A Girl at my Door, de July Jung

 

A Girl at my Door, de July JungIm Sang-soo, Park Chan-wook, Bong Joon-ho, Hong Sang-soo, Lee Chang-dong, Kim Ki-duk, Na Hong-jin… Depuis quelques années le nouveau cinéma sud-coréen n’en finit pas de montrer au monde entier sa qualité et son originalité. Un talent national pour aborder la noirceur, la poésie, le grotesque, la légèreté… et mélanger efficacement l’ensemble. N’y manque peut-être qu’un point : un peu de féminité.

Ca tombe bien : July Jung est une femme. Un détail qui saute aux yeux dès les premières images de A Girl at my Door, douces et gracieuses. On y voit la jeune Dohee jouer avec un crapaud sur le bord de la route mouillée, puis se faire arroser d’eau lorsqu’une voiture la dépasse. La conductrice s’arrête, mais la jeune fille s’enfuit. Au volant, c’est Young-nam, chef de la police mutée dans un petit village de Corée. Une femme, une adolescente en passe de le devenir : voilà les deux personnages qu’embrasse la caméra de July Jung. Un regard profondément féminin, même lorsque les images et les propos deviennent durs. Car la violence, omniprésente, est aussi bien frontale (Dohee est maltraitée par son beau-père, ivrogne et escroc notoire) qu’insidieuse (l’homosexualité de Young-nam, les choix à assumer).

Si l’on pense aux cinéastes précités à la vision de A Girl at my Door, notamment au parangon Memories of Murder (Bong Joon-ho, 2003), ce n’est pourtant pas pour des ressemblances criminelles mais pour une mise en scène et un sens du cadre impeccables. Le premier film de July Jung est un polar qui aurait pu ne pas en être un : c’est davantage de salut et de renaissance dont il est question ici. Comment assumer ses propres décisions, surmonter ses erreurs et trouver la force de continuer ? Des interrogations croisées que la réalisatrice amène avec subtilité, jusqu’à un final émouvant et inattendu où l’on voit poindre la lumière. Il manquait une vision féminine au cinéma coréen, c’est chose faite.

 
A Girl at my Door de July Jung, avec Bae Doona, Kim Sae-ron, Song Sae-byeok… Corée du Sud, 2014. Présenté en sélection Un Certain Regard au 67e Festival de Cannes. Sortie le 5 novembre 2014.