Ghostland, de Pascal Laugier

 

Oh oh oh jolies poupées !

Ghostland, de Pascal LaugierPauline vient d’hériter de la maison de sa tante. Si possible, isolée de tout et encore mieux, ressemblant à un cabinet de curiosités avec animaux empaillés et poupées flippantes à tous les recoins. Elle décide de s’y installer avec ses deux filles adolescentes, la brune Beth, studieuse et rêveuse et la blonde Vera, un peu plus rebelle. Mais les cartons à peine déballés, les trois femmes sont attaquées par des intrus bien décidés à leur infliger une gratuite correction. Mais Pauline veille au grain et parvient à sauver ses filles. Un traumatisme qui va affecter différemment les deux sœurs, parvenues à l’âge adulte : Vera revit le drame de cette nuit en permanence et se terre chez sa mère en recluse, tandis que Beth devient auteur de thrillers à succès. Seize ans plus tard, alors qu’elles passent une soirée entre mère et filles, le drame, inéluctable, recommence… Ou semble recommencer…

Pascal Laugier aime les héroïnes qui s’ébattent dans des endroits confinés et qui se retrouvent dans des situations de malaise qui virent au cauchemar et aux litres d’hémoglobine. On garde d’ailleurs en tête les images gore de Martyrs, devenu un film culte. Entre-temps, Laugier aura tenté l’aventure américaine avec The Secret qui avait divisé la critique, mais assis sa position de réalisateur de films qui ne laissent pas indifférent. Et ici, l’indifférence n’est pas de mise. De scène en scène, c’est le sentiment d’oppression qui l’emporte. Le pire est toujours à venir et le pire survient effectivement. En dire plus reviendrait à révéler un twist retors et malin en plein milieu du film, remettant tout en perspective. Aussi, restons-en là pour garder la surprise qui ravira les amateurs de poupées en porcelaine aux visages sinistres et effraiera ceux qui en sont phobiques. Mais qu’ils se rassurent, point d’entité démoniaque façon Chucky ou Annabelle. Tout est pour de vrai, malheureusement pour les héroïnes.

Ghostland, de Pascal LaugierDans ce casting exclusivement américain (avec des stars de teenage movies et séries telles que Crystal Reed et Anastasia Philips et où surnagent les deux adolescentes Emilia Jones et Taylor Hickson, remarquables), on retrouve notre francophone Mylène Farmer, 23 ans après son premier rôle au cinéma dans Giorgino, film qui avait inspiré Saint-Ange, le premier long de Laugier. Le réalisateur et la chanteuse avaient déjà tourné un clip ensemble en 2015, fantastique dans tous les sens du terme, City of Love. Si on est surpris au début de la redécouvrir façon maman américaine protectrice en survêtements larges et bouteille de bière à la main, on s’habitue peu à peu à sa présence, au point de l’accepter entièrement. Car ici, Mylène Farmer gagne ses galons d’actrice, dans un rôle certes secondaire, mais ô combien difficile : celui de faire oublier la star de la chanson derrière un personnage crédible. Et en anglais. Derrière le bruit et la fureur, les cris permanents de souffrance et les images malsaines et dérangeantes, sa douceur apporte une trêve bienvenue. Espérons que ce ne sera pas la dernière.
Ghostland de Pascal Laugier, avec Crystal Reed, Anastasia Philips, Taylor Hickson, Emilia Jones, Mylène Farmer, Rob Archer… France, Canada, 2016. Présenté en compétition officielle du Festival du film fantastique de Gérardmer 2018. Sortie le 14 mars 2018.

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