Folles de joie, de Paolo Virzi

 

L’échappée belle

Folles de joie, de Paolo VirziValeria Bruni-Tedeschi avance, majestueuse, ombrelle à la main, distillant réprimandes à ceux qui croisent son chemin. Dès cette première séquence, le personnage est campé. Drôle, acerbe, olympien, dans une autre réalité. D’emblée attachant, libre dans sa manière de dire les choses. La Pazza Gioia (Folles de joie) suit le personnage de Beatrice, pensionnaire d’un centre psychiatrique, mais qui ne semble pas y appartenir. Mythomane et bipolaire, elle détonne au milieu de ses camarades aux troubles plus évidents. Se sent clairement au-dessus de cette plèbe, elle qui revendique une lignée aristocrate. Jusqu’à sa rencontre avec Donatella. Brune, tatouée, visiblement abîmée par la vie, la jeune femme tape immédiatement dans l’oeil de la grande blonde élégante – qui se fait passer pour la psychiatre afin de faire plus ample connaissance. Un peu par hasard, les deux femmes s’échappent de leur environnement pour une aventure sur les traces de leur passé. Comme on part sur un coup de tête, non pas par colère, mais dans la joie et l’excitation de l’inconnu. Si le regard des autres, ceux qui sont censés être normaux, est parfois dur avec Beatrice et Donatella, celui du réalisateur, Paolo Virzi, est d’une grande tendresse. On a rarement vu Valeria Bruni-Tedeschi si belle, libre et exubérante, dans un personnage qui suit toutes ses envies et se fait plaisir. Micaela Ramazzotti, plus rationnelle, plus à vif aussi, est son clown blanc. Petit à petit, chacune devient une bouée pour l’autre. Seules, elles se noient. Les frasques s’enchaînent sur un rythme virevoltant, au gré des hasards et des rencontres, tandis que les carapaces se fendent peu à peu et que les liens se resserrent. Jusqu’à un dénouement qui tranche avec cette fantaisie débridée. Soudainement, le film se fait sobre. Et laisse libre cours à des émotions plus profondes. Une parenthèse enchantée, un récit initiatique bouleversant, et un duo d’actrices magnifique.

 
Folles de joie (La Pazza Gioia) de Paolo Virzi, avec Valeria Bruni-Tedeschi, Micaela Ramazzotti… Italie, 2016. Sortie le 8 juin 2016. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs 2016.