01/11-30/11 : 15e Mois du film documentaire

 

Le Mois du film documentaire fête ses 15 ans du 1er au 30 novembre 2014

15e Mois du film documentaireChaque mois de novembre, le documentaire se met en scène dans des lieux de diffusion habituels ou insolites, accompagné du réalisateur, du monteur ou de son/ses producteur(s). Autant de films, contemporains ou de notre patrimoine, pour raconter le monde. Narrations intimes ou témoignages collectifs, ces tranches de vie, d’histoire sont autant de regards singuliers à partager. Pour rappeler la diversité et la richesse de cette production, voici trois films en avant-première, à découvrir absolument.

Home Sweet Home de Nadine Nous
2013/ 52 min/ Coul/
Production : TS Production / Paris-Brest Productions / Umam Production

Nadine Nous, jeune Libanaise, vit à Paris mais revient à Beyrouth pour soutenir ses parents, qui lourdement endettés, doivent vendre l’école « La colline libanaise » créée en 1967 après la guerre des Six Jours. Au cœur d’un Beyrouth alors verdoyant, cet établissement propose, depuis sa création, un enseignement avant-gardiste à ses élèves où l’art a toute sa place, où le respect de chacun est enseigné. 2013, criblé de dettes, le père de la réalisatrice doit renoncer à sa passion d’enseigner et son parcours nous donne à voir l’évolution de la société libanaise depuis 50 ans. Les guerres qui recomposent les paysages et la société libanaise, crispent les communautés religieuses et donnent un pouvoir redoutable aux banquiers. Nadine Nous nous livre, ici, l’histoire de son pays et de sa famille avec humour et vérité. Elle fait le choix du combat sans oublier de rire des dérives de ce pays en reconstruction. Et tente de comprendre les choix de son père piégé par les réalités d’une société libanaise, mondiale dont le fonctionnement, lui, nous échappe. Tout en finesse, Home Sweet Home est un manifeste rythmé, tendre et tonique pour la tolérance, l’éducation et contre l’appétit féroce des banques.

Anaïs s’en va t’en guerre de Marion Gervais
2013/ 46 min/ Coul/
Production : Quark,TébéSud, Tébéo et TVR

Anaïs est jeune, jolie et râleuse. Elle est aussi rayonnante, drôle, courageuse et déterminée à faire de son rêve une réalité. A 24 ans, elle fait le pari de s’installer agricultrice en Bretagne pour semer et commercialiser herbes aromatiques et plantes médicinales dont elle dit qu’elles sont ses amies. Une administration trop tatillonne, une terre pauvre, une pluie battante, les soixante heures de travail hebdomadaire, rien ne l’arrête dans son élan. Elle aime planter, récolter et partager sa passion des odeurs. Elle a choisi cette voie pour sentir les arômes, être libre et « ne pas bosser pour des cons » malgré les revenus maigres que lui rapportent ses débuts. Nous suivons Anaïs à travers champs et au gré de ses rencontres dont on présage qu’elles sont importantes pour l’avenir de son activité. Son professeur Gérard qui sait l’apaiser et la remettre sur la voie de sa vocation en douceur, les mains plantées dans le sol. Ou encore le célèbre restaurateur Olivier Roellinger, touché par la passion de cette jeune agricultrice et soufflé par son exigence de qualité. Sans angélisme, ce documentaire est un hymne à la vie, celle que l’on choisit. Nous quittons Anaïs plongée dans ses pensées, face à la mer et à cet horizon large qui s’offre à elle. Un documentaire vivifiant et jubilatoire.

Lame de fond de Perrine Michel
2013/ 57min/ Coul/
Production : Hors saison (Paris)

Le spectateur ne sort pas indemne de ce documentaire hors-norme dont l’inventivité formelle révèle une intimité bouleversante et profondément dérangeante. Tout commence par la visite bucolique de la maison familiale à la campagne. A vendre… évocation de souvenirs heureux qui laissent, peu à peu, émerger les dérives d’une vie en communauté. La voix chuchotante de l’héroïne nous embarque dans ce drame familial sans que l’on sache vraiment où se situe la frontière entre vérité et délire paranoïaque. Lorsqu’elle nous révèle les secrets de cette enfance violentée, sa voix est recouverte par d’autres sons, d’autres paroles. Comme pour évoquer la difficulté de dire, de lever le voile sur les viols subis. Séparée de ses parents, elle s’enferme peu à peu dans des discours délirants qui l’amènent en hôpital psychiatrique. Un séjour juste esquissé par des échanges entre patients et équipe médicale que l’on entend de loin, par la lecture des comptes-rendus médicaux qui disent l’état de la narratrice. A l’écran, des pièces étroites, des couloirs obscurs qui évoquent le danger des huis clos. Les protagonistes n’apparaissent jamais à l’image. Ce documentaire, impressionniste dans sa forme, témoigne avec force du parcours d’une jeune fille malade de son histoire. Une narration puissante et maîtrisée qui nous laisse KO, comme submergé par une lame de fond.

» Plus d’informations sur le site du Mois du film documentaire

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