Revue de presse du samedi 19 mai

 

Tournage sur la plage de Cannes d'Anthony ZimmerSont-ils troublés ? Déboussolés ? En manque de repères, nos camarades journalistes ? Il faut dire qu’on entre dans le dur. Bientôt, on atteindra ce moment du Festival où l’on ne sait plus rien. Quel jour on est, quel film on va voir, à quelle heure, et où, si le but de la vie est vraiment d’être Rose pastille, et surtout si y a moyen de lui piquer son invit’ bleue en tentant le coup du “Derrière toi ! [insérer ici le nom de la vedette improbable du jour, exemple : Alec Baldwin] !” Et puis certains ont vu hier le nouveau Apichatpong Weerasethakul, aka le cauchemar des secrétaires de rédaction et des gens rationnels. Le film qui inspire des phrases fleuves (le Mékong, donc) avec plein de :, de ;, de (), et de ,. A l’image de son cinéma, c’est sûrement très inspiré, très poétique, mais pas bien clair pour le commun des mortels – celui qui ne meurt qu’une fois et ne se souvient pas de ses vies passées (lire notamment Les Inrocks ou Libé).

Du coup, comme pour se rassurer, on s’accroche à nos références comme à ces bouées qu’on voit poindre derrière le Cinéma de la plage. Et donc, en plus de vouloir “tirer sur le guitariste” de l’hôtel Mékong, Libération (ici) cite Robert Flaherty pour Les Bêtes du sud sauvage. Télérama () revient à Truffaut pour Au galop, Libération lui préfère Desplechin, mais tous deux s’accordent pour convoquer la gloire de la comédie italienne chez Matteo Garrone (Libé et Télérama). Là où ça devient plus compliqué, c’est quand on se risque au mélange. Les Bêtes du sud sauvage, pour Télérama, ce serait le croisement de Bunuel et Spike Jonze, filmé par un fan de Malick. Et Serge Kaganski (), croyant convaincre du sublime d’Après la bataille, nous explique qu’on est entre Plus belle la vie et un Mocky oriental. Cannes, jour 4. On est en train de les perdre.

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