Les Chevaliers du Zodiaque : la légende du Sanctuaire, de Keiichi Sato

 

… s’en vont toujours à l’attaque !

Les Chevaliers du Zodiaque : la légende du Sanctuaire, de Keiichi SatoOn est sans doute toute une tripotée de trentenaires bien tassés à avoir accueilli, l’œil humide et le poil hérissé, la nouvelle du retour à l’écran – le grand ! – de Seiya et ses potes tout bronzés Shiryû, Hyôga, Shun et Ikki. Ils étaient apparus pour la première fois sur nos téléviseurs un jour d’avril 1988. A l’époque, Dorothée et son Club faisaient la pluie et le beau temps au-dessus du paysage audiovisuel, catégorie « enfants et jeunes ados ». Que de mercredis après-midi passés et bercés au rythme de Colère du Dragon, de Chaînes nébulaires, de Poussière de diamant et autres Météores de Pégase. Le tout enrobé du générique VF signé Bernard Minet ! Quel plaisir, donc, de retrouver au cinéma, près de trente ans plus tard, les héros de Saint Seiya, titre originel du manga japonais signé Masami Kurumada dont fut tirée la saga télévisée plus connue, de ce côté-ci du globe, sous le nom des Chevaliers du Zodiaque

L’adaptation pour grand écran est signée Keiichi Sato, supervisée par Masami Kurumada lui-même et produite, bien entendu, par Toei Animation, le célèbre studio nippon à l’origine, notamment, du véritable tsunami animé qui avait inondé nos écrans cathodiques dans les années 1980-1990 : Goldorak, Dragon Ball, Sailor Moon et autre Albator qui a d’ailleurs lui aussi fait récemment l’objet d’un passage, plutôt mitigé, au cinéma. Et, à vrai dire, la sentence concernant cette version « 7e art » des Chevaliers du Zodiaque est à peu près du même acabit.

Toei Animation, studio aussi inventif que soucieux de faire son beurre, nous avait pourtant bien appâtés en choisissant judicieusement d’adapter ce qui demeure sans doute comme l’arc narratif favori des puristes, celui du Sanctuaire. Chapitre centré sur l’affrontement entre les Chevaliers de bronze et les redoutables Chevaliers d’or. Seiya et sa bande y ont fort à faire puisqu’ils sont chargés d’extirper la déesse Athéna, gardienne de l’équilibre, des mains du terrible Grand Pope, replié dans son Sanctuaire que les douze puissants Chevaliers dorés ont pour devoir de protéger… En soi, les fans avaient donc toutes les raisons de se réjouir. Restait simplement à savoir comment Keiichi Sato et Toei Animation réussiraient le tour de force de concentrer en 90 minutes un récit qui s’étale à l’origine sur 13 volumes de BD et plusieurs dizaines d’épisodes télévisés.

Eh bien, ce n’est pas vraiment ça. On esquisse certes un sourire complice au fil des rencontres avec chacun des personnages dont les caractères respectifs ont été préservés. Ainsi retrouve-t-on un Seyia-Pégase plus facétieux que jamais, un Shiryû-Dragon toujours aussi solennel, un Hyôga-Cygne neurasthénique à souhait, un Shuun-Andromède sentimental et délicat et son pendant fraternel, Ikki-Phoenix, bad boy un brin macho. Des signatures caractérielles bien tranchées, donc, et dont le mélange donne lieu aux quelques immuables traits d’humour plutôt réussis. Mais on regrettera simplement que cette réelle volonté de réincarner à l’écran nos héros casqués tels qu’on les avait laissés se voie délayée dans un graphisme « jeu vidéo » très décevant et un « trop-plein » narratif qui nous laisse au final la décevante sensation d’un joyeux bordel. On retiendrait bien, pour compenser, le travail de Keiichi Sato qui nous gratifie d’une réalisation plutôt inspirée avec, ici et là, quelques plans pas-piqués-des-hannetons-dis-donc. Mais cela ne suffit pas, malheureusement, à faire de ces retrouvailles le moment tant attendu.

 
Les Chevaliers du Zodiaque : la légende du Sanctuaire de Keiichi Sato, avec Kaito Ishikawa, Ayaka Sasaki, Kenji Nojima… Japon, 2014. Sortie le 25 février 2015.

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