Roger Corman / Edgar Allan Poe : les maîtres de l’horreur

 

La Malédiction d'ArkhamFaire d’une pierre deux coups, est-ce possible ? Oui. Pour cela il faut se procurer le coffret Edgar Allan Poe par Roger Corman chez Sidonis Calysta où l’on découvre tout le savoir-faire d’un génie du septième art. Roger Corman, capable de réaliser 8 films originaux (entre 1960 et 1964) dans les mêmes décors, transcende les écrits fantastiques d’un maître de la littérature gothique, Edgar Allan Poe. Voici la revue de 4 films, juste pour vous mettre l’eau à la bouche.

La Tombe de Ligeia

La Tombe de Ligeia clôt le cycle Edgar Allan Poe dirigé par Roger Corman. Quelques mois plus tôt, le public tremblait devant Le Masque de la mort rouge (septième film de la série), magnifique film de studio dominé par l’acteur fétiche du maître, le sourcilleux Vincent Price. Quel bonheur de profiter du savoir-faire d’un géant du cinéma américain, et ce dans une version ultra-soignée !
La Tombe de Ligeia raconte le désespoir de Verden Fell après la mort de sa femme. Inconsolable, l’aristocrate hante son abbaye, le cœur brisé. Un jour de chasse, il rencontre Lady Rowena Trevanion de Tremaine qu’il décide d’épouser. Les époux convolent en justes noces, mais dès leur retour, le chagrin l’emporte sur le bonheur. Les souvenirs ne s’effacent pas.
Roger Corman a tourné ce huitième et dernier opus en extérieur. Les couleurs pastel de la campagne anglaise s’opposent à la violence des sentiments. Corman suggère, dévoile à peine. La terreur règne. Nous sommes charmés et épouvantés. Lunettes de soleil sur le nez, Vincent Price cabotine en cachette. Il a le look, coco. Chez Corman, le gothique a de la tenue.

Le Masque de la mort rouge

Le Prince Prospero, grand adorateur de Satan, décide de s’enfermer dans son château à l’abri de la maladie. Au dehors sévit une épidémie de peste qui décime la population. Son goût pour le sang et les plaisirs interdits font de lui une figure redoutée des villageois. On craint son courroux et sa folie. Indifférent aux malheurs du monde, Prospero organise une fête qui sera le point d’orgue de sa dévotion exacerbée pour le maître des ténèbres. Un mystérieux étranger rôde par delà les forêts. On lui prête de donner la mort.
En réalisant Le Masque de la mort rouge, Roger Corman signe l’une des plus belles adaptations d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe. Vincent Price incarne le mal avec tant de conviction qu’il fout le trouillomètre à zéro. Tout du long, un sale goût vous pourrit l’haleine. Tout est malsain. Transposée à l’écran, l’œuvre de Poe est puissante et dérangeante comme peuvent l’être les écrits de Lovecraft. Avec trois francs six sous, Roger Corman sait mieux que quiconque utiliser les moyens qui sont à sa disposition pour transposer sur un écran les belles lettres. Une réussite totale.

L’Enterré vivant

Troisième aventure de Roger Corman au pays d’Edgar Allan Poe. Le film suit le parcours d’un homme qui peu à peu sombre dans la folie. Il ne faut pas être « Grand Clair » pour deviner que la plus grande peur du héros, celle d’être enterré vivant, pourrait être exaucée s’il ne prend pas garde. L’intérêt du film, outre son incroyable beauté plastique, reste d’observer les réactions et les desseins des personnages secondaires ; entre la pitié et l’envie. Le bonhomme possède une belle fortune. L’Enterré vivant est un bonheur pour les yeux. Vincent Price n’est pas du projet mais Francis Ford Coppola assiste Corman à la réalisation.

La Malédiction d’Arkham

La Malédiction d’Arkham est la sixième des huit adaptations du cycle Poe sauf que : sauf que de Poe il ne reste plus que le titre d’un poème, The Haunted Palace.
Bref, il s’en passe de drôles aux pays du ciné bricolo. The Haunted Palace en VO n’est rien d’autre que l’adaptation cinématographique d’un chef-d’œuvre de la littérature d’horreur, L’Affaire Charles Dexter Ward d’H.P. Lovecraft. Corman en avait ras la couscoussière de Poe, mais manifestement pas les investisseurs.
Le film est bien loin d’être aussi efficace que le roman. Mais Vincent Price sourcille comme personne. On frôle parfois le n’importe quoi. Mais que c’est beau. Et puis du cinoche comme ça, goupillé avec les tripes, on n’en fait plus. Rare et indispensable pour tout passionné qui se respecte.

Coffret Edgar Allan Poe par Roger Corman disponible chez Sidonis Calysta