Pattin sonne
Dans vingt ans, quand on se penchera sur la carrière florissante de Kristen Stewart et de Robert Pattinson, qu’on les comparera à Nicole Kidman et Leonardo DiCaprio, on s’amusera de leurs débuts : personne n’aurait vu dans leurs mièvreries romantico-fantastiques (Twilight, quand même cinq épisodes) les prémices d’une grande carrière de comédien. Et pourtant, Stewart a trouvé en Assayas un pygmalion exigeant (Sils Maria, Personal Shopper), quand Robert Pattinson s’est éloigné de son rôle de beau gosse chez Cronenberg (Cosmopolis) et désormais chez les frères Safdie avec ce Good Time dopé à l’acide. Robert Pattinson y est éblouissant dans le rôle de Connie, petit délinquant toxique qui prend soin à sa façon de Nick, son frère handicapé mental (incarné à l’écran par Benny Safdie), au point de le confondre avec un autre à l’hôpital. Absurde.
Sorte d’After Hours poisseux, Good Time est le récit d’une nuit pendant laquelle Connie va essayer de sortir Nick de prison après un braquage raté. Connie erre dans les bas-fonds new-yorkais, à la recherche d’une solution foireuse à son problème et à la rencontre d’autres marginaux laissés pour compte, comme lui. Le quatrième long-métrage de Benny et Josh Safdie est aussi rythmé qu’imprévisible, les frères réalisateurs ajoutant au polar une bonne dose d’humour très noir. Et brouillent efficacement les pistes sur leurs intentions et celles de leurs personnages. Good Time est un morceau de cinéma insaisissable qu’on s’amusera dans vingt ans à voir comme le tournant de Robert Pattinson, mais aussi comme l’éclatante mise en lumière, tardive et méritée, du talent de la fratrie Safdie.
Good Time de Benny et Josh Safdie, avec Robert Pattinson, Jennifer Jason Leigh, Benny Safdie, Buddy Duress… Etats-Unis, 2017. En compétition au 70e Festival de Cannes. Sortie le 11 octobre 2017.