Franco, westerns, gothiques, érotiques et belles pépées : la sélection Artus Films

 

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L’érotisme selon Jess

Pas facile de raconter Jesus Franco Manera dit Jess Franco (1930-2013), figure légendaire d’un cinéma de genre aujourd’hui moribond, à l’heure où au cœur de zones commerciales impersonnelles fleurissent les multiplexes, monuments érigés à la gloire du pop-corn et de tous ces super-héros crétins. En 50 ans de carrière, Jess Franco tourne 185 films et quelques broutilles, parfois 10 longs-métrages dans une année, alternant en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire le fantastique, le drame, l’érotisme et la pornographie.
Pour mieux vous donner une idée du bonhomme, Jess Franco, c’est le pape des petits budgets, des emmerdes à la chaîne et de l’urgence, de l’extrême urgence. Alain Petit, ami et spécialiste du cinéaste qui participe à tous les bonus des galettes estampillées Artus Films, rappelle à nos mémoires qu’il existait un temps miraculeux – que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître – où il était tout à fait possible d’écrire une histoire le lundi, de dégotter un producteur le mercredi et d’imprimer des kilomètres de pellicule la semaine suivante, avant de repartir de plus belle sur un autre projet d’une tout autre nature.
Aujourd’hui, Jess Franco hante les ruines des petites salles de quartier. Les bisseux courageux programment l’artiste dans leurs ciné-clubs et quand on invite le défunt cinéaste à passer au salon, il s’installe.

Les Inassouvies, de Jess FrancoLes Inassouvies avec Maria Rohm, Marie Liljedahl, Christopher Lee, Paul Muller, Jack Taylor…

Monsieur Mistival (Paul Muller) confie sa fille Eugénie à sa maîtresse, Mme de Saint-Ange (Maria Rohm) afin de l’initier aux jeux de l’amour. Arrivée sur une île, la jeune fille va découvrir les joies de l’érotisme, du saphisme et d’autres perversions raffinées. Sa naïveté et son innocence décuplent le plaisir de ses initiateurs qui l’emmènent de plus en plus loin dans la débauche…
Jess Franco a le chic pour envoyer les jeunes filles de bonne famille sur des îles perdues se faire peloter par de vieux couples lubriques sous le prétexte fallacieux qu’une efficace initiation à l’amour passe forcément par une partie à trois. Avant les mises en bouche, les filles roulent des yeux, minaudent, se font lascives. Slurp. Les chats ronronnent autour des souris. Slurp.
La petite musique de chambre du coquin Franco retentit quand l’ingénue jouvencelle Eugénie s’apprête à se faire croquer. Les Inassouvies ne s’inspire pas de La Philo selon Philippe mais de La Philosophie dans le boudoir du Marquis de Sade. Cette histoire de perversion est tout à fait charmante. Slurp.

Sumuru, de Jess FrancoSumuru, la cité sans hommes avec Shirley Eaton, Richard Wyler, Maria Rohm, George Sanders…

Le détective privé Jeff Sutton est envoyé en mission au Brésil afin de retrouver une jeune femme disparue. Transportant avec lui une mallette pleine de dollars, il atterrit à Femina, une cité futuriste peuplée par des femmes d’un genre nouveau. Menées par Sonanda (Shirley Eaton), ces amazones modernes ont pour but d’asservir l’espèce masculine. Tout se corse quand sir Matthews (George Sanders) convoite l’argent de Sutton, et cherche à s’emparer de la réserve d’or de Sonanda.
Humour, espionnage, gadgets et belles pépées, voilà seulement une partie des ingrédients qui composent la recette de cet ovni psychédélique réalisé en 1969. Le reste ne tient qu’au savoir-faire et à la patte de l’alchimiste Franco ; images léchées, cadres chiadés, décors originaux. Si vous n’avez jamais goûté au cinéma dit « vintage » alors vous pouvez sans hésitation tenter l’aventure Sumuru, la cité sans hommes.

Le Miroir obscène, de Jess FrancoLe Miroir obscène avec Emma Cohen, Lina Romay, Robert Woods, Howard Vernon, Alice Arno, Philippe Lemaire…

Annette (Emma Cohen) et Marie (Lina Romay), deux sœurs, vivent avec leur père sur une île, à Madère. Depuis leur plus jeune âge, elles entretiennent une relation ambiguë, mêlant jalousie et obsession fusionnelle. Lorsque Annette décide de se marier, Marie, ne le supportant pas, se suicide. Annette se renferme davantage sur elle-même, et quitte l’île pour habiter en ville. Désormais, sa sœur va la hanter à travers un miroir, jadis témoin de leurs rapports incestueux…
A sa sortie, Le Miroir obscène se taille une sale réputation chez les inspecteurs français des travaux finis. Ces vils manants qu’on appelle « producteurs » et/ou « distributeurs » remontent le film, salopant les intentions initiales du cinéaste. D’après eux, un érotisme « bien dosé » ne vaut pas quelques inserts pornos « bien explicites » ou, soyons clairs, une bonne scène de cul vaut mieux qu’un long discours. La poésie n’étouffe pas les financeurs, c’est une certitude.
Encore aujourd’hui, tout ce qui touche aux rapports incestueux passe mal. Le sens des mots affecte davantage qu’une pénétration en gros plan. La suggestion dérange les boyaux. Le Miroir obscène, collaboration fructueuse entre Jess Franco et Jean-Claude Carrière, enfin présenté dans ses deux versions (espagnole et française), ne cache pas ses nombreuses inclinations pour Viridiana, le chef-d’œuvre de Luis Bunuel récompensé d’une Palme d’or en 1961.
Le mystère dévoilé après des décennies d’attente sommeille dans un boîtier double DVD. Le Miroir obscène se définit comme un drame érotique lyrique. Avec Emma Cohen, Lina Romay et le génial Howard Vernon, formidable en père abusif.

Jess Franco n’est pas un cinéaste comme les autres. Oui, ces films tournés à la vitesse de la lumière dénotent dans le paysage des comédies laborieuses. Chaque fois, je me fais cueillir. Le cinéma de Franco s’apprécie par sa lumière, la musique et ses respirations énigmatiques. Il sait y faire, comme on dit. Le bougre.
 

Westerns à l’italienne

Les westerns italiens ont ceci de commun qu’ils ne croient guère en la bonté de l’espèce humaine. L’âge d’or du spaghetti dure de 1965 à 1975 (avec près de 800 films produits), une décennie où le monde, où que nous regardions, s’émancipe ou tente de se libérer. Les colonies prennent leur indépendance au prix d’immenses sacrifices et la guerre froide provoque sur tous les continents, au mieux des tensions insupportables, au pire des conflits meurtriers. Vingt-cinq années en arrière, notre jolie planète bleue est à feu et à sang.
Aux Etats-Unis, la guerre du Vietnam ringardise le western à papa pour laisser place aux odyssées cathartiques de Sam Peckinpah. Les cataractes d’hémoglobine remplacent les torrents d’or si chers aux conquérants du Nouveau Monde. Le western italien profite de l’Ouest déjà conquis. Si à cette époque le genre remise les Indiens au fond du placard (pour ensuite mieux les exposer dans de fières épopées naturalistes et écologiques comme Little Big Man et Jeremiah Johnson, entre autres), les Italiens n’hésitent pas à sortir l’artillerie lourde quant il s’agit de faire s’affronter les membres d’une même famille ou d’un même village. C’est le temps des sales petites affaires, le temps des règlements de compte et des coups bas. L’esprit collectif s’efface au profit de l’individu. Le ton désenchanté des westerns transalpins sonne rock’n’roll. C’est du brutal !
Aussi dérangeant soit-il, le western à l’italienne ne fera pas long feu sous la puissance des Majors américaines qui, sous couvert de laisser le Nouvel Hollywood s’exprimer, préparent leurs revanches. En effet, Hollywood installe le retour du divertissement bien pensant.
Nos quatre westerns, tous d’excellentes factures, soignés sur le fond et sur la forme, traitent de la vengeance. Une vengeance sourde et personnelle.
L’homme des hautes plaines, le shérif, le salaud vengeur, le bon, la brute et le truand, tous portent le nom de Gianni Garko. Il est LA star incontestable et incontestée du western italien. Plutôt beau mec, blond comme les blés, moustachu, ses petits yeux fusillent l’adversaire. La moitié du boulot est déjà fait. Garko est de la trempe des Lee Van Cleef, des Klaus Kinski, des anti-héros caractériels. Ses rides lui donnent ce look d’aventurier, de pionnier qui en a vu des vertes et des pas mûres. Le visage buriné, le corps marqué, le mec passe sa vie au grand air. Méfiance. Garko assure, c’est un Roi.

Bonnes funérailles, avec Gianni GarkoBonnes funérailles, amis, Sartana paiera de Giuliano Carnimeo, avec Gianni Garko, Helga Liné, Daniela Giordano…

Sartana (Gianni Garko) assiste à l’assassinat de Benson, un prospecteur. Il se rend aussitôt à Indian Creek rencontrer la nièce du défunt, Abigail, afin de lui proposer d’acheter le terrain qu’elle vient d’hériter. Mais ce terrain intéresse plusieurs personnes, car il dispose d’une mine d’or : Lee Tse Tung, tenant d’une maison de jeux, et Hoffman, un banquier malhonnête. Sartana va devoir mener une lutte sans merci et ainsi démasquer les meurtriers de l’oncle d’Abigail.
Sartana change de peau. Fieffé salaud dans Les Colts de la violence, Sartana se fait détective pour gagner les faveurs d’une femme éplorée. D’habitude, le pistolero se sert sans se soucier d’autrui. Western dynamique, haut en couleur, Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera ne fait pas dans la dentelle. Pêchu et couillu.

Gianni GarkoQuand les colts fument, on l’appelle Cimetière de Giuliano Carnimeo, avec Gianni Garko, William Berger, Chris Chittell, John Fordyce…

Ayant terminé leurs études en ville, les deux fils d’un propriétaire terrien rentrent au ranch paternel. Mais, dans l’Ouest, la vie n’est pas tout à fait la même que sur la côte est… Aussitôt arrivés, les deux frères se font ennuyer par des bandits. Un mystérieux étranger vêtu de noir (Gianni Garko) leur vient en aide. Leur père leur explique alors que la terreur a envahi la campagne, et qu’une bande de gangsters rackette les habitants. Les deux frères vont croiser à nouveau le chemin de l’étranger qui semble avoir une dette à payer auprès de leur père.
J’adoooore Quand les colts fument, on l’appelle Cimetière. Parce qu’il est excessif à tout point de vue et qu’il est aussi barré que rigolo. L’histoire de deux pieds tendres qui rentrent à la maison après leurs études et, tout naïfs et bêtas qu’ils sont, s’endurcissent au contact d’un étranger bourru.
Faut voir la tête dépitée du père devant ces deux progénitures aux corps frêles et aux manières précieuses, lui qui les attendait comme le Messie espérant enlacer des colosses disposés à botter le cul des malfrats. La distribution géniale offre une galerie de gueules terribles (le gentil méchant, le méchant gentil, les gringos, les bandits…). Tous les seconds couteaux assurent le spectacle.
Evidemment, nous nous attendons à ce que les gosses deviennent de fiers combattants après leur éprouvante initiation. C’est un régal. Sûr et certain que Tarantino raffole de ce western.

Le Temps des vautours, avec Gianni GarkoLe Temps des vautours de Romolo Guerrieri, avec Gianni Garko, Claudio Camaso, Fernando Sancho, Loredana Nusciak…

Manuel (Claudio Camaso), un bandit mexicain évadé de prison, enlève la jolie Dolorès pour demander une rançon. Son père demande alors à Django (Gianni Garko), le redoutable chasseur de primes, de ramener sa fille. Ne reculant jamais devant un bon pactole, Django accepte, et se met aussitôt en chasse. Mais sa mission va prendre une tournure quelque peu inattendue.
Le Temps des vautours porte bien son titre et nous embarque loin des sentiers balisés. C’est le grand rendez-vous des crasseux et des traîtres, le paradis des faux-semblants et de l’ignominieux. Le truc en plus, c’est le scénario qui nous amuse d’imprévus. Un western surprenant et manipulateur par excellence.

Le Jour de la haine, avec Gianni GarkoLe Jour de la haine de Giovanni Fago, avec Gianni Garko, Claudio Camaso, Fernando Sancho…

Johnny Forest (Gianni Garko), un chasseur de primes, retrouve la liberté après dix ans de travaux forcés. Il doit retrouver son frère Clint (Claudio Camaso) et le faire payer. En effet, celui-ci a tué leur père et fait accuser Johnny. Entre-temps, il est devenu un redoutable bandit, à la tête d’une horde de pillards sans foi ni loi. Mais, au cours de sa quête, Johnny apprendra que la dernière volonté de sa mère était de laisser la vie sauve à Clint.
Je reconnais qu’une nouvelle fois je me suis laissé séduire. Le Jour de la haine ne laisse aucun répit. L’orage gronde. Les foudres de la haine s’abattent sur les hommes. Demain est un autre jour. Une sale journée qui commence.
Impression qui a son importance : après coup, tout paraît moins bourrin que le synopsis n’en donne l’air. Ce western sur la vengeance se déguste jusqu’à sa toute fin.

Si Curd Ridel, fin connaisseur du western italien, nous confirme dans les bonus qu’il existe une palanquée de bouses imbitables, je me joins à lui pour vous garantir la très, très haute tenue de cette sélection goupillée par Artus films.
Les quatre films partagent de nombreuses qualités : le charisme de Gianni Garko (impérial dans tous les rôles), l’approche psychologique ultra-honnête pour ce qui concerne les rapports familiaux (entendez par là qu’on est bien loin des relations cucul-la-praline imposées par les lobbyistes religieux infiltrés à Hollywood), le penchant réjouissant au désespoir, sans oublier les choix esthétiques et graphiques qui à chaque plan régalent les yeux.
 

Vague gothique

La vague gothique, c’est le coin préféré des âmes en peine. Les vastes châteaux plantés sur des charniers d’enfants renferment les fantômes de mères éplorées. La nuit, les murs ruissellent de larmes et l’on peut entendre claquer le fouet du bourreau sur les fesses rougies des saintes vierges. Le village d’en bas pleure ses innocentes enfants.

La Vengeance de lady Morgan, de Massimo PupilloLa Vengeance de lady Morgan de Massimo Pupillo, avec Erika Blanc, Paul Muller, Barbara Nelli, Gordon Mitchell…

Alors qu’elle est promise à sir Harald Morgan (Paul Muller), la jeune et jolie Susan épouse Pierre, son amour de toujours. Peu de temps après, celui-ci meurt dans un tragique accident. Susan doit donc se marier avec Morgan. Elle vient vivre dans son château, servie par des domestiques plus qu’inquiétants. Avec l’aide du comte, ceux-ci harcèlent Susan, qui finit par se suicider. Morgan parvient alors à hériter de sa fortune, qu’il convoitait. Mais lady Morgan revient d’entre les morts pour assouvir sa vengeance…
Troisième incursion dans le gothique pour le documentariste Massimo Pupillo après Le Cimetière des morts-vivants et Vierges pour le bourreau. Si La Vengeance de lady Morgan sent à plein pif le cinéma fauché, vous seriez mal inspirés de le balayer d’un revers de la main. Pupillo ouvre son manuel « Trucs et astuces » et, en un plan bien senti, distille l’angoisse. Au bout d’un quart d’heure La Vengeance de lady Morgan abandonne l’atmosphère « thriller » pour baigner dans une ambiance « fantastique hybride » où se mêlent fantômes et vampires. C’est un choix osé mais respectable.
La Vengeance de lady Morgan est une œuvre gothique foutraque assez bien foutue pour piquer la curiosité et donner l’envie de découvrir le catalogue.
Un film invisible pendant des années, alors ne boudons pas notre plaisir. Merci Artus.

Les Vierges de la pleine lune, de Paolo SolvayLes Vierges de la pleine lune de Paolo Solvay, avec Rosalba Neri, Mark Damon, Esmeralda Barros…

Depuis des années, Karl Schiller recherche l’anneau des Nibelungen, bijou mystique qui confère la puissance à celui qui le possède. Alors qu’il mène une quête archéologique, son frère jumeau, Franz, convoite l’anneau à des fins personnelles. Il devance Karl et se retrouve en Transylvanie, au château du comte Dracula. Là, il rencontre la comtesse, la veuve de Dracula, qui le séduit et le vampirise. Peu après, Karl arrive lui aussi au château, pour découvrir une étrange cérémonie de noces suivie par un sacrifice rituel de jeunes vierges…
Quel bordel ce synopsis ! Mais quel bordel ! Anneau magique, Dracula, rituels sataniques, tout y passe. Encore une production fauchée comme les blés mais qui tient la route. Pourquoi ? Parce que c’est ça, la magie du cinéma. Il suffit d’un couloir sombre, un regard, une lumière, des acteurs sourcilleux, une petite histoire et le tour est joué.
 

Guerre et barbarie

Adolescent, je me rends tous les mercredis chez mon loueur de VHS préféré. Au premier étage à droite, une silhouette en carton-pâte du « Marteau-pilon anal » accueille les gros dégueulasses. L’image du célèbre acteur noir américain spécialiste du perforage impose le respect. Sur la gauche, la pièce « fantastique et horreur » abrite des milliers de jaquettes aux titres étranges. Une affiche d’Ilsa, la louve des SS trône en bonne place. Quand elle se fait « tigresse du goulag », Ilsa menace quiconque la dévisage, nue sous son manteau de fourrure, chapka en peau de vison vissée sur le crâne. Y a pas ! L’amazone en jette. La « Nazisploitation », c’est sale mais c’est bon.

Horreurs nazies, le camp des filles perduesHorreurs nazies – Le camp des filles perdues de Sergio Garrone avec Mircha Carven, Paola Corazzi, Giorgio Ceroni…

Lors de la Seconde Guerre mondiale, dans un camp de prisonniers, les jeunes filles subissent les pires tortures. En effet, le commandant du camp, jadis castré par une fille après l’avoir violée, cherche à se faire greffer un nouveau sexe, qu’il choisit parmi ceux de ses plus beaux officiers. Avant de passer à l’acte, il teste les éventuels donneurs sur les prisonnières qui arrivent de plus en plus nombreuses…
Tout le grand barnum de la « nazi(sex)ploitation » est là sous nos yeux. Les filles défilent à la chaîne. On les torture. On les palpe. On les caresse. La caméra s’attarde sur leurs petits minous poilus, car oui les filles à cette époque exhibaient leur petit minou poilu. Maintenant, pauvre de nous, nous subissons ces pubis rasés qui nous rappellent qu’un poulet de Bresse élevé en plein air vaut mieux qu’un poulet Picpic élevé en batterie, mais je m’égare.
C’est aussi drôle qu’hallucinant, aussi dérangeant que bidonnant. Ce trip-là, aujourd’hui, ne pourrait plus voir le jour sur grand écran qu’il serait attaqué dans la seconde même par des centaines d’associations de défense des éléphants.
A noter qu’Artus propose ces autres pépites que sont Helga, la louve de Stilberg, Elsa Fraulein SS, Nathalie dans l’enfer nazi, Train spécial pour Hitler et Les Gardiennes du pénitencier.
 

Cine-Fumetti

Fumetto/fumetti: produit 100 % italien vendu en kiosque à des centaines de millions d’exemplaires. Au pays de Silvio, le « fumetto » est une petite bande dessinée, un objet culte de la culture bis. Depuis cinquante ans, Tex Willer, garçon vacher connu au Far West, règne en maître sur les étales aux cotés de Diabolik. Le ciné bis italien adapte Demoniak, l’anti-héroïne vengeresse. Satanik est née.

Satanik, de Piero VivarelliSatanik de Piero Vivarelli, avec Magda Konopka, Umberto Raho, Julio Pena, Luigi Montini…

Marnie Bannister, une vieille femme défigurée, se rend chez un scientifique, inventeur d’un procédé pouvant rajeunir la peau. N’ayant expérimenté son produit que sur des animaux, celui-ci refuse de traiter la dame comme un cobaye. Elle élimine alors le professeur et s’injecte elle-même le liquide miracle, mais bien plus qu’il n’en fallait. Elle devient aussitôt une jeune et jolie femme, prête à prendre sa revanche sur son passé. Elle devient Satanik !
Pour apprécier Satanik comme il se doit, c’est-à-dire comme un bonbon acidulé au goût « Pop, Blop, Wizzz », il est d’usage d’accepter les faux raccords et les invraisemblances. Le graphisme coloré fait le reste, hypnotique et charmant.
Cette vieille peau de Marnie Bannister, transformée en bombe mondaine, rend les hommes zinzins. Devenue Satanik, elle ensorcelle les hommes pour une seule et unique raison : prendre sa revanche. Pourquoi donc ? Parce que les super-héros comme les super-vilains et super-vilaines doivent coûte que coûte mettre le bronx. Eux seuls nous vengent des institutions qui nous maltraitent ; les sous-préfectures, les centres de contrôle technique, les bureaux de l’état civil…
Dans les bonus, Eric Peretti revient sur les origines du genre et de la bande dessinée Demoniak en particulier, dont s’inspire Satanik. Superbe coffret avec un livret de 64 pages goupillé par Alain Petit.

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