Humeur cannoise #4 : Stars sans académie

 

Mon dépucelage cannois – épisode 2 : Stars sans académie

Le tapis rouge du 69e Festival de CannesSans doute suis-je encore grisé par les effets de ma première fois, mais ce Festival de Cannes m’enchante. Peut-être que cette félicité retombera aussi rapidement qu’une starlette en Louboutin empruntés et trébuchant sur les marches du Palais, mais j’en profite tant que ça dure. Et quand je rapporte ma petite expérience à celles et ceux qui n’ont pas la chance d’en profiter, on ne me demande pas si je vois de bons films. Non. On s’en fiche que je m’émeuve devant un film italien (Folles de joie) ou un documentaire (Les Vies de Thérèse), que je me sois endormi quelques fois (Ma vie de Courgette ou Wolf and Sheep), que j’aie été horrifié par une jeune fille dévorant le majeur de sa sœur (Grave) ou que j’aie ri de bon cœur devant les tribulations d’une avocate semi-dépressive (Véronica). Non, ce qu’on veut savoir, c’est si j’ai vu de la star.
N’ayant pas la chance de fouler les tapis rouges ou d’être accrédité au Village international, mes perspectives de rencontres avec des acteurs et actrices tutoyant le firmament s’avéraient plutôt minces. Certes, à peine un pied posé sur la Croisette, je pus observer Claude Lelouch en train de se curer le nez, mais je n’ai guère été impressionné. Après tout, j’avais uriné à ses côtés au Festival de Gérardmer, difficile de faire plus intime. Mais au deuxième jour cannois, mon festival pouvait s’arrêter là. Car je pus voir et entendre, à la Quinzaine des réalisateurs, l’un des seuls comédiens que je voulais approcher un jour, Gael Garcia Bernal. Même si quelques minutes plus tard je ne reçus aucun « gracias » poli de sa part quand je le laissais passer pour traverser la rue. Je lui pardonnai bien volontiers, surtout que s’ensuivirent d’autres célébrités pour le remplacer dans mon cœur ou presque. Ici, Virginie Efira et Vincent Lacoste. Là, Bérénice Béjo et Cédric Kahn. Un peu après, Alejandro Jodorowsky ou Julie Gayet. Ou encore Valéria Bruni-Tedeschi et un Gérard Depardieu un brin épuisé. Ou bien Ken Loach se baladant tranquillement peu avant les premières séances matinales.
Pour de vraies rencontres, il fallait attendre encore un peu. Attendre les rendez-vous autorisés par les attachés de presse qui font la pluie et le beau temps… Interviewer Gael Garcia Bernal (toujours lui) ? Non, son carnet de bal est déjà rempli. Davy Chou, un nouveau prodige franco-cambodgien ? Oui, possible, à la plage Nespresso, oasis entourée de dunes avec parasols géants, café à volonté et photocall numérique. Brontis Jodorowsky, digne fils de son père ? Possible également, sans chichis ni interférences d’où qu’elles pourraient venir. Ou encore Tony Gatlif, autour d’un jus d’orange, sous un délicat bruit de vaisselle que l’on range (ou que l’on pile, c’est selon). Et se retrouver dans les hauteurs cannoises pour une soirée que ne renierait pas Paolo Sorrentino avec villa, piscine éclairée, dj casquette à l’envers, robes échancrées qui se trémoussent et… salade de pâtes.
J’ignore encore quelles rencontres vont (ou non) se mettre sur mon chemin. Peut-être personne. Mais peu importe, le contrat est déjà plus que rempli. Affaire à suivre.

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