Les Cowboys, de Thomas Bidegain

 

Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs 2015

Les Cowboys, de Thomas BidegainQui ?
Thomas Bidegain présente à la Quinzaine des réalisateurs son premier film, mais il n’en est pas à ses débuts sur la Croisette. C’est en tant que scénariste qu’il y a fait ses premiers pas, dans ceux de Jacques Audiard pour Un prophète (compétition, 2009) et De rouille et d’os (compétition, 2012) (et, hop, deux césar du meilleur scénario en poche), de Joachim Lafosse pour A perdre la raison (Un Certain Regard, 2012), et de Bertrand Bonello pour Saint Laurent (compétition, 2014). Outre son propre film, il scénarise également pour cette édition Dheepan, de Jacques Audiard, en compétition, et Ni le ciel, ni la terre, de Clément Cogitore, à la Semaine de la critique. Bref, ce n’est pas parce qu’il concourt pour la Caméra d’or que c’est un bleu dans le septième art. D’ailleurs, avant de signer des scénarios, il a géré des catalogues de films, s’est occupé de distribution… Aucun rouage du cinéma ne lui échappe, et c’est donc naturellement que celui qui a été biberonné aux rétrospectives de l’Action Christine (c’est parce qu’il connaissait l’ouvreuse) est enfin passé à la réalisation.

Quoi ?
Entouré de Noé Debré – qui participe également à l’écriture du Audiard, on ne change pas une équipe qui gagne – Thomas Bidegain mélange les univers : l’est de la France, la country, l’islamisme fondamental… On ne sait à quoi s’attendre avec la quête de ce père (François Damiens, chapeau de cowboy bien arrimé), à la recherche de sa fille disparue lors d’une fête country, avec l’aide de son fils (Finnegan Oldfield, aussi à l’affiche de Ni le ciel, ni la terre) et d’un chasseur de têtes (John C. Reilly). Une quête qui lui prendra sa vie, et le fera voyager de Lyon au Pakistan, sur les traces de la jeune fille, partie avec un musulman fondamentaliste. Un western des temps modernes, où ne survivent de l’époque du Far West que les chapeaux, les chasseurs de tête et les idées fixes. Au vu des faits d’armes de Thomas Bidegain, on se prépare déjà à un film aussi aride que les déserts du Nevada, et on espère y déceler une manière de raconter le monde sans y toucher, avec le regard souvent bouleversant de François Damiens en appui.

Résultat des courses
En écrivant ces lignes avant le début du Festival, on ne pensait pas être si juste. Si Les Cowboys, qui nous amène régulièrement à Anvers, est finalement plus pluvieux qu’aride, et si John C. Reilly arrive bien tardivement, c’est en revanche effectivement sans y toucher que Thomas Bidegain choisit de raconter le jihadisme. Et c’est bien le problème, car le sujet n’est finalement jamais vraiment traité, le primo-réalisateur s’attachant surtout à la famille. Le départ de l’adolescente avec un fondamentaliste n’est au départ qu’un prétexte pour filmer l’obsession d’un père – la partie la plus réussie, portée par François Damiens, décidément convaincant loin du registre balourd – avant que le terrorisme ne devienne une toile de fond. Sur des écrans de télévision et à la radio sont évoqués les attentats du 11 septembre, de Madrid et de Londres, donnant ainsi des repères temporels au spectateur, parfois un peu perdu dans l’avancée (ou l’absence d’avancée plutôt) de la quête, sans que l’on comprenne le lien entre la jeune fille et ces événements – lien qui semble évident pour le petit frère. Scénariste pourtant chevronné, Thomas Bidegain surprend en ayant recours à des ficelles, coups de théâtre et autres raccourcis un peu trop artificiels et manquant de crédibilité pour convaincre.

 
Les Cowboys de Thomas Bidegain, avec François Damiens, Finnegan Oldfield, John C. Reilly… France, 2015.

Mots-clés : , ,