Nicolas Gayraud pose sa caméra au cœur de l’abbaye de Bonneval au plus près des sœurs de l’Ordre cistercien de la Stricte Observance. Pour la première fois, la mère abbesse autorise à ce qu’un documentariste raconte leur quotidien. Un quotidien nourri de prière et d’essentiel. Planté sur les contreforts de l’Aubrac dans le département de l’Aveyron, l’abbaye se préserve du monde et de notre société moderne tellement frénétique.Le temps ne s’est pas arrêté pour autant et les sœurs ne s’isolent pas de l’extérieur, elles se purifient des scories qui empêchent d’apprécier les valeurs essentielles, l’amour et la fraternité, deux mots mal compris aujourd’hui.
On y voit des sœurs souriantes, franches et directes dans leur propos. Elles évoquent leur vie passée et le moment sacré où elles se sont décidées à suivre l’appel du Seigneur. Il n’est jamais question d’abandon, encore moins de reniement, mais d’accepter la pauvreté comme seule richesse du corps et de l’esprit. Aussi, nous apprécions comme une marque de considération et de confiance les mots qu’elles portent sur le doute, leurs doutes. Etre « une bonne sœur » n’est pas facile tous les jours quand l’ennui pointe le bout de son nez. Il y a des jours sans.
Bonneval, c’est un lieu de silence mais aussi de lenteur. Le silence pour s’écouter à l’intérieur, la lenteur pour apprécier et s’apprécier. Les témoignages révèlent à quel point la temporisation s’avère vitale pour goûter les saveurs du monde. D’ailleurs, l’abbaye de Bonneval est réputée pour son chocolat. Un chocolat « fait maison ». L’artisan chocolatier qui travaille en compagnie des sœurs confie son bonheur de profiter de la paix qui habite l’abbaye. Pour rien au monde, il ne retournerait dans la folie du commerce classique.
Les paysages sauvages de l’Aveyron donnent à l’abbaye une image d’éternité comme si elle y était plantée depuis l’aube des temps. Inusable. Inaltérable.
Qu’est-ce qui rapproche toutes les sœurs de Bonneval ? Les rires et les sourires qu’elles nous adressent.
Le Temps de quelques jours de Nicolas Gayraud. France, 2014. Sortie le 1er octobre 2014.