L’heure du bilan
L’an dernier, Edouard Waintrop reprenait les rênes de la Quinzaine des réalisateurs et ramenait un peu de bonne humeur dans ce Théâtre Croisette avec une excellente sélection (Camille redouble, Adieu Berthe, Rengaine, Ernest & Célestine…). Cette année, la 45e Quinzaine a surpris dès son film d’ouverture avec Le Congrès, le film d’Ari Folman, un genre de Matrix sous acide à des lieues de Valse avec Bachir. Le ton était donné : on allait tout voir dans cette Quinzaine. Résultats : des ovnis (Jodorowsky), des films de genre (The Last Days on Mars, We Are What We Are), des comédies (Tip Top, Les Garçons et Guillaume, à table !), des polars (Blue Ruin, Ugly), des documentaires (L’Escale) ou des drames sociaux (The Selfish Giant). Le tout accompagné du culte du débat, avec des Q&A en fin de projection et deux sessions de l’Assemblée des cinéastes. Maintenant que la folie cannoise est passée, Monsieur le Délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, c’est l’heure du bilan.
Quel regard portez-vous sur cette deuxième édition à la tête de la Quinzaine des réalisateurs ?
C’était mieux que l’an dernier, à plus d’un niveau. Il y a eu plus de monde que l’année dernière, et en termes d’ambition, on était plus proche des objectifs, avec des films plus audacieux dans leurs domaines. Plus de films de genre, et plus de couverture de presse. Et plus de prix. L’an dernier on avait eu la FIPRESCI avec Rengaine, là on a la FIPRESCI pour Blue Ruin et la Caméra d’or, pour Ilo Ilo, même si je sais que la Caméra d’or, c’est très aléatoire.
Plus d’audace ?
Oui, au moins du cœur de la sélection. Par exemple, montrer la comédie et, en particulier, la jeune comédie française, avec deux films qui sont presque antithétiques et très réussis : La Fille du 14 juillet et Les Garçons et Guillaume, à table !. Ce sont deux voix différentes de la comédie et qui fonctionnent toutes les deux formidablement, notamment avec le public, ce qui est essentiel pour la comédie. L’année dernière, on était partis sur des noms avec les frères Podalydès et Noémie Lvovsky. Là, il s’agit de deux premiers films. L’un est l’adaptation d’une pièce, que je trouvais réellement inadaptable, et Guillaume Gallienne a réussi à le faire par le cinéma, avec des coups de cinéma extraordinaires de mise en scène, d’idées qui me font parfois penser à Jerry Lewis et à Blake Edwards. Et l’autre, c’est un ton nouveau. Je ne vais pas répéter tous les noms qu’on lui a apposés, Godard, Tati, etc. Mais il y a beaucoup d’humour chez Antonin Peretjatko et c’est un film qui nous transporte pendant 1h30 à la fois ailleurs et face à nos désillusions politiques, et d’une manière pas du tout ronchonne à la Mélenchon, mais beaucoup plus anarchisante.
Ouvrir avec Le Congrès, c’était pour donner une certaine orientation à la Quinzaine ?
Quand on a eu la possibilité de prendre Le Congrès, on s’est dit que c’était le film rêvé. Il représente toute la Quinzaine à lui tout seul : c’est Cassavetes et Miyazaki, du cinéma qui parle d’une actrice qui a des problèmes avec sa carrière jusqu’à un délire futuriste. Pour nous, c’était une sorte de catalogue. En plus, on n’avait pas de film d’animation, et on s’en lamentait un peu. Et puis, c’est un film qui a fait énormément parler, parce qu’il y a eu les pour et les contre, et pendant deux jours, la Croisette a bruissé de ce film. Nous, on avait trouvé le film complètement passionnant. Il correspondait et à ce qu’on voulait faire de la Quinzaine, avec ce mélange des genres très radical, et à ce qu’on voulait faire avec l’Assemblée des cinéastes, puisque ça parle de l’avenir du cinéma, de l’avenir de l’humanité. C’était le film idéal.
Avoir un film qui fait parler la Croisette, ça fait partie des ambitions de la Quinzaine ?
En tout cas, on n’a pas peur de ça. Le cinéma, c’est très agréable à voir, mais c’est aussi très agréable d’en parler après, et même de s’engueuler dessus après. Et je pense que la Quinzaine doit être ça. A la Semaine de la critique, il faut qu’ils aient la chance d’avoir un premier ou un second film qui fasse ça, nous on peut puiser dans l’ensemble de la cinématographie mondiale de l’année pour trouver quelques films qui fassent bouger. La Sélection officielle a d’autres soucis. Nous, c’est aussi un peu notre ambition d’amener le débat autour du cinéma, autour d’un film, autour d’un sujet à Cannes.
Ca manquait cette année, non ?
Il y avait du consensus, oui, dans le bon et dans le mauvais. Mais des fois, c’était un consensus un peu fragile. Par exemple, la presse française a honni Heli, mais ne pose pas de question. C’est un film violent, c’est vrai, avec deux scènes très violentes, et surtout une. Mais il se trouve que le Mexique aujourd’hui, c’est quoi ? Montrer une bluette qui se passe au Mexique, ce serait d’un certain côté mentir. Le problème des festivals et spécialement de Cannes, c’est qu’on fatigue très vite, et pour qu’il y ait un débat, non seulement il faut qu’il y ait des films à débattre mais aussi des gens pour débattre. Et je me demande si aujourd’hui les critiques sont prêts à affronter des polémiques et surtout à les alimenter de façon intelligente. Je défends un cinéaste qui n’est pas de ma sélection, mais je suis complètement fou de cinéma et que le film qui pose problème soit chez moi ou chez Thierry Frémaux, c’est pareil. Ca pose un problème de cinéma, donc ça pose un problème pour moi. En plus, on avait vu Heli et on n’a pas caché notre intérêt pour le film.
Pour continuer sur cette idée du débat, pouvez-vous nous parler de l’Assemblée des cinéastes ?
Avant tout, dans un lieu comme Cannes, qui est la capitale du cinéma, il s’agit de faire en sorte que les cinéastes eux mêmes s’y retrouvent. S’y retrouvent dans tous les sens : y retrouvent leurs billes et s’y retrouvent entre eux. A terme, j’aimerais qu’il y ait un heureux donateur qui loue pendant quinze jours un café de Cannes dans lequel seuls les cinéastes seraient invités à rentrer, et dans lequel ils pourraient se retrouver, d’où qu’ils viennent, pour rencontrer d’autres cinéastes et parler de tout. Là, l’Assemblée des cinéastes s’est faite sur deux pieds, avec une session d’accueil, où on parlait généralement de la situation des cinéastes, avec notamment Joachim Trier et Anurag Kashyap qui ont raconté leur situation de cinéastes indépendants, et la deuxième, marquée par l’agenda de la négociation avec l’OMC et le vote du Parlement européen pour retirer la culture du package de négociation. L’exception culturelle française, et j’espère bientôt européenne, était un grand enjeu cette année. Ce que j’aimerais, c’est qu’au-delà de l’enjeu, il y ait toujours moyen pour les cinéastes de se rencontrer, de débattre, simplement de passer du temps ensemble.
Vous êtes attaché au fait que cette Assemblée soit publique ?
Oui parce qu’on l’intègre à notre programme. L’année prochaine, je pense qu’il y en n’aura qu’une, mais qui sera longue. Que les gens aient l’habitude de voir des cinéastes parler entre eux de leurs problèmes, ça fait partie de ce que doit faire la Quinzaine des réalisateurs, défendre les réalisateurs et c’est avec le rapport au public qu’on les défend le mieux.
Aurélie Filippetti a assisté à une partie des débats de cette Assemblée. Comment voyez-vous le fait qu’une ministre se déplace à ce genre d’événement ?
C’était bien que la ministre, quelle que soit sa couleur politique, se déplace et voie que les cinéastes se rencontrent, et que nous poussons ces cinéastes à se rencontrer. Comme c’était bien aussi qu’elle voie le travail qu’on fait avec les scolaires à Cannes. Mais c’est avant tout une rencontre de cinéastes. On est la Quinzaine des réalisateurs et on ne voulait surtout pas qu’il y ait des producteurs ou des responsables de l’Etat au débat. C’est un a priori, et un côté un peu anarcho-syndicaliste : ce sont les réalisateurs qui s’expriment. Même moi, je n’interviens pas. Notre problème à nous, c’est que les réalisateurs se parlent. De nombreux réalisateurs m’ont dit, quand j’étais critique et maintenant que je suis délégué général de la Quinzaine, que Cannes manquait de lieux de rencontre. Et nous on est là pour bien les accueillir, quels qu’ils soient. On est la Quinzaine des réalisateurs, tous les réalisateurs ont notre soutien.
Vous avez parlé de votre volonté d’avoir un film d’animation, des documentaires, des films de genre. Ca veut dire que vous voulez panacher les genres et les tons ?
L’idée c’est de jouer sur la diversité des films. On tient compte globalement d’un équilibre pendant la sélection. On met The Last Days on Mars le lundi, pour que les gens qui aient un peu envie de se lâcher se lâchent. Les comédies, on les a aussi panachées, et on a mis La Fille du 14 juillet vers la fin parce qu’on sent que les gens ont envie de rigoler.
Cette diversité doit-elle être représentative de ce que vous voyez pour faire votre sélection, une sorte d’échantillon du cinéma en 2013 ?
Non. Ce sont les meilleurs films, donc c’est un miroir déformant. On ne cherche pas du tout à avoir l’image du cinéma, sinon on passerait beaucoup de mauvais films. Parce que c’est quand même la majorité. Sur les 1 589 qu’on a vus, il y en a 1 400 qui sont à vomir. Si on voulait faire une image exacte, on passerait 90 % de mauvais films. Avant tout, c’est ça l’image du cinéma. Et c’est vrai tous les ans et à toutes les époques. Billy Wilder plaisantait déjà sur tous les mauvais films qu’il pouvait y avoir à Hollywood. On n’est jamais un miroir exact, on est déformant ou grossissant sur certains aspects.
Quels sont les moments forts que vous retenez de cette édition ?
La journée Jodorowsky, c’est une journée magnifique. En partie inattendue. On savait que le soir, ce serait fort avec la succession des deux films, le documentaire de Frank Pavich et le film de Jodorowsky, et on avait fait venir Nicolas Winding Refn pour parler. Mais le matin, on pensait que, comme d’habitude, sur les 800 spectateurs, 500 partiraient pour le Q&A. Or 20 personnes sont parties. Et ils ont fait un accueil tellement beau à Alejandro. L’autre chose magnifique, c’est l’arrivée des deux mômes de The Selfish Giant sur scène, Shaun et Conner. Peut-être parce que c’est le film que je préfère – c’est dit ! – et que c’est un film qui doit beaucoup à ces deux garçons. Quand ils sont venus face au public, c’était un grand moment.
Ca veut dire que, en faisant venir des gens comme Nicolas Winding Refn pour parler de Jodorowsky ou les deux protagonistes iraniens de L’Escale, l’organisation des Q&A est presque aussi réfléchie que le reste ?
Tout n’est pas réfléchi dans le sens où on ne savait pas comment ça allait se passer. Au départ, il s’agissait seulement de répondre aux questions du public. Il se trouve que la moitié au moins des Q&A ont été des moments particuliers, plein de moments étranges et passionnants qui font que ça vaut vraiment le coup. C’est extraordinaire, on a une vraie réponse du public. A la Quinzaine, même si on a refusé beaucoup de monde cette année, c’est quand même un vrai public. Pas que des professionnels de la profession ou des journalistes. On a vraiment les coups de cœur des gens, comme cette Mexicaine qui a voulu monter sur scène pour embrasser Jodorowsky ou le bonhomme sur le balcon qui a raconté à Yolande Moreau que c’était dans le café de sa grand-tante qu’elle avait tourné Henri. Des surprises tout le temps, c’est formidable. Il n’y a que la Quinzaine que je connais comme ça. Surtout depuis qu’on a mis les Q&A à la suite des films depuis l’an dernier. Il n’y a qu’à la Quinzaine que ça me fait vibrer autant. Et c’est pour ça qu’il faut qu’on soigne la sélection, pour que les gens aient de quoi se lâcher. C’est un public extraordinaire.
Il y a eu beaucoup de monde cette année justement, certains se plaignaient de trop faire la queue et de ne pas pouvoir entrer.
Il y a eu un tout petit peu plus d’entrées payantes, mais surtout, il y a eu un afflux de professionnels qui l’an dernier n’étaient pas venus à la Quinzaine. Il y a des critiques que je n’avais jamais vus l’année dernière qui sont venus de façon systématique cette année. Ca voulait dire que l’an dernier on avait réussi notre coup, et que les gens ont voulu venir cette année. Et comme évidemment, cette année on a réussi notre coup, il faut qu’on pense l’année prochaine à cet afflux. Je suis favorable à une limitation du nombre de films, mais pas du nombre de projections. C’est-à-dire que pour certains films, on ferait plus de projections. Pour un film français ou pour un film événement, deux projections au Théâtre Croisette, ce n’est pas suffisant.
L’an dernier, vous nous aviez dit qu’il était trop tôt pour tirer le bilan du renouveau que vous aviez voulu insuffler à la Quinzaine. Et maintenant ?
Là, on a vu que le public est venu beaucoup plus nombreux, que la presse est venue beaucoup plus nombreuse, que les articles sont toujours aussi bons. Donc là, on peut dire que ce qu’on a fait l’année dernière a marché. Ce qu’on a fait cette année, on verra l’année prochaine. Mais depuis l’an dernier, on a des rapports avec les professionnels qui sont très bons, de Wild Bunch à Pyramide, qui a acheté The Selfish Giant pendant la Quinzaine. Si on sert à ça, on fait totalement notre travail. Maintenant, c’est dans les rails. Les Anglais de Film Four, par exemple, m’ont dit après le succès de The Selfish Giant, que ça y est, ils se sentaient de nouveau sur la carte. La compétition avait déjà ouvert ça, mais maintenant, les Anglais ne sont plus regardés comme à la manière de François Truffaut, pour qui Anglais et cinéma, c’est une antithèse dans les termes.
Vous aviez aussi dit que vous aviez commis l’an dernier des erreurs que vous ne referiez pas. Alors ?
Je n’ai pas fait les erreurs de l’année dernière, j’en ai fait d’autres ! J’ai vécu la première année comme un rêve. La deuxième, c’était beaucoup plus dur. La sélection était beaucoup plus pénible à coucher, parce que les films sont arrivés très tard. Et parce qu’on était arme au pied très tôt, donc on a perdu énormément de temps. Et puis aussi cette année, j’étais conscient de tous les dangers, alors que l’année dernière, pas du tout. Il y avait plus de pression à réussir une deuxième année consécutive. Il fallait que ce soit aussi bien.
Vous avez des fiertés, comme le fait de compter la Caméra d’or dans votre sélection ? C’était important ?
Oui. On ne l’aurait pas eue, j’aurais dit non. Mais comme on l’a, je dis oui. L’année dernière, le film de Benh Zeitlin était le meilleur film, celui qui méritait la Caméra d’or, donc je n’étais pas du tout amer de ne pas l’avoir. Cette année, je suis très content, parce que Ilo Ilo est un film qui a été vraiment remarqué par les Anglo-Saxons, par Le Monde, mais beaucoup moins par le reste de la presse française. Et je pense qu’Anthony Chen a une maturité incroyable pour son âge. C’est un film très généreux. On est très contents. Mais il y a au moins huit autres premiers films chez nous qui auraient aussi pu l’avoir. Je crois que L’Escale a été dans le pot final, avec La Fille du 14 juillet. C’étaient les trois dans le pot de cinq final. C’est Ilo Ilo qui était le film le plus casse-gueule et qui a réussi à tirer son épingle du jeu.
Il y avait plus de premiers films que l’an dernier…
Oui, deux de plus. Ce qui nous a obligés à prendre des premiers films, c’est aussi que Thierry Frémaux a fait son boulot et qu’il a pris tous les films intéressants de gens intéressants. Du coup, là, j’ai appris quelque chose. L’an prochain, les gens intéressants, ils iront à Venise s’ils veulent. Mais moi je continuerai à aller chercher du côté des gens nouveaux ou des gens qui réorientent leurs choix, leur esthétique ou leur carrière. Ca c’est quelque chose que j’ai appris cette année : le délice d’avoir à trouver des cinéastes alternatifs. Quand je me dis que s’il nous avait lâché un ou deux noms, peut-être que je n’aurais pas pris Peretjatko, ça me fait froid dans le dos parce que La Fille du 14 juillet est un des grands plaisirs qu’on a eus à Cannes. Je serai attentif à ça dans l’avenir. On ne se jettera pas sur le plus simple, c’est-à-dire quelqu’un qui a été rejeté par l’Officielle.
Ca veut dire qu’avec la Sélection officielle, vous ne vous disputez plus les films ?
Non, ils ont pris des films sur lesquels on lorgnait, mais je pense qu’ils nous ont rendu un service en les prenant. Mais les films qui vont à Un Certain Regard, plutôt que chez nous, cette année, s’en sont mordus les doigts. Je pense à un film en particulier qui est passé complètement inaperçu, alors que chez nous il aurait eu une grosse visibilité. Il y a un concept global de la Quinzaine qui dépasse un film. Je pense que la leçon va passer de plus en plus, et on se dira que le premier choix c’est la compétition, et le deuxième, c’est la Quinzaine. Le problème de la section Un Certain Regard, c’est qu’elle est vue comme quelque chose de secondaire. Chez nous, c’est beaucoup plus agréable pour les cinéastes, parce qu’on est là pour eux. On n’a que 20 films, et j’espère que l’année prochaine on en n’aura que 18, et pas 60 comme en Sélection officielle. C’est aussi pour que ce soit plus fort que je pense à réduire le nombre de films à la Quinzaine. Par exemple, on a voulu commencer par un gros coup, et on a mis, le même jour, The Selfish Giant, Marcel Ophuls et Ugly. Et j’ai l’impression que Ugly, le film d’Anurag Kashyap, en a souffert. Il ne faut plus faire ça. Trois films par jour, c’est trop, surtout si ce sont des films forts. Quand j’ai repris la Quinzaine, c’était l’habitude. Je suis en train d’essayer de changer, de mettre deux films par jour. Sur neuf jours, en comptant que le premier jour il ne peut y en avoir qu’un, ça fait 17 maximum.
Du coup, la sélection sera plus…
Rigoureuse. Mais il vaut mieux qu’on soit extrêmement rigoureux avant, et qu’ensuite on soit très contents de présenter tous les films. On était déjà très contents cette année, mais on le sera encore plus. Et surtout on pourra mieux accompagner les films.
en temps que nouveau venu, c’est que vous avez étés, me fait grandir tres vite dans ce monde des realisateurs. l’idée c’est de jouer sur la diverstés films