Pride, de Matthew Warchus

 

Présenté à la 46e Quinzaine des réalisateurs – Film de clôture

Pride, de Matthew WarchusQui ?

Matthew Warchus a plus l’habitude d’arpenter les planches de théâtre que les plateaux de cinéma, même si Pride est son troisième film. Prolifique metteur en scène, il a mis sur pied des créations contemporaines autant que des classiques shakespeariens, et il a été récompensé de plusieurs Laurence Olivier Awards et autres Tony Awards. Une pointure, donc. Et une pointure qui sait s’entourer de la fine fleur des acteurs britanniques : Bill Nighy (Love Actually), Imelda Staunton (Vera Drake), Dominic West (The Wire) et Paddy Considine (Tyrannosaur).

Quoi ?

Avec la mort de Margaret Thatcher, on pensait qu’une page du cinéma britannique aussi se tournait. Eh bien il faut croire que tout n’a pas été dit et montré sur la grève des mineurs de 1984. L’originalité de Pride, c’est d’associer la gay pride et les manifs de mineurs gallois. La première décidant de venir en aide, contre leur gré, aux seconds. Etre opprimé par la Dame de fer, ça rapproche…

Résultat des courses ?

Matthew Warchus signe un film entraînant et enthousiasmant sur la solidarité et l’entraide. Le symbole du syndicat des mineurs gallois, comme le répète plusieurs fois Paddy Considine, c’est une poignée de mains. Une main tendue, que l’on accepte, quelle qu’elle soit, et que l’on tend à son tour. En regardant les infos, un jeune militant gay de Londres se met dans l’idée que les mineurs ont les mêmes ennemis que les lesbiennes et les gays – Thatcher et la répression policière – et sont donc ses amis. Le LGSM (Lesbians and Gays Support the Minors) collecte donc de l’argent, qu’un syndicat du Pays de Galles finit par accepter. Tout l’humour du film joue sur le décalage entre une communauté traditionnelle et une autre décomplexée, chacune ayant ses préjugés sur l’autre, du plus profond (des mineurs qui seraient un peu rustres) au plus futile (« c’est vrai que toutes les lesbiennes sont végétariennes ? »). Au scénario, Stephen Beresford ajoute un peu d’émotion à la véritable histoire dont il s’est inspiré, sans en faire trop, avec les personnages d’un jeune homosexuel sur la voie de l’affirmation, et de l’un de ses aînés, brouillé avec sa famille. Pride est un vrai feel-good movie, qui ne fera peut-être pas date dans les écoles de cinéma, mais qui redonne foi en l’humanité, exalte les joies de la lutte collective, et met en scène des personnages qui ne subissent pas leurs destins. Après un an de débat houleux sur le mariage pour tous, voir deux communautés, a priori opposées, lutter ensemble pour les droits de l’une et de l’autre, sans avoir rien à y perdre ni à y gagner, est une vraie réjouissance.

Pride de Matthew Warchus, avec George MacKay, Dominic West, Andrew Scott, Paddy Considine, Bill Nighy, Imelda Staunton… Royaume-Uni, 2014. Sortie le 1er octobre 2014. Queer Palm du 67e Festival de Cannes.