Mad Max : Fury Road, de George Miller

 

Mad Max Fury Road, de George MillerDans cet opéra-rock plein de bruit et de fureur, ce maelstrom d’images fortes, au cœur de cette odyssée absurde que constitue Mad Max : Fury Road, il y a une figure centrale très étonnante, un héros dont la finalité est absolument opposée au mouvement même du film. Celui qui donne son nom au film et qui pourtant ne le révèle que tardivement est préoccupé par une chose : disparaître. Ne pas être là. Où il se rêve, on ne le saura pas. Mais le fait est que Fury Road, c’est l’histoire d’un homme qui lutte pour s’effacer.

Le premier plan nous le montre de dos, on ne distingue pas son visage caché sous des vêtements et une pilosité abondante. Ce sont les Warboys qui vont nous révéler Max et ainsi le forcer à se montrer. Il va ensuite se retrouver littéralement embarqué dans le conflit qui oppose Furiosa (Charlize Theron, qui crée là un personnage inoubliable) et Immortan Joe, la première lui ayant dérobé son plus grand bien, des femmes (des « couveuses », comme on dit dans ce monde…).

Max est là malgré lui, mais il prend parti pour ces femmes, sans jamais se défaire de ses démons (un enfant mort). Il porte en lui une culpabilité trop lourde, un passé trop pesant. Alors, oui, sa rédemption sera de mener à bon port ce convoi improbable, mais au-delà de cette mission, on sent que Max est seul, irrémédiablement seul.

D’où cette sensation étrange d’un film où le personnage principal est « absent » : peu de dialogues, un jeu très renfermé, Tom Hardy compose un héros qui est là pour faire briller les autres en quelque sorte. Et c’est peu dire que George Miller a orchestré une fascinante galerie de personnages…

Mad Max : Fury Road, c’est l’épure et la débauche en une seule œuvre, la mise en relation des extrêmes au sein d’un montage sophistiqué. Le vide et le plein en un seul espace. Un film d’une richesse incroyable et d’une simplicité étonnante. Un film qui hurle la douleur de son héros à travers des larmes de silence.

 
Mad Max : Fury Road de George Miller, avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Zoë Kravitz… Australie, 2015. Présenté hors compétition au 68e Festival de Cannes. Sortie le 14 mai 2015.

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