Plateau télé : semaine du 15 septembre

 

La télé ça décoiffeOn passe par tous les états cette semaine. On ne sait plus démêler le vrai du faux, qu’il s’agisse de souvenirs oubliés, de cauchemars réels ou de la véracité de la fiction. On s’emmêle les pinceaux avec délectation dans ce mois de septembre, le mois de la transition entre la dolce vita estivale et la brume automnale.
 

Black Swan, de Darren Aronofsky – dimanche, 20h45 – France 2

Célébrons tout d’abord la décision de France Télévisions de diffuser de plus en plus de VM, à commencer par le film du dimanche soir sur France 2. Et on débute avec l’intrigant Black Swan. Natalie Portman, danseuse élevée pour jouer le rôle de sa vie dans Le Lac des cygnes par une mère quelque peu envahissante, ne tient pas le choc. Elle va enfin danser le Cygne. Et tout se mêle. Le noir, le blanc. Le bien, le mal. Les fantasmes ou les cauchemars et la réalité, les ambitions personnelles et les désirs enfouis. Darren Aronofsky, déjà auteur de Requiem for a Dream, maîtrise le sujet. Les hallucinations, la terreur, la perte des repères. Et nous plonge dans une spirale angoissante.
 

Entre les murs, de Laurent Cantet – dimanche, 20h30 – LCP

Après le film qui a valu à Natalie Portman la Sainte Trinité des récompenses (Oscar, BAFTA, Golden Globe), une modeste Palme d’or française, décernée à l’unanimité du jury de Sean Penn. En ce mois de septembre, Laurent Cantet plante sa caméra dans une salle de classe de ZEP. Dans un cours de français de 4e plus précisément. Et il regarde tout. L’ennui comme la franche rigolade, les joutes verbales et les rapports de force, aussi bien entre élèves qu’entre profs, et, bien sûr, entre profs et élèves. Un cours de français où la langue fuse. Les vannes, les coups de gueule sont plus que divers et colorés, toujours prompts à se moquer du plus-que-parfait autant que des expressions « jambon-beurre ». Une dynamique qui ne s’essouffle jamais, mais change de ton, monte en tension et redescend, au gré des humeurs et des fatigues. Une chronique qui évite d’idéaliser les uns ou de dramatiser la situation des autres, tant elle varie les points de vue, équilibre les fautes et les gloires. On l’oublierait presque, Entre les murs n’est pas un documentaire, mais un presque huis clos extrêmement maîtrisé, autant par le regard porté que par ces élèves d’une justesse bluffante.
 

Valse avec Bachir, de Ari Folman – mercredi, 22h30 – France 4

Alors que le dernier roman de Sorj Chalandon, Le Quatrième Mur, un retour sur le massacre de Sabra et Chatila, est dans la première liste du Goncourt, il est plus que temps de voir Valse avec Bachir, en avant-goût ou en complément d’une lecture indispensable de la rentrée. Valse avec Bachir, c’est une enquête dans une mémoire escamotée, traumatisée par la guerre. Une reconstitution de souvenirs menant vers la réalité âpre du conflit, vécu par de jeunes soldats israéliens encore insouciants. Une prise de conscience aussi rude que cette animation glacée et sombre qui donne ce ton si particulier à un film, pour le coup, inoubliable.
 

We are Four Lions, de Christopher Morris – mercredi, 23h20 – Arte

Autre prise de conscience : We are Four Lions, qui avait déclenché à sa sortie toutes sortes de débats sur le thème « peut-on rire de tout ? », s’intéresse à des terroristes ratés. Une bande d’incapables qui essaie tant bien que mal de mettre au point un attentat-suicide lors du marathon de Londres. C’est de la comédie britannique, forcément mal-pensante, qui ne s’embarrasse pas de savoir si les similitudes avec l’attentat de juillet 2005 sont dérangeantes ou non (le projet a été lancé avant, se défend le réalisateur). On ne le répétera jamais assez, le comique anglais, ce n’est pas du grand n’importe quoi. Le but du non-sens est de révéler le sens, l’humour absurde pour pointer l’absurde de la réalité. Ici, on s’attache à l’aspect purement pratique de l’organisation d’un attentat, ou on confronte des convictions parfois fragiles, et des services secrets bien loin de James Bond. Ca dérange ? Tant mieux.
 

Tanguy, de Etienne Chatiliez – jeudi, 20h45 – France 3

Ne pas quitter l’enfance, le rêve… Mais là, ça commence à bien faire. Tanguy, désormais devenu phénomène de société qui a rempli les hebdos entre trois enquêtes sur les Francs-Maçons, l’immobilier et le mal de dos, s’incruste. Le fils parfait n’a qu’un défaut, le manque total d’indépendance. Etienne Chatiliez sait particulièrement dépeindre la bourgeoisie, ici intellectuelle, dans ses travers, et s’amuse à lui faire péter les plombs. Et André Dussollier et Sabine Azéma se délectent manifestement à trouver les stratagèmes les plus mesquins pour faire dégager au plus vite la prunelle de leurs yeux. Le choc entre la folie furieuse qui s’empare des parents et le calme compréhensif du fiston suffit à faire une bonne comédie, dans certains cas, salvatrice.

 
Le week-end arrive, foncez dans les salles pour voir du surf et du rock (Océane) ou de la psychanalyse (Jimmy P.). Ou bien, toujours en salles, les excellents Alabama Monroe et autres films passionnants avec Denis Ménochet.