Looper, de Rian Johnson

 

Looper, de Rian JohnsonCommençons tout de suite par un bien mauvais jeu de mots : Looper est un film à ne pas louper. Voilà qui est fait et qui donne le ton. Celui d’un bon coup de tromblon bien de chez nous (du moins un chez nous de 2044) qui décime les indésirables du futur, envoyés par un terrible parrain de la mafia se faire éliminer dans le passé… Mais que feriez-vous si votre cible n’était autre que vous-même, avec trente ans de plus, la boule à zéro et la tête de Bruce Willis ?
Des voyages à remonter le temps, on en a déjà eu pléthore, avec plus ou moins de bonheur. Cultes et dans le haut du panier, nous avons du Retour vers le futur, du Terminator, de L’Armée des 12 singes, du Dead Zone… Si on mâtine le tout avec un brin de Matrix et d’Inception, on obtient un savant mélange de film de science-fiction qui émoustille et donne mal à la tête à la fois, remplissant tous les quotas : intelligence, humour, glamour, action, surnaturel, instants d’émotion, sous forme de montagnes russes. Car Rian Johnson, le réalisateur, prend tout son temps. Il alterne scènes trépidantes et haletantes et moments suspendus, entre le rêve et le souvenir, le présent et le passé. On suit à la fois les aventures de Joseph Gordon-Levitt, looper en quête de sa cible ratée et de Bruce Willis, parti à la recherche d’un enfant à dégommer sans pitié, car futur grand manitou aux pouvoirs télékinésiques fort dangereux pour l’humanité. D’où des scènes tantôt dérangeantes (des enfants à éradiquer pour notre « bien » à tous), tantôt émouvantes (ah, ce petit chenapan aux yeux globuleux est tout de même bien attendrissant lorsqu’il ne se met pas en colère en faisant voler des objets pointus un peu partout !). Si l’on a parfois la sensation qu’Arnold Schwarzenegger va débarquer à la recherche de Sarah Connor, les quêtes désespérées des deux protagonistes qui ne forment qu’un, captivent et se muent en un redoutable suspense. Si l’on retrouve un Bruce Willis toujours autant muni d’armes à feu et testéronisé, son désir de rétablir un futur décent pour retrouver son amour perdu, légitime presque les actes cruels qu’il est obligé d’accomplir. Quant à Joseph Gordon-Levitt, (plus ou moins bien) grimé en Willis au fur et à mesure, il acte une bonne fois pour toutes, pour ceux qui en doutaient encore, qu’il fait partie de la jeune génération hollywoodienne touche-à-tout, à l’évident charisme. Et puis, il porte tellement bien le blouson en cuir qu’on n’a qu’une seule envie, s’en procurer un à la sortie. Un futur immédiat tout aussi agréable que celui de fiction. Inloupable !

 
Looper de Rian Johnson, avec Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt, Paul Dano… Etats-Unis, 2012. Sortie le 31 octobre 2012.