Miscellanée #11 : Valérie Mairesse et Andreï Tarkovski

 

Valérie Mairesse, Andreï TarkovskiSi Valérie Mairesse apparaît à beaucoup comme une équation difficile à résoudre, c’est bien en raison de la variable « génération » en fonction de laquelle l’actrice passa un jour du rang d’inconnue à celui de personnalité familière. Les plus jeunes et les plus vieux ont pu la découvrir au théâtre, et on leur pardonnera d’avoir un jour franchi la porte de ce genre d’établissement depuis longtemps démodé par l’invention du cinéma parlant en couleur. D’autres, entre deux âges, l’ont aperçue grâce au service public, où Laurent Ruquier lui offrit une chaise de chroniqueuse, laquelle jouxtait tantôt le séant de Gérard Miller tantôt celui de Steevy, ce qui force le respect.

Au cinéma, et en abondance sur la TNT, c’est dans Banzaï ou chez les Frères Pétard que certains l’auront appréciée, avec sa gouaille poissonnière qui en fit une Arletty eighties. Avec tout le respect que l’on doit à ces comédies populaires, il faut toutefois objecter qu’elles cachent un autre pan de la filmographie de Valérie, que les salisseurs de mémoire devraient un jour déterrer (mais pour prendre la pelle, encore faut-il se déboucher le nez).

Parce que Valérie Mairesse, elle a joué dans un Tarkovski. Et même pas un accessible, genre L’Enfance d’Ivan, mais un vrai film-somme (quand on dit “somme”, l’on pense “compendium”, hein, pas “roupillon”), et aussi le dernier du maître : Le Sacrifice. Connu des amateurs pour son impossible plan-séquence final, témoin de la virtuosité du réalisateur mais aussi de son hermétisme, Le Sacrifice voit Valérie Mairesse incarner l’une des domestiques de la maison isolée du monde où le film se déroule. Cela peut surprendre au milieu des longues contemplations, de la panique qui gagne la famille dépeinte, de l’hallucination vécue par le personnage principal, mais la comédienne s’intègre parfaitement à l’austère ballet qui se donne dans Le Sacrifice.

Ancienne comédienne chez Agnès Varda et Andreï Tarkovski, Valérie Mairesse s’est produite dernièrement au théâtre des Bouffes Parisiennes dans Pouic Pouic, pièce dans laquelle son personnage s’adresse à un poulet comme à un être humain. Valérie maître ès grand écart.