Les Merveilles, d’Alice Rohrwacher

 

La Ferme des célébrités

Les Merveilles, d'Alice RohrwacherAlice Rohrwacher présente son second long-métrage en compétition à Cannes cette année. Cette diplômée de lettres et de philosophie s’était intéressée dans Corpo celeste – son premier film réalisé en 2011 et présenté à la Quinzaine des réalisateurs – à l’éducation et au rapport à la religion. Les Merveilles prend la suite en zoomant sur les relations familiales, la transmission et le rapport à la nature. Si ce second film conserve une approche presque documentaire (voir notamment les jolies séquences dédiées à nos amies les abeilles), il propose un récit plus étrange et plus poétique que Corpo celeste. C’est l’histoire de Gelsomina (Maria Alexandra Lungu, potentiel prix d’interprétation féminine) qui vit avec ses parents et ses trois jeunes sœurs dans une ferme vétuste de la campagne italienne. Ici, on produit du miel, prône le retour à la nature loin de la société de consommation. Mais la routine de la petite tribu se retrouve chamboulée par un double événement : l’arrivée de Martin, un petit délinquant placé, dans le cadre d’un programme de réinsertion, dans la ferme ; et le tournage, à proximité, d’un jeu de télé-réalité (Le Village des merveilles) qui s’attaque de façon très caricaturale aux richesses régionales. Très naturaliste, Les Merveilles est avant tout l’histoire d’une famille dysfonctionnelle au temps du déclin rural et de la perte des identités régionales. Souvent long et creux, le film s’autorise quelques séquences étrangement belles et offre de beaux moments de tension entre une fille et son père, filmant la révolte naissante. Ni plus. Ni moins.

 
Les Merveilles (La Meraviglie) de Alice Rorhwacher, avec Maria Alexandra Lungu, Sam Louwyck, Alba Rorhwacher, Sabine Timoteo, Agnese Graziani, Monica Bellucci… Italie, 2014. Grand Prix du 67e Festival de Cannes.