The Artist, de Michel Hazanavicius

 

Affiche de The Artist, de Michel HazanaviciusThe Artist, c’est l’histoire de George Valentin (Jean Dujardin), vedette du cinéma muet qui se heurte à l’arrivée du parlant. Comme beaucoup des vedettes de l’époque, incapables de devenir les stars du parlant, il va sombrer dans l’oubli. Documentaire sur l’époque ? Hommage aux débuts du cinéma ? Surtout un film frais et audacieux : en pleine ère du tout-3D, un film muet en noir et blanc aurait pu ne jamais voir le jour. Mais The Artist fait preuve de tellement de qualités qu’il devrait ravir tout le monde – y compris un public a priori réfractaire au cinéma muet. Aux ressorts comiques, Michel Hazanavicius ajoute des trouvailles brillantes, autant d’ordre technique – les mouvements de caméra à la façon du cinéma du début du XXe siècle – que scénaristique – notamment la cauchemardesque séquence de l’arrivée du parlant, magistrale. Dans la série des OSS, Hazanavicius montrait déjà un talent certain et une envie de se démarquer du seul genre comique, d’aller plus loin avec le même Jean Dujardin. Avec The Artist, c’est une déclaration d’amour au cinéma, le réalisateur rivalisant d’ingéniosité pour trouver des intertitres hilarants qui balisent l’histoire, projetant parallèlement le spectateur dans le fascinant Hollywood des années 1920 (qui s’appelait encore Hollywoodland).

Si les multiples références du film ont des qualités comiques indéniables, elles sont aussi une contrainte pour Hazanavicius : en amoureux du cinéma, il est hors de question qu’il prenne trop de libertés avec celui-ci. Ainsi, George Valentin semble être le témoin de l’histoire du cinéma, se moquant de l’arrivée du parlant, chose risible tant les répliques rendent alors les images obsolètes, connaissant l’oubli et la dépression au moment où le parlant commence à réellement prendre son sens (en 1931 sort M le maudit, premier parlant de Fritz Lang et l’un des films fondateurs de cette nouvelle ère). Et puis, survient une seconde chance, un succès alternatif comme celui que connut l’héroïne de Chantons sous la pluie. The Artist n’est pas un simple exercice de style, c’est une franche réussite qui pourrait bien, sait-on jamais, faire des émules et réhabiliter quelques chefs-d’œuvre vieux de presque un siècle.

The Artist de Michel Hazanavicius, avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell, Malcolm McDowell. France, 2011. Sortie le 12 octobre 2011. Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 2011 pour Jean Dujardin.