Trois classiques adaptés au cinéma

 

James Joyce, William Shakespeare, Arthur Conan Doyle. John Huston, Renato Castellani et Irwin Allen. Le premier est un chef-d’œuvre du cinéma, le deuxième un classique et le troisième l’hommage au cinéma de quartier. Retour sur trois classiques littéraires adaptés par des maîtres du septième art.
 
Gens de Dublin réalisé par John Huston avec Angelica Huston, Donal McCann, Bairbre Dowling ….

Dublin hiver 1904. Les vieilles demoiselles Morhan organisent comme chaque année une soirée de réveillon, où les esprits les plus brillants et fortunés de la ville se pressent pour profiter de l’ambiance joyeuse. Parmi les convives, Gabriel Conroy (Donal McCann), le neveu favori des hôtes fait une entrée remarquée en compagnie de sa magnifique femme Gretta (Angelica Huston). Mais l’insouciance du moment est bientôt troublée par la mélancolie profonde de Gretta, dont le fantôme d’une douloureuse passion est réveillé par les récits et les chants de la fête.
Gens de Dublin est tiré de la nouvelle The Dead issue du recueil Gens de Dublin du grand, très grand James Joyce. Cet ouvrage fait figure de référence quant à la description et l’analyse sociogéographique d’une ville au début du XXe siècle. Gens de Dublin est le dernier film du cinéaste John Huston. Souffrant, Huston dirigea depuis son lit, raconte la légende.
Gens de Dublin, de John HustonCe chef-d’œuvre, car il s’agit d’un « vrai » chef-d’œuvre, s’est inscrit au panthéon du septième art pour sa fin. Un épilogue d’une beauté absolue qui transperce le cœur.
Nous voilà embarqués au cœur d’une petite maison bourgeoise. Le cocher dépose les invités. Les ombres géantes caressent les murs et passent la porte. Tombe la neige. Les conversations polies hantent le couloir. Au 1er étage, résonne la voix de la maîtresse de maison soutenue par quelques notes de piano. Entre deux chants, le parquet supporte les danses de salon. Dans la salle à manger, la carcasse de l’oie rôtie trône sur la table. Les conversations s’animent et les souvenirs surgissent. Le pudding flambé renouvelle les amitiés. L’heure du départ approche. Et la fin, sublime.
Gens de Dublin, plus qu’aucun autre film, est le siège de la simplicité et de la complexité. Vous ne trouverez jamais d’autres conversations aussi banales et aussi profondes. Les mots du quotidien chargés de convenance racontent les histoires de chacun sans jamais rien dévoiler de l’intime. Jusqu’à l’épilogue.
Vous qui ne connaissez pas Gens de Dublin, chanceux que vous êtes ! Vous goûterez 1h19 de pureté cinématographique. John Huston possède ce génie des grands d’inventer chaque scène comme unique, dépendante de la précédente et qui appelle la suivante. Les acteurs et les actrices rivalisent de justesse.
Absolument recommandé.
Disponible en DVD dans la Collection des Maîtres « Cinemas Master Class ».
 
Roméo et Juliette réalisé par Renato Castellani avec Laurence Harvey, Susan Shentall, John Gielgud et Flora Robson…
Vérone. Lors d’un bal masqué, les jeunes Roméo et Juliette tombent éperdument amoureux l’un de l’autre, au mépris de la haine que se vouent leurs familles, les Capulet et les Montaigu. Le père de Juliette, afin de s’opposer à cette idée, organise l’union de sa fille avec le Comte de Paris. Dans le même temps, Roméo tue un Capulet, Tybald, pour venger Mercutio, son meilleur ami lors d’un duel. Alors que les noces de sa bien-aimée sont arrangées en toute hâte, il est poussé à l’exil, loin de Vérone.
Romeo and Juliet, de Renato CastellaniD’après les fans de Shakespeare, les vrais de vrai, les mêmes qui suivent Motorhead en tournée, ce Roméo et Juliette réalisé par Renato Castellani n’est pas la meilleure adaptation mais l’une des plus respectueuses. Je me garderais bien de vous pointer le film parfait, je n’en sais fichtre rien.
L’image restaurée vous transporte 500 ans en arrière à l’époque où les demoiselles et les damoiseaux s’amourachaient d’une œillade coquine couverts d’oripeaux feutrés à la mode de chez eux. Ce Roméo et Juliette-là n’est pas très rock and roll ! Il reprend l’intrigue sans jamais trahir l’esprit de la pièce, évite les digressions et se contente d’assurer au récit que les grands thèmes étudiés à l’école soient présents. Le film rassurera l’institution scolaire mais pas sûre qu’il suscite l’engouement de la nouvelle génération. Du moment que les salauds soient salauds, les amoureux amoureux et la tragédie tragique…
Un classique très plaisant à découvrir ou à redécouvrir.
Disponible en DVD et Blu-ray dans la Collection des Maîtres « Cinemas Master Class ».
 
Le Monde perdu réalisé par Irwin Allen avec Michael Rennie, Jil Saint-John, Claude Rains, Fernando Lamas…
Le professeur Challenger organise une grande expédition. Accompagné d’une équipe de scientifiques, il part en pleine jungle amazonienne pour explorer une plaine sur laquelle vivent encore des dinosaures.
Producteur et réalisateur, grand spécialiste du film d’aventures (Cinq semaines en ballon, Voyage au fond des mers, Perdus dans l’espace…), Irwin Allen est comme un poisson dans l’eau dans l’univers d’Arthur Conan Doyle. Le charme du film, un brin compassé (soyons honnêtes !), réside dans les expressions guindées et la prestance des interprètes toujours disposés à lever le sourcil dans un souci de coquetterie et de complicité. Jil Saint-John incarne l’aventurière de service qui désire s’incruster coûte que coûte dans l’équipe parce que les femmes, c’est comme ça, on le droit de chausser les bottes comme les hommes, c’est comme ça, pas la peine de le répéter deux fois. Un bon conseil, évitez de planter une amie féministe devant la télé, elle risque de défaillir ! Vous retrouverez cette méfiance machiste du héros dans Voyage au centre de la Terre. Sacrées bonnes femmes qui feraient mieux d’astiquer les fourneaux encrassés de gras !
Le Monde perdu, de Irwin AllenL’aventure, c’est l’aventure. Les expéditions à l’ancienne valent pour leur longue préparation et le mystère qui toujours s’épaissit. Aujourd’hui, le moindre satellite vous calcule l’itinéraire le plus difficile en deux temps, trois mouvements. Les mondes perdus ne le restent jamais longtemps avant d’être envahis de touristes, putes, chercheurs d’or, toxicos, trafiquants si chers à Bernard de La Villardière.
Le Monde perdu garde une belle intensité jusqu’aux premières découvertes. Ensuite, la tension se relâche, les nerfs lâchent, chacun y va de son couplet sur les intérêts à s’accaparer, ou pas, ce foutu nouveau monde. Dans le dernier tiers, on retrouve la magie qui hante les cités oubliées.
Un chouette film d’aventures à l’ancienne, plein de carton pâte et de bric et de broc.
Disponible en DVD et Blu-ray chez Rimini Editions.