Plateau télé : semaine du 10 février 2013

 

The End - Le film est finiOn est cœur de l’hiver, on n’en peut plus et la neige est de retour. Un moment normalement idéal pour passer ses soirées devant la télé. Mais voilà, la Télévision française, dans son ensemble, a décidé que nos neurones n’étaient plus en état de marche, et les meilleurs films ne sont diffusés qu’en VF. On boude.
 

Dimanche 10 février

Le Come-Back, de Marc Lawrence – 20h45 – France 2
Public Enemies, de Michael Mann – 20h45 – France 4
La Chute, de Oliver Hirschbiegel – 20h50 – HD1

Certains chez Grand Ecart désapprouvent, et savent que je défendrai Le Come-Back jusqu’au bout, mais voilà, France 2 nous inflige la VF. Par conséquent, contentez-vous du pré-générique en forme de parodie de tous ces merveilleux groupes des années 1980, chantonnez Pop ! Goes my Heart, et abandonnez à regret cette bluette en forme de psychanalyse pour un Hugh Grant dans le rôle d’une ancienne idole, lui-même enfermé dans ce personnage vieillissant du beau gosse-gendre idéal-star des années 1990.

Pendant ce temps, Michael Mann joue encore et toujours avec les codes du film noir et remet au goût du jour les grandes figures de l’Amérique. Avec Public Enemies, il livre une version du film de gangsters loin des images d’Epinal, sans manichéisme. On y célèbre ici l’élégance des méchants, et la soif de pouvoir des gentils. Et puisqu’il est aussi question de cinéma, Michael Mann invite à la réflexion sur la figure même du gangster, mythologie des années 1930, comme les acteurs ont pu le devenir par la suite.

C’est également diffusé en VF, mais il y a un défi dans La Chute, qui ne prendra que quelques minutes : tenter de prendre au sérieux la scène du bunker, depuis ultraparodiée sur les internets à la moindre occasion.
 

Lundi 11 février

Les Evadés, de Frank Darabont – 20h50 – W9
La Ligne verte, de Frank Darabont – 20h45 – TMC
Seven, de David Fincher – 20h50 – D8
L’Affaire Dominici, de Claude Bernard-Aubert – 20h50 – Arte

A croire que Frank Darabont est mort récemment puisque la TNT (W9 et TMC) tentent de rendre hommage au réalisateur, né, tenez-vous bien, à Montbéliard. Si, si. Mais, certainement pour saluer ses origines, ce n’est qu’en VF que l’on aura le droit de se plonger dans son univers carcéral, dont on s’évade – comme le spoile subtilement le titre français de The Shawshank Redemption – ou dont on fait des histoires à dormir debout – merci Stephen King, auteur du livre dont La Ligne verte est adapté.

En VF toujours, D8 (qui devait, rappelons-le, révolutionner la télévision gratuite sous le parrainage de Canal+) nous soumet au supplice de devoir ne pas regarder Seven au-delà de son générique, modèle indépassable du genre.

On se rabat donc sur L’Affaire Dominici, pour Jean Gabin. L’affaire est complexe, le film un peu moins. Mais lui, Gabin-Dominici, incarne à la fois l’obstination et le mystère d’une histoire qui a passionné la France des années 1950.
 

Mardi 12 février

Les Simpson, le film, de David Silverman – 20h50 – W9
Big, de Penny Marshall – 20h45 – Gulli

Il est rare que le passage d’une série au format grand écran soit une réussite. Ce Simpson, le film est donc un épisode des Simpson, la série, où tout est à l’échelle du grand écran. Par les agissements d’Homer, Springfield n’est plus, et Marge décide de partir pour de bon. L’humour est toujours là, bien présent, dans sa richesse et sa diversité, sans s’essouffler dans la longueur ni verser dans le best of de la série. Une performance.

Et pour se prendre un petit coup de vieux, on pourra jeter un œil sur Big, sur Gulli (donc en VF…), et s’apercevoir que le point de vue du spectateur change avec le nombre des années. Finalement, on les comprend, ces adultes un peu désarçonnés par cet ado de 30 ans. Tout arrive.
 

Mercredi 13 février

Ma vie en l’air, de Rémi Bezançon – 20h50 – France 4

D’ailleurs, les trentenaires et leur peur de grandir, ça continue avec Ma vie en l’air et un Vincent Elbaz en sorte de Bridget Jones masculin confronté à sa peur de l’avion, et donc de décoller. Le premier film de Rémi Bezançon, qui transformera l’essai avec Le Premier Jour du reste de ta vie.
 

Jeudi 14 février

Ceux qui restent, d’Anne Le Ny – 20h45 – France 3
Pour un garçon, de Chris et Paul Weitz – 20h45 – 6ter

Anne Le Ny, comédienne affectée aux seconds rôles savoureux (Le Goût des autres ou Intouchables), passe au premier plan en signant sa première réalisation, à l’image qu’on avait d’elle : sensible, touchante, avec un brin d’humour. Pour s’attaquer aux délicats sujets de la maladie et la mort, elle n’y va pas de manière frontale et lacrymale. Ce qui l’intéresse, ce sont les autres, Ceux qui restent. De l’hôpital, on voit peu. De la souffrance de ceux qui sont obligés d’y graviter, beaucoup. Anne Le Ny offre un écrin à ces sentiments tus, coupables. Avec force.

Comme on a commencé la semaine frustrés avec un Hugh Grant en VF, on termine avec le même Hugh Grant, toujours en quête d’une nouvelle image. Dans Pour un garçon, il s’est coupé les cheveux, et joue enfin un type détestable. Héritier, glandeur, égoïste et cynique, il voit sa petite vie tranquille bouleversée par l’intrusion d’un gamin paumé, en quête de repères, et il faut le dire, un peu flippant. Adapté du roman de Nick Hornby, Pour un garçon est le reflet de la sensibilité amusée de l’auteur de High Fidelity, chroniqueur juste des solitudes londoniennes.

Enfin, c’est la Saint-Valentin, et TMC a cru bon de diffuser, en VF qui plus est, Valentine’s Day, insipide film choral de Garry Marshall. Mais à la Saint-Valentin, on se refait plutôt l’incontournable combo Nuits blanches à Seattle-Elle et lui en rêvant d’être sur le toit de l’Empire State Building.