Premier film d’un jeune Indien qui a décidé un jour de troquer son costume de banquier contre celui de réalisateur, Peddlers a été financé en partie grâce à un appel sur Facebook de la productrice. Sans autorisation de tourner dans la ville de Mumbai, cela coûtait trop cher. Un film fait avec des bouts de ficelle, instinctif et spontané.
Trois personnages, une ville, des rencontres. L’équation est simple, efficace. Une femme ingénue veut à tout prix gagner de l’argent. Un flic impuissant emploie de drôles de méthodes pour assainir la ville de la drogue. Un jeune un peu paumé erre de trafics en rapines. Ils se croisent. Se cherchent ou se fuient. Leurs vies se font et se défont sur un rythme haletant. A l’image de cette scène de course-poursuite hallucinante dans les rues de Mumbai, qui mérite à elle seule le détour. Une bande-son énergique ou mélancolique scande les mouvements des corps abîmés. Les caractères, travaillés avec beaucoup de précision et de profondeur, nous ébranlent. Le montage presque convulsif joue avec nos nerfs en livrant les informations au compte-goutte, tardant à révéler des failles ou des blessures intimes. Un film sombre dans une ville grouillante où tout est gris, le ciel comme les gens. Les couleurs semblent délavées, les êtres déjà fanés. Pourtant, dans ce marasme, reste une urgence à survivre. A vivre. Et un premier film audacieux.
Peddlers de Vasan Bala, avec Gulshan Devaiah, Siddharth Mennon, Kriti Malhotra, Nimrat Kaur… Inde, 2012. Présenté à la Semaine de la critique du 65e Festival de Cannes.
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