Sélection Westerns – Mordez la poussière ! #7

 

Allez hop, on ajoute un septième couvert au cycle « Mordez la poussière ! ». Pas ou très peu d’Indiens trucidés mais une tripotée de mauvais garçons et de péronnelles mal embouchées. Les trois westerns italiens, les meilleurs édités par Artus Films jusqu’à ce jour, sentent le soufre. C’est du brutal ! Sidonis Calysta continue d’étoffer un catalogue certifié depuis de longues années en « Haute Qualité Conquête de l’Ouest » : Quand siffle la dernière balle, Le Tueur du Montana, L’Implacable Poursuite méritent votre attention. Le thème récurrent s’appelle « Vengeance ».

 
Les Colts de la violence, d'Alberto CardoneLes Colts de la violence réalisé par Alberto Cardone avec Anthony Steffen, Gianni Garko, Erika Blanc…

Après avoir purgé une longue peine de prison pour un crime qu’il n’a pas commis, Johnny (Anthony Steffen) rentre chez lui. Il se rend vite compte que son frère, Sartana (Gianni Garko), est devenu un bandit redoutable à la tête d’une bande de pillards, dictant sa propre loi dans la région. Il a, de plus, fait sienne la femme que Johnny aimait, et couvre leur mère de bijoux volés. Johnny va barrer le chemin à Sartana et entreprendre sa vengeance fratricide.
Nom d’un petit bonhomme, que ce western est bonnard ! Johnny l’homme blessé, accusé à tort, ressemble à s’y méprendre au charismatique héros de bande dessinée Blueberry. Quelle allure ! Le port altier, droit dans ses bottes, il en jette. Quant à Sartana, mauvaise graine, corbeau de tempête (incroyable Gianni Garko), il endosse les oripeaux d’une ignominieuse ordure, un chef de clan sans foi ni loi. A tel point ignominieux que les producteurs dédieront à la gloire du salaud une série spéciale intitulée « Sartana ». Les Colts de la violence, il est assez rare pour le souligner, dégage le parfum de l’aventure et du mystère. Quand ils ne sortent pas de leur repaire pour racketter des villageois pauvres comme les pierres, Sartana et ses sbires hantent les vestiges d’une cité inca. Johnny, lui, recherche le traître qui l’a envoyé en prison. La mère, une vieille saoularde barbue, refuse que ses lardons en viennent aux mains, au grand dam des habitants.
Un scénario basique mais rudement efficace. Une photo crépusculaire. Les décors travaillés (je me surpris à penser à ceux du Bal des vampires) flattent l’œil. Les acteurs impliqués et dirigés de main de maître ne laissent jamais insensibles. En tout cas, il y a fort longtemps qu’une production italienne ne m’avait pas autant scotché. Un trip visuel. Envoûtant. Très recommandé.
Disponible en DVD chez Artus Films.

 
Killer Kid, de Leopoldo SavonaKiller Kid réalisé par Leopoldo Savona avec Anthony Steffen, Fernando Sancho, Luisa Barratto…

Lors de la révolution mexicaine, des trafiquants américains pillent l’armée pour revendre les armes aux révolutionnaires, commandés par Vilar (Fernando Sancho). Pour arrêter ce trafic, l’état envoie le capitaine Morrison (Anthony Steffen), en le faisant passer pour le bandit Killer Kid. Mais devant les atrocités commises par l’armée, Morrison se range du coté des Mexicains, et tombe amoureux de la belle Mercedes, une des chefs de la révolution.
Killer Kid, moins ambitieux que Les Colts de la violence, tire sa force d’une intrigue maline où le héros et l’anti-héros changent de camp au gré des intérêts locaux et des enjeux nationaux. La guerre sert de prétexte à condamner les uns et les autres pour leurs décisions borderline et leurs combines intéressées. Le défilé de gueules patibulaires met en joie. L’exubérance assumée des interprétations donne du jus aux séquences plus calmes.
Disponible chez Artus Films.

 
Bandidos, de Massimo DallamanoBandidos réalisé par Massimo Dallamano avec Enrico Maria Salerno, Terry Jenkins, Venantino Venantini…

Richard Martin (Enrique Maria Salerno), un remarquable tireur, se fait attaquer par des bandits à la solde de Billy Kane (Venantino Venantini), qui a jadis été son élève. Billy lui laisse la vie sauve, pour ne plus rien lui devoir, mais meurtrit ses deux mains. Richard se retrouve comme une moitié d’homme, et devient alcoolique. Pour assumer sa vengeance, il décide de former un nouvel élève : Ricky Shot.
Un bon vieux western de vengeance, voilà ce qu’est Bandidos. Une nouvelle fois je joue au perroquet mais les fondus de Quentin Tarantino (période Django) prendront leur pied devant ce bijou italien où l’outrance est saluée comme un art de vivre et comme une preuve de bon goût. Une telle veulerie générale remonte le moral. Bandidos remplit sa mission de western craspec. Enfin du cinoche cathartique et décomplexé.
Disponible en DVD chez Artus Films.

 
La Taverne du Cheval Rouge, de Charles LamontLa Taverne du Cheval Rouge réalisé par Charles Lamont avec Rod Cameron, Yvonne De Carlo, Andy Devine…

Accusé d’un meurtre dont il est innocent, en fuite, l’évadé Johnny Hart trouve refuge dans la Taverne du Cheval Rouge, un cabaret tenu par l’irascible et impétueuse Lorena Dumont. A peine se sont-ils rencontrés que Johnny et Lorena se marient… Ce qui n’empêche pas cette dernière de livrer son mari au shérif ! Quand, six ans plus tard, il sort de prison, Johnny entend bien demander des comptes à son épouse qui lui apprend qu’il est le père d’une petite fille que kidnappe bientôt Blackie, un rival et le responsable de tous ses malheurs…
Tourné en 1945 par un tâcheron prolifique (Charles Lamont enquille pas moins de 250 films en 35 ans de carrière), La Taverne du Cheval Rouge sent la vieille armoire de campagne entretenue à la naphtaline. Pour être poli, il a mal vieilli. Le scénario (pas crédible pour un sou) accumule les poncifs concernant les rapports entre les hommes et les femmes. Mais, car il y a toujours un « mais », le Technicolor mérite mille fois le visionnage – la version Sidonis est d’ailleurs à tomber de beauté. Que la montagne est belle ! On y admire l’Amérique des Rocheuses d’il y a soixante-dix ans.
Yvonne De Carlo porte joliment la culotte quand elle ne distribue pas des baffes à qui l’approche de trop près. Inquiet, Rod Cameron fronce les sourcils. Amusé, Rod Cameron fronce les sourcils. Attendri, Rod Cameron fronce les sourcils. Enervé, Rod Cameron fronce les sourcils. Un western authentique et compassé.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta.

 
Quand siffle la dernière balle, d'Henry HathawayQuand siffle la dernière balle réalisé par Henry Hathaway avec Gregory Peck, Patricia Quinn, Robert F. Lyons…

Clay Lomax, pilleur de banques, vient de purger une peine de huit ans de prison. Il recherche Sam Foley, l’homme qui l’a trahi. L’ayant su, Foley recrute trois hommes pour espionner Lomax. Les choses se compliquent lorsque, dans l’attente de recevoir de l’argent de son ex-compagne, il apprend son décès et l’existence d’une fille de huit ans bien encombrante qui pourrait bien être la sienne.
Et si je vous donnais deux bonnes raisons d’être heureux les fesses bien calées dans votre canapé devant Quand siffle la dernière balle ? La première raison tient sur le nom du réalisateur Henry Hathaway, quand la deuxième repose sur les épaules du charismatique interprète principal, le classieux Gregory Peck. Avec Peck (immense dans Le Jardin du diable), nous irions au bout du monde. L’avant-dernier film d’Hathaway n’est pas un simple western de vengeance. A de nombreuses reprises, la comédie pointe le bout de son nez quand une petite fille en manque d’amour embarrasse le viril Clay Lomax de ses remarques effrontées. La gamine, à bien des égards, rappelle l’impétueuse Maty de True Grit. L’impitoyable méchant, jeune mercenaire braillard et violent, sème la terreur sur sa route. Nous le savons, chemin faisant, les protagonistes se croiseront et l’on craint d’avance les réactions de chacun tant les personnages forts en gueule, aux caractères trempés dans l’acier, ne lâcheront rien.
Le scénario ne casse pas des briques mais la puissance qui s’en dégage maintient une tension palpable. Un très bon cru, dur et violent.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta.

 
Le Dernier Train pour Frisco, d'Andrew McLaglenLe Dernier Train pour Frisco réalisé par Andrew V. McLaglen avec George Peppard, John Vernon, Diana Muldaur…

Trahi par son ami Nolan au terme de l’attaque d’un train, Harker Fleet tombe sous le coup d’une double peine ; il est non seulement contraint de se marier avec la jeune femme qu’il aurait déshonorée, mais va ensuite droit en prison. Trois ans plus tard, enfin libre, il entreprend de récupérer sa part du butin, ainsi que de prendre sa revanche sur Nolan et Katy, son ancienne maîtresse. Quand il apprend que ces deux-là, désormais mariés, préparent une arnaque contre la communauté chinoise de la ville, il s’acharne à la faire échouer. Par tous les moyens…
Les puristes du genre risquent de tomber de cheval avec Le Dernier Train pour Frisco, comédie d’action « un peu potache mais pas trop ». Comme le dit Patrick Brion dans les bonus : “Il n’est pas aisé de mélanger les genres.” Et malheureusement Le Dernier Train pour Frisco ne fait pas figure d’exception. Ne vous méprenez pas, en aucun cas le film n’entre dans la fumeuse catégorie des navetons. L’introduction, soutenue pendant près de dix minutes par un gag hilarant (un môme fan de bandit légendaire paraît déçu de supporter ces pleutres) nous incite à poursuivre plus avant. Ensuite, et très vite, l’ensemble sonne creux et vide. George Peppard a le savoir-faire des vieux briscards et c’est lui, en malandrin manipulé qui sauve Le Dernier Train pour Frisco d’une désagréable sensation de déjà-vu.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta.

 
Dangereuse mission, de Reginald LeBorgDangereuse mission réalisé par Reginald LeBorg avec Stephen McNally, Alexis Smith, Howard Da Silva…

Pour démanteler le gang responsable de l’attaque répétée de convois postaux, Steve Davis, un ancien espion de l’armée, se fait incarcérer dans le bagne où Sam Wallace, un bandit qui pourrait le mettre sur la piste des coupables, purge une longue peine. Non seulement il gagne sa confiance, mais parvient à s’évader avec lui. Quand Wallace est tué, il lui indique avant de mourir le nom de Cavanaugh, apparemment le chef de la bande. En réalité, le véritable chef reste prudemment dans l’ombre. Bientôt démasqué, Davis découvre aussi que Mary Williams, la chanteuse dont il est amoureux, compte parmi ses membres…
Reginald LeBorg, qui profite des énormes moyens mis à disposition par le studio Universal, avouera peu de temps après le tournage de Dangereuse mission qu’il n’y connaissait pas grand-chose en western. Wyoming Mail dans la langue de Shakespeare se traîne une mauvaise réputation. Les spécialistes le trouvent confus, la faute à son scénario parait-il écrit avec les pieds et qui n’explique jamais les motivations des protagonistes. Pourtant, il n’y a rien de compliqué ! Faut surtout que les spécialistes arrêtent de picoler !
Une bande de margoulins s’apprêtent une nouvelle fois à voler le chargement du train postal. Les populations paumées dans la pampa commencent à voir rouge car ce foutu train n’est rien de moins que l’unique lien entre la grande ville et les villages. Pour la faire courte, le chargé de mission Steve Davis doit démanteler le réseau de malfaiteurs, se méfier de ses propres employeurs et veiller à ne pas tomber amoureux trop prestement de la belle jeune femme, elle-même chargée de l’induire en erreur.
Dangereuse mission ne manque ni de matière (le double jeu, le train postal, les liens sociaux) ni de charme, juste qu’il est trop compliqué pour les spécialistes alcoolisés.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta

 
Le Tueur du Montana, de Nathan JuranLe Tueur du Montana réalisé par Nathan Juran avec Audie Murphy, Susan Cabot et Charles Drake…

Tueur à gages, Reb Kittredge se met au service de Matt Telford, un riche propriétaire prêt à tout pour étendre son domaine. Si Kittredge joue d’abord son jeu en gagnant le ranch de Dan Saxon au poker, il se ravise vite, à la fois mécontent de sa rémunération et attiré par la fille de son supposé adversaire. Désormais, son colt et ses poings, Kittredge les utilise contre Telford et ses hommes de main menés par Johnny Lake, son ancien complice et ami…
Si Le Tueur du Montana ne fait pas dans l’originalité, il n’est jamais ennuyeux. Une série B bien troussée, comme on dit ! Sa fantaisie réside dans le premier quart d’heure où l’anti-héros, tueur à gages chargé d’occire un riche propriétaire, gagne le ranch dudit propriétaire au poker et, contre toute attente, se retourne contre le commanditaire du meurtre. Mieux, notre tueur du Montana s’occupe de ses terres comme s’il était le fils prodigue. A qui profite ce stratagème…
Audie Murphy, plus dur que d’habitude, moins apprêté, campe un vilain généreux et implacable, tiraillé entre ses mauvaises habitudes et ses nouvelles responsabilités d’homme des prairies. Vous vivrez l’impression bizarre de n’avoir jamais rien vu de tel dans un environnement tout à fait familier. Le réalisateur Nathan Juran fait le taf. Comme d’hab’, Audie Murphy assure. Conseillé.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta

 
L'Implacable Poursuite, de Richard CarlsonL’Implacable Poursuite réalisé par Richard Carlson avec Rory Calhoun, Beverly Garland et John Larch…

Accusé de lâcheté dans l’attaque par des déserteurs du convoi chargé d’or qu’il commandait, le lieutenant Hemp Brown doit quitter la cavalerie. S’il ne porte plus l’uniforme, Brown veut néanmoins laver son honneur, prouver à la cour martiale qui l’a banni que le vrai coupable se nomme Jed Givens, un ancien sergent autant motivé par l’appât du gain que par la vengeance. Accompagné d’un médecin et de son assistante, il retrouve bientôt sa trace…
Une série B estampillée Universal. Sobriété. Efficacité. L’Implacable Poursuite s’intéresse au sujet de la justice expéditive. Sali par le déshonneur, Hemp Brown chevauche pour retrouver sa fierté perdue. Le règlement de comptes programmé vire à l’obsession.
Entre deux coups de feu, il est agréable d’admirer la toute mignonne Berverly Garland. Mené tambour battant, le film pâtit en son milieu d’un petit ventre mou.
Un western carré et sans fioritures qui mérite la redécouverte.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta.

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