d’un retour d’écran de pub. Mais, en recréant tous les codes du genre, le réalisateur a au moins le mérite de la cohérence en nous persuadant qu’on est bien devant un 52 minutes de seconde partie de soirée sur le câble.

L’approche scientifique et le traitement vintage des archives vidéo apportent parfois une plus-value bien sentie aux moments effrayants, même s’ils ne brillent pas par leur originalité. En revanche, ce qui l’est davantage, c’est l’idée pour le moins farfelue, mais séduisante, que ce cas de possession soit reconnu, top secret, par l’Etat américain. Rappelons que les événements se passent en pleine guerre froide. Mises dans le coup, la CIA et l’armée supplantent les scientifiques dépassés et passent à l’action en tentant de “posséder la possession”, avec pour seul objectif de soumettre l’esprit démoniaque qui habite le corps de la pauvre femme afin d’en capter la puissance pour la transformer en arme fatale… et les Soviets n’ont qu’à bien se tenir. Evidemment, un prêtre exorciste avec masque à gaz et un vomi-geyser de pétrole plus tard, l’échec est définitif. Rideau sur le labo. Les survivants sont priés de rentrer chez eux et d’oublier cette histoire qui, de toute façon, sentait la plantade intégrale depuis le début.

Le Projet Atticus est un found footage réussi – c’est assez rare pour le signaler – grâce à un procédé narratif correctement tenu de bout en bout par un réalisateur qui fait son boulot. Un bon DTV en forme de fausse soirée TV, suffisamment tendu pour nous faire croire qu’on vient d’arrêter de zapper.

 
Le Projet Atticus (The Atticus Institute) de Chris Sparling, avec Rya Kihlstedt, William Mapother, John Rubinstein… Etats-Unis, 2014. Présenté hors compétition au 22e Festival du film fantastique de Gérardmer. Sortie DVD le 25 mars 2015.