Plateau télé : semaine du 30 juin

 

La télé resserre les liens familiaux...On s’approche à grands pas du 14 juillet, le Tour de France est parti : c’est le temps du chauvinisme. Cette semaine, quasi uniquement des films français. Pour expliquer à tous ceux qui le dénigrent, qu’il y a des choses intéressantes dans le cinéma français. Et pour apporter un petit soutien à une industrie en pleine tourmente puisque l’extension de la convention collective, qui devait être appliquée le 1er juillet, n’en finit plus de déchirer la grande famille du cinéma autour des grandes questions des conditions de travail et de leurs répercussions sur le financement des films. Parce que l’art, c’est bien joli, mais faut bien bouffer, voyez (pour résumer).
 

Le Journal d’une femme de chambre, de Luis Bunuel – lundi, 20h50 – Arte
Dans l’oeil de Bunuel, de François Lévy-Kuentz – lundi, 22h25 – Arte
Viridiana, de Luis Bunuel – lundi, 23h20 – Arte

On commence avec Bunuel – à qui Arte consacre un cycle de sept films – et les débuts de sa période française avec Le Journal d’une femme de chambre, qui comporte déjà tous les éléments chers au réalisateur espagnol : une critique acerbe de la bourgeoisie, avec un pincée de fétichisme, de subversion et de perversion – de préférence sexuelle(s). Adapté du roman d’Octave Mirbeau, Le Journal d’une femme de chambre suit les ambitions de Célestine (Jeanne Moreau), au service d’une famille bourgeoise qu’elle tente de manipuler sans y laisser trop de plumes. Il y a des maniaques du rangement, des fétichistes de la bottine, des hommes violents, un meurtre et une machination vaine. C’est sulfureux et passionnant. Du coup, comme on est bien parti, on enchaîne avec un documentaire sur Bunuel, un portrait par ses proches, catalogue de ses obsessions, agrémenté d’interviews et d’images de tournage. Alors, on est prêt pour Viridiana, censuré en Espagne jusqu’à la mort de Franco malgré sa Palme d’or. Il y est question d’une femme qui, se sentant responsable du suicide de son oncle, renonce à rentrer dans les ordres, et éprouve son rapport à Dieu à travers la charité, et le contact humain le plus brut. Bunuel rejoue la Cène, et, selon le Vatican, blasphème à tout-va, le tout sur Le Messie d’Haendel.
 

Je pourrais être votre grand-mère, de Bernard Tanguy – lundi, 1h05 – HD1
Le Mozart des pickpockets, de Philippe Pollet-Villard – lundi, 1h25 – HD1
Tony Zoreil, de Valentin Potier – lundi, 1h55 – HD1

Pour les insomniaques, ou pour ceux qui en ont encore l’usage d’un magnétoscope, un petit détour par la case court-métrage, toujours recalée à des heures indues. Et pourtant, on parle ici de courts-métrages à la classe internationale puisqu’ils ont tous été récompensés dans les festivals. Le Mozart des pickpockets plane au-dessus du lot avec un Oscar, un César, un Lutin et deux prix à Clermont-Ferrand. Rien que ça. On se balade plutôt du côté de la rue, avec la rencontre entre un jeune avocat d’affaires et des SDF pour qui il écrit des pancartes qui rapportent (Je pourrais être votre grand-mère), un as de la fauche discrète à Barbès (Le Mozart des pickpockets), et une histoire d’amour originale entre gens à grandes oreilles (Tony Zoreil).
 

L’Effrontée, de Claude Miller – mardi, 20h45 – Numéro 23

L’été semble enfin arriver. Les ados vont passer du temps à glander, du bon ennui des campagnes comme on n’en fait plus. Charlotte Gainsbourg a 14 ans, et elle est incroyable. Gauche, mal assurée, mal dans sa peau, enthousiaste et méchante. L’adolescence, quoi. Avec ses hauts et ses bas, ses provocations et ses emballements, et ses désillusions. Tout (et tout le monde) a un peu vieilli, mais pas ce portrait de l’âge entre-deux, navigant entre le concerto pour piano de Mendelssohn et ce Sara perche ti amo entêtant.
 

Bancs publics, de Bruno Podalydès – mardi, 1h – France 2

De tous les films des frères Podalydès, Bancs publics n’est pas le plus réussi. Mais dans cette valse des personnages (86, quand même) qui se croisent le temps d’une journée bien remplie, on retient ce mystère (une banderole « Homme seul » accrochée à un balcon suscite toutes les théories), et le sympathique bordel d’un magasin de bricolage versaillais. Il y a un doigt de burlesque, des dialogues grotesques, et la poésie du détail. C’est joli et drôle, comme tout ce que font les deux frangins versaillais, quoique un peu inégal. Mais on leur pardonne.

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