Rush, de Ron Howard

 

Rush, de Ron Howard

Poussé par sa soif de raconter (ou d’argent), le cinéma s’empare de tous les grands mythes. Hier Claude François (Cloclo), Ip Man (The Grandmaster), Hannah Arendt ou même Ayrton Senna, c’est aujourd’hui à Lady Di (Diana) et à Niki Lauda de servir la cause du septième art. Niki Lauda, c’est le héros de Rush, ou l’histoire vraie de la rivalité sportive entre deux pilotes de formule 1. Si l’Autrichien Niki Lauda (ici incarné par le génial Daniel Brühl) et l’Américain James Blunt (contre toute attente, un Chris Hemsworth parfait) ont effectivement été au coude-à-coude lors du championnat du monde 1976, le mythe construit par Ron Howard doit beaucoup à l’écriture de son scénariste.

Débuter le film par la tragédie du 1er août 1976 – le terrible accident du pilote autrichien sur le tracé du Nürburgring – permettait d’ailleurs de laisser immédiatement libre cours aux grands thèmes qui allaient suivre : la rédemption, la rivalité qui évolue en fraternité, le courage (celui de perdre autant que de gagner) et la détermination. Un déroulement classique, qui aurait pu confiner à l’ennui, s’il n’y avait deux éléments forts : d’abord, le talent de Ron Howard pour filmer la puissance des courses auto des années 1970. Caméra embarquée, ralentis spectaculaires, sons tonitruants et images saturées de détails. Ensuite, celui qui avait commencé sa carrière de réalisateur avec Lâchez les bolides chez Roger Corman n’oublie pas pour autant de donner à ses personnages et son sujet une vraie épaisseur : le plus intéressant de Rush se trouve finalement dans ce qui se passe en dehors des courses automobiles. Le lien qui unit les deux héros, et surtout leurs relations aux autres, leur façon de voir un sport au succès grandissant, mais dont les normes de sécurité sont encore quasi inexistantes. L’approche saisit l’esprit libertaire – et suicidaire – de la F1 d’alors, ainsi que les motivations et les manœuvres d’écuries déjà rompues à l’art de lâcher les pilotes. Derrière cet amas d’effets visuels (le film sort également en 3D) et sonores plutôt agréables, Rush est un témoignage subtil de l’époque, servi par deux comédiens à l’indéniable talent.

 
Rush de Ron Howard, avec Daniel Brühl, Chris Hemsworth, Olivia Wilde, Alexandra Maria Lara, Pierfrancesco Favino. Etats-Unis, 2013. Sortie le 25 septembre 2013.