Plateau télé : semaine du 7 juillet

 

J'aime ma téléLes grilles d’été font leur apparition, petit à petit, sur le petit écran. On n’en est pas encore aux Max Pecas et aux Gendarmes, mais M6 et W9 dégainent déjà les Astérix (les deux meilleurs, Astérix et Cléopâtre et Astérix chez les Bretons, passent cette semaine). France 3 se met à passer deux films par semaine, mais ne cède toujours pas au sirènes de la VM. Ce qui est bien dommage concernant le mélo ultime, Out of Africa. On se console avec les débuts de Bérénice Béjo, par le visionnaire Gérard Jugnot qui la voyait déjà Meilleur espoir féminin au siècle dernier, en 1999. Pour le reste, on commence à taper dans les vieux catalogues – ou le catalogue des vieux –, on célèbre le Tour de France, la paresse, et la plage. Bref, c’est l’été.
 

Le Cercle rouge, de Jean-Pierre Melville – dimanche, 20h45 – France 2

Avant-dernier film de Bourvil – dont on se souvient qu’il chanta La Tactique du gendarme sur le tournage de la dernière scène –, et de Melville, Le Cercle rouge est crépusculaire. Quintessence du cinéma de Melville, maître du polar, il met en scène la rencontre de truands et de flics alcoolique ou solitaire. Un monde noir où tous les hommes naissent innocents, mais ça ne dure jamais longtemps… Melville prend son temps. Etire ses plans et ses séquences sans dialogue (celle du braquage s’étale sur près de 25 minutes… mythique !). Plus qu’un polar, Melville signe ici une véritable tragédie. Des personnages désespérément seuls dans des décors fantomatiques et froids. Des trenchs et des chapeaux, des moustaches et des mallettes, comme autant d’emblèmes. Il n’existe plus que les codes et des personnages désincarnés, avant leur chute inexorable. Une armée des ombres…
 

Le Vélo de Ghislain Lambert, de Philippe Harel – dimanche, 20h45 – Arte

Vendu comme une comédie, il ne faut pas se méprendre. Le Vélo de Ghislain Lambert, malgré la présence de Benoît Poelvoorde et son talent pour le ridicule et le burlesque, c’est un portrait, dur et pathétique, du cyclisme. Les entraînements dans la nuit et sous la pluie. Les courses dans les bleds paumés. Les récompenses ridicules. La solitude. La violence des échanges. La compétition, au sein même d’une équipe. Les courses – et les effets du dopage – sont filmées avec tout le dynamisme et l’énergie nécessaires, dans un univers fluo. Mais, de retour à l’hôtel, tout est calme et beigeasse. Philippe Harel plante sa caméra dans l’envers du décor, et signe un film sur la désillusion.
 

Les Herbes folles, d’Alain Resnais – dimanche, 23h – France 2

Alain Resnais, qui n’a plus rien à prouver, consacre la fin de sa carrière à la fantaisie. Il réunit au casting tous ses acteurs fétiches et les met en scène dans une ronde absurde, surréaliste et légère. Séduction et dialogues savoureux, personnages irascibles ou dévoués (ou les deux), et… les cheveux de Sabine Azéma. Tout concourt à rendre ces herbes vraiment folles. En tout cas dans la première partie, avant qu’une certaine convention ne vienne rattraper Alain Resnais. Mais rien que pour cette première bouffée d’air frais, assez surprenante, on se laisse porter par la douce drôlerie de l’aventure.
 

Alexandre le bienheureux, d’Yves Robert – mardi, 20h50 – HD1

Juste avant mai 68, Yves Robert signe une charge contre le travail et les obligations de la société. Un beau jour, à la mort de sa femme qui le tuait à la tâche, Philippe Noiret, le rêveur Alexandre, décide de ne plus quitter son lit, et de se consacrer entièrement aux plaisirs du sommeil et de la bonne bouffe, soufflant ainsi un vent de rébellion dans un petit village de campagne. Eloge de la paresse, de la liberté retrouvée, de la nonchalance et de la rêverie, Alexandre le bienheureux est parfait pour ce début d’été. Il ravive l’envie de se défaire des obligations, et célèbre les plaisirs simples.
 

Copacabana, de Marc Fitoussi – mercredi, 20h50 – Arte

Choc des conventions, toujours, avec Copacabana, qui voit l’affrontement entre une fille bien rangée et sa mère, qu’elle juge trop délurée. Isabelle Huppert apporte toute la folie dont elle est capable à ce rôle, face à sa fille, pour de vrai, Lolita Chammah. Quand elle tente de la rassurer en trouvant un vrai travail, c’est à une arnaque qu’elle participe, en vendant des appartements en multipropriété à Ostende. Même rangée, dans un univers de l’immobilier austère et trop cadré – incarné par Aure Atika en working girl sans pitié – l’air de la Belgique et du large insuffle à Huppert un certain anticonformisme, des envies de rébellion contre le système dans lequel elle est entrée. Finalement jamais dans le cadre, elle s’en sort quand même, grâce à la fantaisie que d’autres ont rangé au placard.

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