The Crack, d’Alfonso Acosta

 

The Crack, d'Alfonso AcostaEncore une maison. Encore une sombre forêt. Encore des enfants aux petits yeux vicieux (enfin, des jumeaux ici en l’occurrence). Encore une famille endeuillée… et un chien qui s’appelle Kevin. The Crack : la fissure… comme celle laissée par la mort d’un membre de la famille. Comme celle qui sépare deux frères. Comme l’impossible amour incestueux. Comme celle d’un crâne qu’on fracasse.

Le film est à l’image de son titre, dégoulinant de symboles et de parallèles. Et Alfonso Acosta d’aggraver son cas en usant d’un mode narratif éculé : les histoires à frémir que la tante raconte aux jumeaux le soir au coin du feu ne ressembleraient-elles pas comme deux gouttes d’eau à celle dans laquelle toute la petite famille semble embarquée ? Ah mais si, maintenant que vous me le dites !

Un brin prétentieux, The Crack emprunte au fatum de la tragédie grecque. Maladie, inceste, jalousie, solitude : la famille prise dans une spirale contre laquelle elle ne peut rien faire. Tout n’est pas toujours limpide dans ce scénario pourtant très linéaire. La figure de la tante dont on comprend si vite qu’elle est la sorcière des histoires qu’elle raconte ne semble avoir été inventée que pour créer un malaise que la mise en scène peine à installer.

Rechignant à couper son film, Alfonso Acosta prend le spectateur en otage de son décompte (Jour 1.. Jour 2… Jour 3… On croise les doigts pour que l’intrigue ne s’étale pas sur un mois), livre des scènes laborieuses telle celle, interminable, dite « du pneu qui s’enlise » (comble du suspense) et joue les prolongations dans un travelling final assez ridicule. Et là encore pompeusement symbolique.

Tout ça manque cruellement de rythme et de direction d’acteurs. Car oui, on allait oublier d’en parler : qu’est-ce qu’ils jouent mal, tous, et surtout les enfants.

 
The Crack (Resquicio) d’Alfonso Acosta, avec Diego Pelaez. Colombie, 2012.

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