Gérardmer 2016 : la vraie star du Festival, c’est lui

 

Festival de Gérardmer 2016Ca va faire quelques années qu’on vient écouter les discours de la cérémonie d’ouverture. Le maire adjoint Jean-François Duval remporte haut la main le titre de meilleur orateur gérômois avec des discours toujours plus philosophico-sentimentalo-ésotérico-historico-cinéphiles. Alors on partage avec vous sa dernière prouesse en ouverture du 23e Festival du film fantastique de Gérardmer.

 
“Bienvenue à toutes et à tous et en particulier, comme le montre l’affiche du 23e Festival international du film fantastique de Gérardmer, à ceux qui se perdent dans leur labyrinthe intérieur.
C’est-à-dire tout le monde…

Le labyrinthe… Il traverse le temps et l’espace ; la richesse de ce symbole est telle et ses mythes si variés qu’il nous faudrait plusieurs festivals pour en épuiser la substance. Restons dans le plus connu sans nous perdre dans ses variantes.

Le roi Minos doit vous rappeler quelque chose. Pour obtenir le trône crétois, il avait promis un sacrifice à Poséidon. Trône acquis, Minos choisit de ne pas immoler le magnifique taureau blanc prévu. Il aurait dû savoir qu’on ne finasse pas avec le pouvoir, surtout divin… Pour se venger, Poséidon inspire à Pasiphaé, la femme de Minos, la reine, une passion incoercible pour le taureau. Elle le drague en mini-jupe et décolleté qu’elle a d’ailleurs très avantageux. Echec total, le taureau la dédaigne : “Elle m’énerve cette haridelle à venir piétiner mon herbe ! Si elle insiste, je vais lui flanquer un coup de cornes quelque part, elle le remuera pour quelque chose !” Dédale, l’architecte du palais, appelé en sauveur, construit une vache en bois et peau dans laquelle Pasiphaé se glisse. Le taureau s’illumine : “Quelle belle génisse ! Quel poitrail ! Quelle croupe large et vigoureuse !” Sans temporiser, il chevauche l’ersatz gaillardement au grand plaisir de Pasiphaé. De cet accouplement monstrueux naît un être au corps humain et à tête de taureau, le Minotaure, que Minos fait cacher au fond d’un labyrinthe dont on ne peut sortir, toujours construit par Dédale. Pour nourrir le Minotaure, sont sacrifiés régulièrement sept garçons et sept filles d’Athènes. Un d’entre eux, bien de sa personne, sportif, courageux, mais aussi minet un peu bellâtre et un tantinet inconscient, Thésée, décide de supprimer le monstre anthropophage. Au passage, il séduit d’un coup de pectoraux, Ariane, fille de Minos et Pasiphaé, tue le Minotaure à mains nues et retrouve la sortie grâce au fil de la même Ariane qu’il a déroulé derrière lui.
Le muscle un peu primaire allié à la finesse féminine.
Pour toute reconnaissance, à peine sorti de Crète, Thésée largue Ariane sur la première île venue.

Bien mieux que les deux films sortis récemment, Labyrinthe et Labyrinthe 2 en 2014 et 2015, nous sommes, ici, capables de reproduire le mythe en le gérômoisant.

Tout d’abord, nous avons la chance de voir régulièrement Poséidon en vacances dans le lac. Il dit se reposer de la Côte d’Azur. Il est en location au plus profond vers Kattendyke. Notre club de plongée, les « Joyeux Têtards », le rencontre souvent.
Pour jouer le taureau, une vache de chez Laheurte habilement maquillée fera l’affaire.
Le labyrinthe, récurrent, c’est celui de l’organisation du festival, ses difficultés, ses contraintes matérielles et audiovisuelles, ses chausse-trappes, sa recherche de financement. Il faut en sortir pour le 27 janvier…
Pour cela, Thésée – Pierre Sachaux – se démène quotidiennement avec énergie et ténacité pour vaincre le Minotaure, chez nous à plusieurs têtes : commissaire aux comptes, commissions diverses de contrôle, Urssaf, impôts, etc. Une seule objection : le président n’a rien d’un minet.
Au festival, l’ingénieux Dédale est collectif ; c’est l’ensemble des bénévoles et des services techniques de la ville, qui organisent, construisent, planifient, improvisent, inventent, tous les jours pour votre confort. A la MCL, existent deux ateliers de couture : on y trouvera bien une Ariane avec une bobine de fil.
Enfin, pas de mythologie sans Dieux. Et il y en a au festival ; sous la protection tutélaire de Kronos, le créateur Lionel Chouchan, s’affaire les multiples dieux sponsors privés qui soutiennent le festival. Parmi les institutionnels, grands financiers, j’en citerai un seul, celui que je représente ici, Zeus, notre maire Stessy Polioukos, le protecteur de la cité depuis notre Olympe, le sommet de la tour Mérelle.
Vous l’avez remarqué, il manque une actrice pour le rôle de Pasiphaé. Malgré mes efforts, je n’ai pu la trouver à Gérardmer où ne règne que la vertu…

Si Claude Lelouch est partant, il n’y a plus qu’à tourner. En attendant, je vous souhaite un bon festival, sans obligation de fil d’Ariane, ou de file d’attente, pour trouver vos places dans nos salles obscures, qui n’ont d’ailleurs rien d’un labyrinthe. Très bon festival à tous.”

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