The Sessions, de Ben Lewin

 

The Sessions, de Ben LewinTout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la vie sexuelle des personnes handicapées, sans avoir jamais osé le demander (ou l’imaginer), se trouve dans The Sessions. Les prudes Américains s’engouffrent comme personne dans le paradoxe. D’un côté, la violence au cinéma ne les rebute aucunement, mais qu’une bretelle de soutien-gorge apparaisse et la censure ne lésine pas sur les interdictions aux moins de 17 ans non accompagnés. Et puis, parfois, curieusement, les tabous se lèvent, les sexes se montrent et enfin le cinéma se fait vecteur de vie. Car c’est de vie dont il est principalement question dans The Sessions, biopic basé sur un article daté de 1988 de Mark O’Brian, qu’il écrivit lors d’une enquête sur la sexualité des handicapés qui comme lui, en étaient privés ou qui, au contraire, l’expriment pleinement, en dépit de leurs membres atrophiés, amputés ou paralysés. Mark, atteint de polio très jeune, a grandi dans un caisson protecteur, poumon d’acier qui l’éloigne de tout contact humain en dehors de ses soigneurs et des personnes qui veillent sur lui. La trentaine passée, le désir frustré et jamais consommé s’éveille, douloureusement, jusqu’à la découverte de l’existence d’une profession pas comme les autres : les thérapeutes sexuels. Et au cours de six sessions, Mark va ainsi, grâce à l’une d’entre eux, Chéryl, découvrir les choses du sexe et se déniaiser, mais également s’ouvrir non seulement au désir, mais aussi aux autres et à l’amour.
C’est à une véritable leçon de tolérance que le réalisateur Ben Lewin nous invite, brisant le tabou de la sexualité des personnes handicapées, chose encore tue dans notre pieux Hexagone. On se souvient encore de Roselyne Bachelot s’élevant fermement contre l’existence des thérapeutes sexuels assimilés bien trop facilement à de la prostitution. Les Etats-Unis, curieusement, sont plus ouverts sur la question. Et cette profession pas comme les autres est ici incarnée avec force, subtilité et conviction par la trop rare Helen Hunt qui dévoile ici son âme et son anatomie comme jamais. John Hawkes, remarqué récemment dans Martha Marcy May Marlene, livre une prestation toute en finesse dans le rôle du paralysé Mark O’Brian, alors qu’il ne peut composer qu’avec son visage. Sa prestation n’en est que plus impressionnante, même si peu évidente pour le spectateur qui doit passer une bonne partie de la projection en se déboîtant le cou, afin de profiter de la moindre nuance de son jeu horizontal.
The Sessions est une expérience unique de cinéma dont on ne ressort pas indemne. Elle est également porteuse d’espoir : si un homme handicapé de la tête aux pieds parvient à trouver l’amour et avoir une vie sexuelle épanouie, alors, pourquoi pas nous ?

 
The Sessions de Ben Lewin, avec John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy, Annika Marks, Blake Lindsley… Etats-Unis, 2012. Sortie le 6 mars 2013.