Burying The Ex, de Joe Dante

 

Burying The Ex, de Joe DanteFaire une croix sur son ex, tirer un trait sur une histoire, tourner la page, passer à autre chose… De ces expressions que l’on use à l’envi pour évoquer une rupture, Joe Dante tire un film. Burying The Ex, “Enterrer son ex”, en français dans le texte.

Mais chez le réalisateur de Gremlins, Hurlements et Piranha, la formule est à prendre au premier degré. Max doit bel et bien enterrer Evelyn,son ex. Ou plutôt la réenterrer vu que cette dernière, sorte de Bree Van de Kamp en plus jeune, plus blonde et plus green, a eu la drôle d’idée de revenir d’entre les morts après qu’un bus l’a violemment percutée. Les raisons de la résurrection resteront assez floues. Est-ce le pacte qu’a signé le jeune couple en se promettant d’être toujours et « à jamais » ensemble ? Est-ce cette étrange petite figurine de Satan que Joe Dante s’empresse de casser en mille morceaux avant de la jeter aux oubliettes, là où d’autres en auraient fait le pivot de leur histoire ? Peu importe en fait. Une chose est sûre : plus l’idylle pourrit, plus la copine devenue zombie, s’effrite.

Passons rapidement sur le scénario bien ficelé et les dialogues bien sentis qui questionnent gentiment le bien-fondé des couples, de la vie à deux, du mariage et la difficulté de quitter quelqu’un de peur de blesser. Et venons-en à ce qui nous touche le plus.

Dante qui s’amuse à détourner tous les clichés, tous les passages obligés de la comédie horrifique – même le jet de vomi, ici du liquide d’embaumement que dégobille la copine-revenante. Dante multiplie les clins d’œil aux fans du genre et embarque avec lui, les néophytes dans une joie contagieuse. Comprendra les clins d’œil qui veut, fera partie de l’aventure qui passe par là.

Max, le vendeur de farces et attrapes n’aspirant qu’à ouvrir sa propre boutique, c’est un peu Joe Dante, bien sûr. Lui et son cinéma qui divertit, conjure le mauvais sort, fait du bien. Lui qui est un peu nostalgique aussi d’une époque où les farces horrifiques étaient légion, où le cinéma se bricolait. Où l’on se prenait moins au sérieux. Lui qui se sent peut-être un peu seul maintenant que Wes Craven est parti et que son lointain cousin Sam Raimy vogue vers d’autres contrées.

Alors on garde cette jolie scène dans laquelle Max et Olivia, la nouvelle petite amie avec qui il a tant de points communs (le secret de l’amour qui dure, selon Dante ?), se baladent dans le Hollywood Forever Cemetery, énumérant les John Huston, Peter Lorre et autres disparus chers au réalisateur et au genre fantastique. Burying The Ex, c’est un peu ce cimetière. Un terrain verdoyant où sont enterrés de vieux films, des acteurs mythiques, des ingrédients magiques. Une zone de jeu à tiroirs sur laquelle on déambule avec enthousiasme.

 
Burying The Ex de Joe Dante, avec Anton Yelchin, Ashley Greene, Alexandra Daddario Wilson… Etats-Unis, 2014.