Ini Avan, d’Asoka Handagama

 

Ini Avan de Asoka Handagama Vous reprendrez bien un peu de tragédie sri-lankaise ? En entrée, le réalisateur Asoka Handagama vous a concocté un ancien combattant de la fameuse guerre civile qui a meurtri tout le pays. Le seul à revenir vivant dans son village natal, mutique, les sens en éveil. C’est peu dire qu’il est haï d’emblée par tous ceux qui ont perdu un enfant au front et qui sont prêts à en découdre. En plat de résistance, rajoutons à ce valeureux guerrier éreinté, son amour d’avant le conflit, mariée de force à un vieillard qui décède d’ailleurs juste après l’avoir déflorée (ce qu’on appelle avoir la guigne). En guise de dessert, pimentons le tout par un coup du sort : notre valeureux héros (qui ne porte pas de prénom) s’engage sans le savoir dans des petits larcins de la mafia locale, avant de tomber dans un guet-apens qui flirte avec la mort. Vous obtiendrez ainsi un long-métrage aux images lancinantes et esthétiques, saupoudrées de personnage fâchés avec la vie et qui tentent de se reconstruire tant bien que mal, même si le destin semble sans cesse se jouer d’eux. Quelques lueurs d’espoir, tout de même, entre deux plans sur des palmiers et la mer au lointain. Des moments de danse façon Bollywood qui durent l’espace d’un instant, un personnage secondaire féminin auquel le protagoniste se lie d’amitié et qui, malgré sa vie pour le moins difficile, trouve toujours le temps de rire de la fatalité, des instants de grâce suspendus avant que la roue ne tourne à la défaveur de tous. La fin est suffisamment ouverte aussi pour projeter sur les héros un autre avenir que cette chape de plomb qui pèse sur eux à chaque plan. Ini Avan est un film rare car peu de longs-métrages sri-lankais parviennent dans nos contrées, témoignages d’une guerre civile peu cicatrisée qui continue de hanter tout un pays. Un drame qui touche au cœur par l’interprétation réaliste des comédiens, Dharshen Dharmaraj en tête, dans le difficile rôle d’un homme destitué jusqu’à son nom, qui lutte pour s’en sortir et qui choit pourtant dans chaque piège. Tout en se relevant, toujours plus fort. Une leçon de courage et d’humanité.

 
Ini Avan (Him, Here, After) d’Asoka Handagama, avec Dharshen Dharmaraj, Subashimi Balasubramaniyam, Raja Ganeshan… Sri Lanka, 2012. Programmation Acid Cannes 2012.

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