Cette semaine, on aurait pu se perdre dans les méandres du cerveau de Terry Gilliam et Bruce Willis avec L’Armée des douze singes, rendre hommage à la classe de Tom Cruise et de Val Kilmer dans Top Gun, se révolter avec Braveheart et Ali, regarder d’un œil avec un certain flegme Mort sur le Nil ou L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, ou participer à une chasse à l’homme en compagnie de Jude Law dans Stalingrad. Mais tout cela étant diffusé en VF, il nous restera à nous plonger dans Au coeur du mensonge en Bretagne, à pleurer avec Dustin Hoffman et Meryl Streep en pattes d’eph, et à rendre hommage aux maîtres, Tarantino, Clouzot et Miyazaki. Finalement, ça va, il y a pire comme programme.
Au coeur du mensonge, de Claude Chabrol – dimanche, 20h50 – D8
30 ans après Que la bête meure, Chabrol revient en Bretagne pour une histoire de meurtre d’enfant. Mais cette fois-ci, ce n’est pas la vengeance du père et la froideur du monstre qui l’intéressent, mais la suspicion. Celle qui entoure le principal accusé, la rumeur qui court dans un petit village, et le doute et la distance qui s’immiscent dans un couple. « Pour réussir, un film, c’est pas compliqué, il faut mettre Jacques Gamblin dedans », me disait un ami pas plus tard qu’hier soir. Démonstration aujourd’hui avec ce personnage énigmatique et fascinant.
Sex Crimes, de John McNaughton – dimanche, 20h40 – Numéro 23
Ceux qui ont vu Les Diaboliques pourront passer leur chemin, tant ils verront clair dans ce qui se trame sous leurs yeux. Les autres pourront se laisser embarquer dans les méandres de la manipulation, entre les jalousies des uns et les ébats des autres, et inversement. Tout le monde accuse tout le monde, les morts disparaissent et réapparaissent, et le soupçon est généralisé entre Kevin Bacon, Matt Dillon, Denise Richards et Neve Campbell. On pourra aussi y lire une étude sociologique des années 1990, qui en étaient les stars, quelle en était la mode, quels en étaient les fantasmes. On pourra aussi revoir Les Diaboliques.
Jackie Brown, de Quentin Tarantino – mardi, 22h40 – D8
Parmi tous les genres auxquels Tarantino a rendu hommage, la leçon de cinéma cette semaine se penche sur la blaxploitation, avec la figure fière de Pam Grier – icône du genre et dont l’image alors qu’elle défile sur un tapis roulant est restée dans les mémoires – en hôtesse de l’air qui double tout le monde dans ses trafics de mallettes remplies de biftons. Sorti après Pulp Fiction, Jackie Brown a surpris. Plus linéaire, plus lent, moins violent (quoique). Tarantino prend son temps, et s’autorise bien sûr des digressions. Il fait dans le romantisme avec la relation entre Pam Grier et Robert Forster, n’oublie pas de s’en éloigner avec le couple Robert De Niro / Bridget Fonda, et n’évite pas les dialogues à n’en plus finir sur des détails comme sur des sujets essentiels de la pop culture. Reservoir Dogs et Pulp Fiction avaient imposé un style. Jackie Brown démontrait que Tarantino peut tout faire.
Kramer contre Kramer, de Robert Benton – mardi, 22h50 – HD1
Sortez les mouchoirs. On a beau trouver que cette histoire de divorce date un peu (la mère quitte enfant et mari, fatiguée de n’être que mère, pour retrouver la femme en elle ; le père, seul face à son gamin, sait à peine faire cuire un œuf, et découvre les joies de combiner vie de famille et vie professionnelle – ce qui, apparemment, est impossible dans le New York des années 1980), on marche toujours. Certainement grâce à Dustin Hoffman, à la fois drôle et émouvant, sans jamais tomber dans la mièvrerie, puisqu’il n’en a pas le temps, débordé et agacé qu’il est par son fils, têtu et renfrogné, ou par son boss, qui ne comprend pas qu’on doive aller chercher son gamin à l’école à 17h. Grâce aussi à Meryl Streep, dont on partage toutes les émotions, quelles qu’elles soient, dans n’importe quel film – même quand il s’agit de chanter à tue-tête en salopette, perceuse à la main, dans Mamma Mia !, c’est dire.
Ponyo sur la falaise, d’Hayao Miyazaki – mercredi, 20h50 – Arte
Hayao Miyazaki, sans qui, peut-être, l’animation japonaise serait restée confidentielle, tire sa révérence. Le vent se lève – à ne pas confondre avec Le vent se lève de Ken Loach – sort cette semaine, et restera comme son dernier film. L’occasion de revoir son précédent film, histoire de se mettre dans l’ambiance des adieux. La simplicité du trait et de l’animation, s’opposant ainsi aux exploits techniques toujours plus poussés de l’animation américaine, est au service d’histoires toujours magiques, et merveilleuses, où l’on traite, à hauteur d’enfants, des thèmes de l’écologie, de la tolérance, de l’amour ou de la féminité. Rien que ça.
Easy Money, de Daniel Espinosa – jeudi, 22h50 – Arte
A sa sortie, Mathieu Menossi conseillait déjà ce polar suédois asphyxiant et tendu. Séance de rattrapage.