Absolutely Anything, de Terry Jones

 

And Now for Something Completely the Same

Absolutely Anything, de Terry JonesAprès une reformation historique sur la scène de l’O2 Arena de Londres en juillet dernier, les Monty Python ne cessent de se rappeler à notre bon souvenir. Un brin de nostalgie sur leurs vieux jours, peut-être ? Il s’est passé 19 ans depuis le dernier film signé Terry Jones (The Wind in the Willows), et encore, il n’est pas sorti dans les salles françaises. Grande attente, donc, pour ce come-back, d’autant plus que tous les membres des Monty Python encore vivants donnent de leur voix. Dès le générique, proche de la Galaxy Song du Sens de la vie, on sait qu’on restera dans un univers connu, même si c’est pour déboucher au milieu d’un Conseil d’extraterrestres (doublés par les ex-Monty Python) résolu à trancher l’avenir de la Terre. Les confins de l’univers et la question d’une instance supérieure régissant la vie terrestre ont toujours été présents dans les œuvres de la bande de joyeux drilles. Il s’agit là de donner à un être humain lambda – Simon Pegg – le pouvoir de faire absolument tout ce qu’il veut (“Absolutely Anything”, donc). S’il utilise son pouvoir pour faire le bien, la planète sera sauvée, sinon, elle sera anéantie. Et les extraterrestres, aux prénoms féminins mais aux caractères proches de ceux qui leur prêtent voix (John Cleese, le chef un peu pédant, Michael Palin, la gentillesse même, etc.) ne sont pas très optimistes.

Absolutely Anything, de Terry JonesPour ces retrouvailles, Terry Jones ravit et déçoit à la fois. Amuse, mais ne surprend plus. La mécanique n’est pas rouillée, et l’humour, comme au bon vieux temps, absurde, imbécile et potache fait mouche. Même s’il repose essentiellement sur ce gag, répétitif sans être lassant comme tout bon running gag, de l’interprétation littérale de chacun des vœux de Neil, modeste enseignant qui traîne son ennui tout en essayant d’attirer l’attention de sa voisine. Il cause par inadvertance la mort de ses élèves ? Pas de panique. Que « tous les gens qui sont morts revivent », exige-t-il. Or, tous les gens qui sont morts – sans exception et ce depuis la nuit des temps, puisque Neil ne l’a pas précisé – revivent. Et ainsi de suite, avec plus ou moins de réussite, notamment du côté des effets spéciaux pas toujours utilisés à bon escient, jusqu’à ce que ce prof d’anglais apprenne à choisir ses mots plus soigneusement.

Là où Absolutely Anything déçoit, c’est qu’il utilise les mêmes ressorts qu’il y a plus de trente ans, donnant à cette nouveauté un air de déjà-vu. Exemple le plus flagrant : l’ami de Neil, qui voulait être idolâtré par une séduisante collègue, se retrouve être, à son corps défendant, l’objet d’un culte. Comme l’était Brian dans La Vie de Brian. La subversion et le discours politique en moins. Malgré les rires francs, le plaisir évident et partagé des retrouvailles – y compris avec Robin Williams, rarement aussi à sa place que dans le rôle d’un cabot –, Absolutely Anything n’amène jamais plus loin, et manque un peu de sel. Comme une bonne soirée avec de vieux amis, à rire d’anciennes aventures communes, sans avoir rien de neuf à se raconter. Un moment très agréable, et finalement pas si fréquent en comédie, mais qui colle un peu le bourdon tant elle rappelle que cette époque est révolue.

 
Absolutely Anything de Terry Jones, avec Simon Pegg, Kate Beckinsale, Rob Riggle… Angleterre, Etats-Unis, 2014. Sortie le 12 août 2015.