Souvenirs de toiles de Jango Edwards

 

Jango Edwards à la Nouvelle SeineJango Edwards… il a tous ses doigts mais n’est pas guitariste. Rendu célèbre pour ses frasques sur le plateau, entre autres, de Nulle Part Ailleurs, il est clown. Et ils sont suffisamment peu nombreux pour qu’on leur laisse la parole sur Grand Écart. Balade express autour des souvenirs de toiles de ce fou qui sévit pour quelques dates sur les planches de la Nouvelle Seine, au pied de Notre-Dame.

Si on vous dit cinéma et clown, quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit ?

Le rapport entre clown et cinéma s’établit souvent difficilement, sauf si le réalisateur, ou parfois le monteur, est lui-même un clown. Parce que la comédie et le clown sont difficiles à traduire en deux dimensions. Buster Keaton, Charlie Chaplin ou les Monty Python y parviennent, contrairement à Rowan Atkinson (Mr Bean), dont le comique ne fonctionne plus si vous enlevez les rires enregistrés.

Les réalisateurs les plus fous pour vous ?

Ate De Jong et Terry Gilliam.

Des films qui vous ont inspiré dans votre métier ? Pourquoi ?

Les Clowns de FelliniLes clowns, de Fellini. Parce que ce film présente les clowns comme une espèce en voie de disparition. J’ai eu la chance de devenir ami avec Fellini qui m’a présenté cette génération de clowns. Ces rencontres sont à l’origine de mon travail, ce que j’appelle le “Nouveau Clown”.

La Ferme Célébrités en 2005 ? Vous pouvez vous expliquer ?

Beaucoup de gens pensent que je l’ai fait pour l’argent, mais pas du tout : la cible de l’émission était la partie la plus modeste de la population française, ce public qui n’a pas les moyens de venir à mes shows. Mon idée était de les faire rire eux aussi, d’entrer en contact avec eux. Et aussi de créer des conflits, des confrontations, des provocations dans un type de programmes complètement formaté, sauf quand les artistes parviennent à le manipuler. Un jour, je raconterai toute la vérité sur cette histoire.

Plutôt Chaplin ou Buster Keaton ?

Plutôt Jango Edwards. L’idée, c’est de ne pas comparer les clowns : chacun d’entre nous est original et différent. Nous ne sommes pas assez nombreux, autant ne pas établir de compétition.

Est-ce qu’un clown pleure au cinéma ? Si oui, devant quel film, quand et pourquoi ?

Moi, en tant que clown, j’ai souvent pleuré au cinéma. J’ai pleuré passionnément pour Godzilla, un héros, le meilleur monstre de tous les temps. J’ai pleuré en voyant Le Secret de Brokeback Mountain parce que ça doit faire mal, la sodomie. J’ai pleuré en regardant Polar express parce que dans ma tête j’ai toujours 7 ans et je crois toujours au Père Noël. Et enfin, j’ai pleuré en regardant The Neverending Jango [Film en tournage sur la vie de Jango, ndlr] et je suis sûr que vous pleurerez aussi quand vous le verrez.

L’actrice que vous auriez aimé rencontrer ?

La CicciolinaDifficile de choisir, il y en a tellement. Mais si je dois vraiment me prononcer, je dirais la Cicciolina dans Fuck my Ass 2.

Le film le plus érotique ?

J’ai eu la chance de coucher avec beaucoup d’actrices de la génération qui m’a précédé, mais j’aurais bien aimé me taper Sophia Loren. Même si elle est quand même un peu trop petite.

L’époque Nulle Part Ailleurs, ça vous évoque quoi ? Vous pourriez refaire ce que vous y faisiez ?

En France, ma popularité est due au zapping. Que ce soit tiré de Nulle Part Ailleurs, Coucou c’est nous ou autre. Tout ceci correspond à des improvisations sur le moment. Aujourd’hui, après que j’ai refait Le Grand Journal, beaucoup de gens pensent que les choses étaient scénarisées, alors que ça n’a jamais été le cas. Je ne refais donc jamais rien. Cette époque sert de référence à de nombreux artistes en termes de provocation, mais ce type de provocation appartient au passé. Ce qui m’intéresse, c’est le risque. Et d’explorer toujours de nouveaux moyens d expression.

 
Jango Edwards est à la Nouvelle Seine du 12 au 22 juin 2014. Les jeudi, vendredi à 21h15 ; samedi à 21h ; dimanche à 18h.