Revue de presse des lundi 21 et mardi 22 mai

 

Tournage sur la plage de Cannes d'Anthony Zimmer« Qui ne versera pas une larme à la vision d’Amour peut être raisonnablement traité de con. » Paf. L’attaque de la critique de Libé donne le ton (et fait coucou au Figaro, qui retient surtout « la souffrance croissante infligée au spectateur »). La Croisette est bouleversée. Jean-Marc Lalanne, des Inrocks (ici), est « sidéré ». Télérama () proclame qu’il s’agit du « grand choc » du Festival, et « ne cesse de penser » à Emmanuelle Riva depuis deux jours.

Mais la Croisette est aussi bouleversée, au sens littéral. D’abord, parce que la cause de cet émoi, de cet élan de tendresse, c’est Haneke. Le réalisateur de Funny Games. Celui qui d’habitude, est « plus occupé à penser le protocole du ressentiment et de la haine », rappellent les Inrocks. Technikart est aussi « surpris » parce ce que ce « huis clos mortifère est son film le plus doux, le plus simple, le moins maso ». En fait, Haneke, c’est Casimir, si on en croit Libé, qui parle d’un film « monstre et gentil. Un film qui fait du bien, mais qui, au nom de ce bien, appuie où ça fait mal. » « Maaal », comme les derniers mots d’Emmanuelle Riva.

Ensuite, parce que tout fout le camp. Déjà, cette revue de presse est une compil’ deux jours en un. Et puis il pleut. Et la pluie à Cannes, ça veut dire 42 parapluies au mètre carré qui se croisent dangereusement sur les trottoirs, des heures de queue sous la pluie pour qui n’a pas cédé à l’arnaque du parapluie à 10 euros qui tient même pas contre le vent, et la fermeture momentanée de la salle du 60e, celle des séances de rattrapage, non soumise à la hiérarchie des badges. Tout un système parfaitement huilé qui bat de l’aile. Le Figaro ne retrouve plus ses petits. « Les lecteurs du Figaro sont sûrement comme nous, commence Eric Neuhoff. Un film roumain de deux heures et demie : la perspective a le don de provoquer la fuite. » Et au final, ouvrant ses colonnes à Cristian Mungiu, le quotidien se demande s’il est en présence d’une future Palme. Dans le Resnais, Libéici – explique que « les rôles, acteurs et personnages se mêlent inextricablement, les vieux se coulent dans la peau de leurs 20 ans, les filles ont l’âge des mères et les hommes mûrs celui des verts » et « Vous n’avez encore rien vu ne cesse de démentir son titre : c’est au contraire lanterne magique et corne d’abondance pour tous les frappés de la chose scopique. » Cannes, jour 5, rien ne va plus ?

On se rassure, il y a quand même des constantes. La projection de Room 237 à la Quinzaine par exemple, une compil’ des théories saugrenues sur The Shining. Ce qui réjouit Libé : « Un festival sans un hommage à la cinéphilie, c’est comme oublier la fève dans la galette des rois. Ça ne change rien au goût, mais c’est moins rigolo. » Et puis le Kiarostami, « Certains cinéastes aiment varier les plaisirs. Pas Abbas Kiarostami. Like Someone in Love est la copie conforme de son film précédent qui s’appelait… Copie conforme ! » Ce à quoi Libé répondait l’autre jour : « Et Monet, il l’a peinte combien de fois sa cathédrale ? » Re-Paf. Et à propos de Paf qui se perdent, chez Libé, Ondine Millot, qui signe les portraits, se fait encore draguer. , c’est Shia LaBeouf qui tente sa chance, en rapprochant son fauteuil « très très près pour répondre, à [lui] toucher les genoux ». A l’insistance du « très très », j’ai peur qu’Ondine Millot ne craigne pour son intégrité physique. Libé, fais quelque chose !

Mots-clés :