Plateau télé : semaine du 15 décembre

 

Rien à la télé ?C’est la semaine des faux-semblants. Des angoisses masquées par l’humour ou par le clinquant, des mises en scène, des impostures, des flics assassins et des comiques désespérés. On perd ses repères et on avance sur le fil, parfois perdus entre réalité et fiction, entre représentation de soi et questions existentielles. Malheureusement diffusé en VF, nous privant de la réplique culte reprise dans d’innombrables films et séries « Toto, I’ve a feeling we’re not in Kansas anymore », Le Magicien d’Oz aurait été le parfait préambule à cette semaine. De l’autre côté de l’arc-en-ciel, la confusion entre rêve et réalité, et la quête, sous la brillance du Technicolor, d’un coeur, du courage, et d’un cerveau.
 

Diamants sur canapé, de Blake Edwards – dimanche, 20h45 – Arte

Audrey Hepburn, encore et toujours. Mais cette fois-ci, fini le portrait de la jeune femme sage et rangée. Blake Edwards bouleverse tout et met en scène cette jeune femme énergique et désinvolte, libérée et déconcertante. Avec une élégance bluffante, elle en est irrésistible. Le titre français, Diamants sur canapé, restitue les envies de luxe de son personnage, mais le titre original, Breakfast at Tiffany’s, y ajoute l’idée des lendemains de fête. Des lendemains pas toujours joyeux ni glorieux, mais masqués par la grâce de lunettes noires. Audrey Hepburn virevolte, cachant une certaine mélancolie derrière son long porte-cigarettes. L’énergie du désespoir, incarnée de la plus brillante des façons.
 

Buffet froid, de Bertrand Blier – lundi, 20h50 – Arte

Un couloir de RER, une tour de béton, des manteaux gris. Buffet froid est un film sombre. Mais le génie du Depardieu des années 1970, le cynisme de Blier père, la trouille de Carmet sous l’oeil affûté de Blier fils remplissent ces décors austères et vides de dialogues grinçants et de meurtres absurdes avec une froideur aussi drôle que terrifiante. Un enchaînement de situations rocambolesques prétexte à des observations détachées sur l’état du monde, la musique ou la campagne. Blier à son meilleur.
 

L’Autre Monde, de Gilles Marchand – lundi, 0h45 – France 2

Avec Dominik Moll, Gilles Marchand a signé les réussites des incursions du cinéma français dans le thriller, des films aussi noirs que lumineux, où les repères se brouillent. C’est aussi le cas de cet Autre Monde, où il est question, comme dans Harry, un ami qui vous veut du bien, d’une vie tranquille bouleversée par l’arrivée d’un personnage mystérieux, obscur et fascinant. Ici, Louise Bourgoin chamboule Grégoire Leprince-Ringuet. Une pointe de manichéisme et un monde virtuel un peu caricatural et trop présent, certes. Mais surtout un trouble palpable.
 

Man on the Moon, de Milos Forman – mercredi, 20h50 – Arte

Il y a quelques semaines, une rumeur a parcouru Hollywood. Andy Kaufman – dont Milos Forman livre ici le biopic – ne serait pas mort. Une mise en scène de plus de la part du roi du canular et des fausses identités pour fuir la célébrité, et poursuivre une vie tranquille avec femme et enfants. Une histoire incroyable, finalement démentie par le frère d’Andy Kaufman, mais qui donne une furieuse envie de revoir ce Man on the Moon, dont REM signe la musique. Le portrait d’un personnage hors norme, auquel la fantaisie parfois inquiétante de Jim Carrey donne toute sa dimension. Celle d’un homme trouble, amuseur public dont la boulimie de travail traduit une angoisse existentielle, spécialiste des canulars à la limite de la perte entre fiction et réalité. Un funambule toujours sur le point de perdre l’équilibre.

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