Cette semaine, on ne sait pas très bien où on est. C’est le printemps, mais il fait froid, ou c’est l’été mais il pleut. On oscille alors entre les registres, on perd ses repères. Michel Blanc est flippant. Chabrol fait dans le loufoque. On se souvient de ses vies passées avec Apichatpong Weerasethakul, on oublie son passé avec Aki Kaurismaki.
Dimanche 14 avril
Elle s’appelait Sarah, de Gilles Paquet-Brenner – 20h45 – France 2
Rien ne va plus, de Claude Chabrol – 20h50 – D8
Point Break, de Kathryn Bigelow – 22h40 – W9
Fantômes contre fantômes, de Peter Jackson – 22h45 – Arte
Oubliez La Rafle, le film de Rose Bosch. Elle s’appelait Sarah montre simplement que l’on peut faire un film sur le même sujet, et sur la culpabilité qui traverse les âges, sans sortir les grosses caisses et les scènes lacrymales. Kristin Scott Thomas fait dans la réserve. Parce qu’elle est à la fois étrangère à cette histoire, et complètement impliquée. Parce qu’elle embarque avec elle des questions et des sentiments, communs à tous.
Chabrol et Isabelle Huppert, c’est toujours incontournable. Rien ne va plus la montre, comme souvent, en manipulatrice, mais ajoute une dose de loufoque dans ce duo mystérieux qu’elle forme avec Michel Serrault.
On change de registre en deuxième partie de soirée, avec les surfers braqueurs déguisés en présidents des Etats-Unis de Point Break. La révélation Keanu Reeves. Le monde de la finance comme adversaire.
Avant d’être le maître de la Terre du Milieu, Peter Jackson réalisait des films de série B, qui ont un peu vieilli, mais sont toujours plaisants. En plus, dans Fantômes contre fantômes, il y a Michael J. Fox.
Lundi 15 avril
Monsieur Hire, de Patrice Leconte – 20h50 – HD1
La Maison du diable, de Robert Wise – 20h50 – Arte
Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, d’Apichatpong Weerasethakul – 22h40 – Arte
Grease, de Randal Kleiser – 22h40 – W9
Avec Monsieur Hire, Michel Blanc prend une autre dimension. Fini le franchouillard à moustache, qui espère conclure sur un malentendu. Il devient ici un homme secret et inquiétant. Fascinant.
Changement toujours pour Robert Wise, qui laisse les comédies musicales (West Side Story, La Mélodie du bonheur) pour une maison hantée. Pas n’importe laquelle, La Maison du diable, dans laquelle un scientifique se livre à une expérience avec des sujets réceptifs au surnaturel. Mais à l’image, pas de surnaturel. Des sons, une ambiance. Flippant.
L’Oncle Boonmee, c’est celui qui va mourir et qui entreprend un dernier voyage d’adieu, voyage jonché de fantômes et autres visions du passé. C’est aux antipodes de tout ce que vous avez vu d’autre au cinéma, et qu’on aime ou pas, c’est l’occasion de voir quelque chose d’unique. Avec un poisson en bonus.
Pour une ambiance un peu plus détendue, on peut toujours se réfugier vers Grease, sauf si on s’effraie de cette jeunesse dépravée, qui finit par danser en tenue de cuir après s’être dangereusement adonnée à la course automobile.
Mardi 16 avril
Goldeneye, de Martin Campbell – 20h45 – France 2
J’invente rien, de Michel Leclerc – 20h50 – D17
Selon plusieurs sources, France 2, qui diffuse régulièrement des James Bond depuis le début de l’année, le ferait pour la première fois en VM. Le flegme britannique enfin dans toute sa dimension. Avec les débuts de Pierce Brosnan dans le costume, et Tina Turner au générique.
Michel Leclerc a le don de surprendre. Comme il l’avait fait avec Le Nom des gens, il signe avec J’invente rien un film plus fin qu’il n’en a l’air, joliment farfelu, aussi malin que sa “poignette”, invention indispensable.
Mercredi 17 avril
L’Homme sans passé, d’Aki Kaurismaki – 20h50 – Arte
L’Homme sans passé, contrairement à Oncle Boonmee, ne se souvient de rien. Mais de rien. Alors il croit en la bonté de son prochain, innocemment. Aki Kaurismaki, éternel optimiste, réenchanteur du monde.
Jeudi 18 avril
Une vie à t’attendre, de Thierry Klifa – 20h45 – Chérie 25
Willow, de Ron Howard – 20h45 – 6ter
La Soupe aux choux, de Jean Girault – 20h45 – France 3
Jolie soirée avec Une vie à t’attendre, malgré tout. Parce que la robe de Nathalie Baye vole dans le vent de l’Italie sur une Vespa, parce que les regrets, parce que Stéphane Guillon n’en fait pas des caisses, parce que les seconds rôles, au cinéma, c’est important.
Ou une soirée régressive avec les héros de notre enfance. Un nain persécuté dans un Moyen Age mythologique, ou des vieux papys péteurs face un extraterrestre en combi jaune.
Et ce week-end, à moins d’un temps magnifique, regardez quelques westerns nouvellement sortis en DVD, ou quelques fonds de placard cultes.
