Humeur #2 : L’arrivée d’un train en gare de Cannes

 

La cérémonie d'ouverture du 68e Festival de CannesCa y est, cette fois c’est bien parti. On avait commencé dans le train à se remettre dans le bain en fixant d’un air intense et parfois décontenancé les grilles de projection, carnet à la main, tout studieux que nous étions, pour tenter d’organiser nos journées à venir. Une fois descendus du train et grimpés au quatrième étage sans ascenseur de notre résidence cannoise – avec vue sur les marches, mais celles de la gare, recouvertes d’un tapis rouge où les selfies sont autorisés – il a fallu récupérer les accréditations, râler sur le sac de festivalier édition 2015, manger, faire les courses au Monoprix au milieu des autres accrédités, organiser la répartition des lits. Bref, on avait déjà raté deux projections. Sans parler des derniers épisodes de Disparue sur France 2 – pas de spoiler en commentaires, merci. Pour le deuxième jour, on s’est franchement mieux débrouillés, variant les genres, les sélections et les expériences : Mad Max, L’Ombre des femmes, Tale of Tales, An, La Tête haute, Sleeping Giant, Notre petite sœur. On est passé avec aisance et bonheur des paysages désertiques australiens à l’art de déguster des dorayakis, on a exprimé nos désaccords sur les effets de la chirurgie esthétique sur Catherine Deneuve tout en étant bluffé par le talent d’Emmanuelle Bercot, envisagé de se plonger dans les œuvres complètes de Giambattista Basile – dont s’est inspiré Matteo Garrone – pour essayer d’y voir clair, réservé un billet pour l’Ontario – où repose le Sleeping Giant – tout en consultant les effets de l’hypnose sur le vertige, devisé sur la lâcheté des hommes en noir et blanc, et fait la promesse d’appeler plus souvent nos frères et sœurs alors qu’ils ne sont même pas au Japon. Pas forcément dans l’ordre qui était prévu, mais ne faisons pas la fine bouche. A propos, on a même pris le luxe de déjeuner à une table tous ensemble. Si on compte le fait que l’Internet de la location marche à la perfection, que le proprio nous a laissé du rosé et du Coca dans le frigo, et qu’on est tellement près du Palais qu’on n’a pas encore d’ampoules aux pieds, toutes ces réussites accumulées nous colleraient presque des angoisses à la Mad Max : que nous arrivera-t-il demain ?

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