Folie vintage 2 !

 

Avec la collection Fulci, Artus films frappe fort, très fort. La petite société, devenue une référence dans le cinéma de genre, propose avec ces deux nouveaux magnifiques coffrets, L’Enfer des zombies et L’Au-delà, l’hommage que le Maître méritait depuis des années. Et ceci sans compter sur la nouvelle fournée Jess Franco qui vient tout juste d’arriver. Le tout en version intégrale non censurée et remastérisée. Il faut ce qu’il faut !

L'Au-delà, de Lucio FulciJ’ai toujours trouvé compliqué de proposer un avis objectif des grandes œuvres de Lucio Fulci. Non pas pure fainéantise comme je sais si bien le faire, mais parce qu’elles sont uniques et méritent d’être défendues comme telles, parce qu’elles sont fabriquées au forceps, parce qu’elles font partie de l’histoire du cinéma avec un grand H, parce qu’elles sont également des modèles perfectibles, parce qu’elles sont clivantes et parce qu’elles génèrent comme peu d’œuvres artistiques peuvent en générer des discussions enflammées et passionnantes autour d’un délicieux chianti. Vous l’aurez compris, elles sont inspirantes. Alors voilà autant de raisons de s’y attarder. Attention toutefois, cette longue litanie de singularité n’est pas synonyme de « défense de dire du mal ». Non, juste qu’il faut profiter de petits bijoux comme le septième art sait en offrir.
Lucio Fulci, c’est un ton. Un ton à part, où la photo et la lumière jouent un rôle prépondérant au même titre que les personnages ou l’intrigue. L’Au-delà et L’Enfer des zombies incarnent à la perfection l’esprit de leur auteur à la fois hanté et enfiévré. D’ailleurs, les deux films se déroulent au cœur de territoires où les croyances et les mythes prennent une place prépondérante dans le corps et le cœur des hommes, les Caraïbes et La Nouvelle-Orléans. Là-bas, le soleil semble ne jamais vouloir sortir du crépuscule comme s’il ne pouvait y avoir d’espoir et de nouveaux lendemains. Là-bas, on maudit les âmes, on invoque les démons, on souille le sang et les organes. Là-bas, ces terres de pourrissement, siège de malheur, arrêtent le temps et vous retiennent prisonnier. L’Au-delà et L’Enfer des zombies, c’est tout cela en même temps. Une atmosphère pesante au cœur des ténèbres où la triste réalité ne tient plus qu’à un fil. Si vous appréciez les expériences sensorielles et les œuvres anxiogènes, alors vous serez comblés au centuple.
Plus que les films, ce sont les magnifiques produits qu’il faut louer et saluer. Les deux coffrets blu-ray et DVD proposent donc chacun les films en version intégrale non censurée et un livret (indispensable pour comprendre les travaux du cinéaste) aux analyses ciselées autour de magnifiques images et dessins de promotion d’époque. Signalons que le soin apporté aux images couronne le succès de l’entreprise. Une remasterisation 2K ne se refuse pas !
Voilà deux magnifiques idées cadeaux pour les purs bisseux !
Disponible en coffret blu-ray et DVD chez Artus Films

Les Démons, de Jess FrancoComme si la collection Fulci ne suffisait pas à notre bonheur, voilà que la collection Jess Franco peut s’enorgueillir de dévoiler cinq nouveaux titres. Cinq nouveaux titres à l’heure où je vous écris ces quelques mots ! La suite arrive. Le premier titre, mon préféré du Père Jess, Les Démons, s’intègre dans la trilogie que nous pourrions appeler la trilogie du juge Jeffries, horrible personnage de l’Inquisition. Cette histoire de vengeance où les deux filles illégitimes d’une vieille sorcière décident de se faire justice elles-mêmes est un sommet d’amoralité. Le diable, présent à tous les étages, n’épargne personne car chacun à sa façon est possédé par le Mal. Comme d’hab’ chez Franco, on fait fi du manichéisme qui gâte le cinéma d’épouvante contemporain. Tout le monde il est moche, tout le monde il est pourri !
Si le cinéaste s’applique à lécher ses images et ses actrices, l’intrigue – même légère – ne manque pas de fond. On saisit vertement les intentions du cinéaste à nous prévenir que la nature humaine nous renvoie davantage à nos plus bas instincts plutôt qu’à nous maintenir dans la félicité et la retenue !
Oh Joie, La Fille de Dracula, où la vieille Baronne Karlstein qui ne manque jamais de refiler sa fichue malédiction à sa descendance (il faut bien perpétuer les vieilles traditions), nous assure de grands et beaux moments de sensualité. Merci qui ? Merci Baronne ! Louisa, petite-fille de et future goule, pivot d’une sexualité débridée entre jeunes femmes, assure le service après-vente pour Dracula à la manière de Monique Olivier, épouse de Michel Fourniret. Ambiance gothique assurée.
Dans Les Expériences érotiques de Frankenstein, Jess Franco se réapproprie les grands mythes pour mieux les passer dans sa machine à distorsion où l’on retrouve pêle-mêle le docteur Frankenstein, le docteur Seward, la bande à Orloff, Cagliostro (incarné par le grand Howard Vernon !) et toute une clique de chimères tout droit sortie des enfers. Une nouvelle fois l’héroïne, créature d’une beauté à couper le souffle, sert la soupe à de gros dégueulasses dont le seul dessein n’est autre que de bouffer de la jeune vierge, sous couvert de recherches scientifiques visant à découvrir les secrets de la vie éternelle. Les Expériences érotiques de Frankenstein ne rappelle rien de moins que les projets de toute secte digne de ce nom ! Eh ben voyons !
Tender Flesh, l’un des derniers films de Jess Franco, est quant à lui un remake assumé (nouveau remake après La Comtesse perverse) de Les Chasses du comte Zaroff. Une chouette série B en mode cannibale où les tétons pointent et les fesses rondes titillent les mirettes des filles et des garçons.
Disponible en blu-ray et DVD remastérisé chez Artus Films

En guise de conclusion, et toujours chez Artus, je signale la sortie d’Orgie satanique de Lance Comfort avec William Sylvester, Carole Gray et Tracy Reed qui peut sans complexe s’afficher aux cotés des meilleurs films de la Hammer. Même si le début très prometteur ne tient pas tout à fait ses promesses, le plaisir reste intact devant cette jolie perle du cinéma gothique. L’originalité de l’entreprise ne manque pas de piquant car le vampire breton, incarné par Hubert Noël, bouffe de la jeune Anglaise au petit-déjeuner ! Le succès du film réside dans le savoir-faire de Lance Comfort, réalisateur et technicien reconnu dans le métier comme un génial touche-à-tout. Recommandé.
Disponible en DVD chez Artus Films

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