En 1920, Braddock compte 20 000 habitants. Moins d’un siècle plus tard, il n’en reste plus que 2 159. Après un séjour dans cette ville où le rêve américain n’existe pas, Gabriella Kessler et Jean-Loïc Portron examinent de plus près son histoire.
Braddock America revient en arrière. En 1873, lorsque Andrew Carnegie construit l’aciérie Edgar Thomson, la ville rayonne. Première aciérie en Amérique à utiliser le procédé Bessemer, celui qui permet de fabriquer de l’acier à moindre coût. Les immigrants en quête d’un emploi affluent de partout : Croatie, Slovénie, Hongrie, Braddock devient prospère terre d’accueil. Le centre y est alors dynamique, les bars et restaurants remplis, les magasins achalandés. Aujourd’hui pourtant, la ville n’a jamais été aussi vide… Rien n’aurait alors pu prédire une telle décadence.
Entre images d’archives et interviews, Braddock America analyse les causes d’un tel déclin, à commencer par l’effondrement de l’économie de l’acier aux Etats-Unis dans les années 1970-1980. Les interviews sont chargées d’émotions et rappellent que cette crise touche encore de plein fouet les habitants, qui continuent pourtant de se mobiliser pour rendre leur commune vivante.
La municipalité a déclaré Braddock en « difficulté financière », et le gouvernement ne débourse presque plus rien pour l’aider. L’hôpital a été détruit, les habitants doivent maintenant parcourir plus de trente kilomètres pour en trouver un. 313 maisons ont été laissées à l’abandon, seules cinq par an sont détruites. Aucune rue n’est nettoyée par la ville, seuls les habitants, enfants inclus, mettent la main à la pâte pour éviter le chaos.
Si Braddock est l’une des principales villes américaines à subir la crise industrielle, tout le pays est confronté au chômage qui touche de plus en plus d’ouvriers depuis vingt ans. Pendant plus d’une heure et demie, les réalisateurs creusent dans les profondeurs des Etats-Unis et mettent en lumière une ville laissée à l’abandon.
Braddock America de Gabriella Kessler et Jean-Loïc Portron. Etats-Unis, 2012. Programmation Acid Cannes 2013.
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Très bon article
merci
J’ai lu “Braddock”, dont j’ai pensé qu’on allait vraiment parler Cinéma…je suis déçu.