Si vous désirez vivre une expérience de voyage dans le temps où gothique et horreur font bon ménage, je vous conseille vivement l’acquisition de ce coffret Hammer, Le coffret de tous les cauchemars, rassemblant quatre bijoux tournés au début des années 1970. Quatre films d’excellente facture qui font honneur au célèbre studio. En 1976, les aficionados du genre vivront, avec Une fille… pour le diable, une triste extinction des feux. Mais là n’est pas le sujet, alors revenons à nos moutons enragés. Préparez-vous à recevoir dans vos salons des vampires assoiffés de sang, des goules assoiffées de sexe, des villageois assoiffés de bière et des aristocrates assoiffés de pouvoir. Les fameuses demeures victoriennes équipées de leurs fameux escaliers en bois combleront de joie les fidèles du magazine Relais et Châteaux.
Les Sévices de Dracula, réalisé par John Hough, avec Peter Cushing, Dennis Price, Mary Collinson, Madeleine Collinson…
A la mort de leurs parents, Fride et Maria (les sœurs Collinson) doivent quitter Vienne pour un petit village où elles sont recueillies par leur oncle, Gustav Weil (Peter Cushing). Ce fanatique religieux traque et brûle les sorcières des alentours. Il s’oppose au comte Karnstein (Damien Thomas), une créature de la nuit qui convoite les jumelles pour les initier à ses perversions maléfiques.
Il ne faut que quelques secondes pour se fondre dans l’ambiance macabre. Peter Cushing incarne un fou de Dieu, un horrible inquisiteur armé d’une milice toute soumise à ses sombres désirs, passant ses nuits à brûler les jolies filles. Blondes, brunes ou rousses, tant qu’il y a de la braise… Au moment où Fride et Maria débarquent, le vieil oncle acariâtre crame à tour de bras. Problème. Les sœurs jumelles sont belles à mourir. Des petits seins fermes, une peau laiteuse, des petits culs rebondis. Difficile de ne pas être émoustillé. Cette adaptation réussie du roman Carmilla de Sheridan Le Fanu ne baisse jamais de rythme. On ne s’ennuie pas une seconde. Quand l’une des sœurs tombe sous le charme du vampire, il se joue une cruelle guerre des sentiments. Tonton condamnera-t-il sa nièce au bûcher ? Suspense. Le château, le village, l’épaisse forêt, tout l’environnement provoque le frisson. Les perversions maléfiques du comte Karstein méritent que vous y jetiez les deux yeux. Un très chouette film fantastique.
Comtesse Dracula, réalisé par Peter Sasdy,avec Ingrid Pitt, Nigel Green, Lesley-Anne Down…
Depuis la mort de son mari, la terrible Comtesse Elisabeth (Ingrid Pitt) règne cruellement sur ses sujets. Mais cela ne suffit pas à la veuve, en quête d’une jeunesse éternelle.
Quand elle découvre que le sang de jeunes vierges lui redonne le visage de ses 20 ans, elle n’hésite pas à envoyer son amant, le capitaine Dobi (Nigel Green), à la recherche de ses futures victimes afin de retrouver sa beauté perdue.
Quel bonheur chers lecteurs ! Comtesse Dracula ne fait pas dans la dentelle ! Les jeunes vierges du village terminent leurs belles années vidées de leur sang au fond de la baignoire de la comtesse Elisabeth. Une nouvelle fois, on ne voit pas le temps passer en compagnie de la diablesse Bathory (revoyez l’excellent film de Julie Delpy sur la vraie Comtesse). La splendide Ingrid Pitt fait des merveilles dans ce rôle de sorcière schizophrène. On attend avec impatience le moment où les pères et les mères éplorés feront la peau à la vieille bique. L’esthétique du film rappelle le cinéma fantastique de l’Europe de l’Est avec ces décors et costumes pas très orthodoxes (jeu de mots laid). Un très bon cru.
La Fille de Jack l’éventreur, réalisé par Peter Sasdy, avec Eric Porter, Angharad Rees, Jane Merrow…
Le docteur John Prichard (Eric Porter) recueille Anna (Angharad Rees), témoin du terrible meurtre de la médium pour laquelle elle travaillait. Rapidement, il se rend compte que, suite à un traumatisme, la jeune fille développe des troubles du comportement qui fascinent le psychiatre. Quinze ans auparavant, Anna a assisté à l’assassinat de sa mère par son propre père, le célèbre Jack l’éventreur. En proie à ses démons, la fille perpétuerait-elle l’héritage du tueur ? A moins que la vérité soit bien pire encore !
La Fille de Jack l’éventreur ! Ouch ! On peut avoir peur. Comment une telle idée a-t-elle pu germer ? Et pourquoi pas la petite cousine de Frankenstein ! Eh bien que nenni ! Laissez-vous prendre au jeu des apparences. Arpentez les rues malfamées de Whitechapel et partez à la rencontre de sa populace. Rencontrez l’enfant du Mal au cœur de Londres.
Les décors soignés font pour beaucoup à l’ambiance so british. Eric Porter et Angharad Rees s’amusent comme des petits fous. Ils sont aux limites du cabotinage mais tellement bons ! Le film ne laisse aucun répit. Encore une réussite.
Le Cirque des vampires, réalisé par Robert Young, avec Adrienne Corri, Anthony Higgins…
XIXe siècle. Les habitants d’un petit village exécutent le terrible comte Mitterhaus qu’ils soupçonnent de vampirisme. Dans son dernier souffle, la créature leur lance une malédiction. Quinze ans plus tard, alors que le village est décimé par une épidémie, un cirque vient distraire la population de ses malheurs avec de fabuleux spectacles de métamorphoses. A la nuit tombée, clowns, acrobates, femmes-léopards commencent leur numéro, mais le public ignore tout de l’horrible dessein qui se trame en coulisse pour le village maudit…
Le Cirque des vampires exhale toute la poésie horrifique du studio Hammer. Une folie cathartique qui sonne comme des adieux. En effet, encore quatre années, une poignée de longs-métrages et le studio fermera bientôt ses portes. Si le film ne manque pas d’ambitions formelles, le scénario n’est pas très clair. Voire un peu bancal. On ne sait pas si l’origine du problème vient de coupes franches ou de raccourcis malheureux. Je penche plutôt vers la deuxième solution. Mais l’ambiance unique, presque malsaine, nous fait oublier la narration un poil confuse. Tim Burton serait le réalisateur parfait pour un remake. Voilà un barnum jubilatoire.
Hammer : le coffret de tous les cauchemars, disponible en coffret DVD chez Elephantfilms.