Robert Mitchum est mort, d’O. Babinet et F. Kihn

 

Affiche de Robert Mitchum est mort, d'Olivier Babinet et Fred Kihn“Je suis devenu acteur de cinéma… Je me suis dit que si Rintintin pouvait y arriver, ce serait du gâteau pour moi.”

Robert Mitchum


 

Alors, comme Robert, Olivier Babinet et Fred Kihn ont choisi de marcher sur les traces de Rintintin et de se lancer dans l’aventure du cinéma. Comme Robert, ils y sont allés avec cette même nonchalance insolente. Le résultat, un road trip illuminé enrobé de musique psychobilly qui nous balade entre cinéma de genre et séries B. Un film sous acide. Un film sous influences où l’on navigue entre l’esthétique de Jarmusch, l’absurde de Lynch et l’humour caustique de Kaurismäki. C’est d’ailleurs Timo Salminen, chef opérateur du cinéaste finlandais, qui s’est chargé de la photographie du film. De grandes étendues, des plans simples et contrastés. Une photographie toujours très humaine. Robert Mitchum est mort, c’est l’odyssée mélancolique de deux loosers à travers l’Europe, direction le Nord. Il y a Franky, un acteur raté à la gueule cassée – fantastique Pablo Nicomedes – et Arsène, son impresario brindezingue incarné par un Olivier Gourmet bien loin de ses habituels frères Dardenne. “Faut faire avec ce qu’on a, même si on n’a pas grand-chose”, lance-t-il à son jeune poulain dépressif. Avec l’énergie du désespoir, il l’entraîne alors dans un périple aux allures de rêve éveillé. Un voyage qui les mènera au-delà du cercle polaire, à la recherche d’un hypothétique réalisateur pour entamer une hypothétique carrière. Une fuite en avant vers le grand nulle part. Vers le rien où ils espèrent trouver tout. Comme un collage artistique en hommage à la mythologie de la culture américaine des années 1960-1970, Robert Mitchum est mort apparaît comme le manifeste d’un cinéma insaisissable à la poésie étrange. Sorte de projection de l’esprit à peine mise en forme, comme un enfant jetterait sur sa feuille blanche des formes et des couleurs, sans cohérence apparente, si ce n’est celle de faire quelque chose de beau.

Robert Mitchum est mort, d’Olivier Babinet et Fred Kihn. France, Belgique, Pologne, Norvège, 2010. En salle le 13 avril 2011.