La sélection de la Quinzaine des réalisateurs 2013

 

En marge de la sélection officielle du 66e Festival de Cannes, la 45e Quinzaine de réalisateurs, menée de main de maître depuis deux ans par Edouard Waintrop, offre une sélection qui mélange comédie, documentaire, drame humain, polar… avec une constante : du film d’auteur de qualité. A voir à Cannes à partir du 16 mai.
 

La Danse de la réalité de Alejandro Jodorowsky

La Danse de la réalité de Alejandro JodorowskyQui ?
Poète, romancier, comédien, réalisateur, scénariste de BD et spécialiste du tarot : Alejandro Jodorowsky est un homme prolifique, à qui l’on doit notamment quelques films surréalistes et expérimentaux dont le cultissime El Topo, western métaphysique sous ecsta.

Quoi ?
Loin des écrans depuis plus de vingt ans, dire qu’on attendait impatiemment le retour de Jodorowsky derrière la caméra est un doux euphémisme. Après plusieurs projets annoncés et abandonnés (King Shot et Les Fils d’El Topo), La Danse de la réalité est l’adaptation de son autobiographie. Après avoir offert deux fausses autobiographies légendaires et jubilatoires (L’Arbre du Dieu pendu et L’Enfant du Jeudi noir), La Danse de la réalité fonctionne comme une preuve d’amitié pour ses fans, une tentative d’éclairer une histoire longue et fourmillante de dizaines d’existences différentes. Reste à voir si le film se veut une adaptation fidèle ou un mélange de ses trois autobiographies, histoire de troubler encore un peu plus les pistes…

 

La Fille du 14 juillet de Antonin Peretjatko

La Fille du 14 juillet de Antonin PeretjatkoQui ?
Sorti de l’école Louis Lumière en 1999 avec une formation de chef-opérateur, Antonin Peretjatko réalise six courts-métrages de 2001 à 2011 qui circulent dans de nombreux festivals. Changement de Trottoir et French Kiss furent en sélection aux César 2005 et 2006. L’Opération de la dernière chance a été réalisé avec des images 16 mm tournées lors d’un tour du monde.

Quoi ?
La Fille du 14 juillet, produit par Emmanuel Chaumet avec qui il mène une collaboration artistique depuis 2011, est son premier long-métrage. L’opus raconte l’histoire d’un trio loufoque, traversant la France en voiture, à la recherche de Truquette, rencontrée au Louvre le 14 juillet. Comme dans ses précédents courts-métrages, Antonin Peretjatko multiplie dans son premier long les références au cinéma de Godard. Le très libre et talentueux Vincent Macaigne, devenu une figure emblématique de toute une nouvelle génération de cinéastes, y incarne le personnage principal. Mais La Fille du 14 juillet saura-t-il trouver son autonomie, son originalité propre en dépit de l’hommage qu’il rend à un cinéma antérieur, celui de la Nouvelle Vague ?

 

Ilo Ilo de Anthony Chen

Ilo IloQui ?
Animateur radio, critique de cinéma, acteur et réalisateur, le Singapourien Anthony Chen est le premier à avoir reçu la Mention spéciale à Cannes en 2007 pour son court-métrage Ah Ma. Chen, marqué par le décès de sa grand-mère, avait voulu, lors de ce premier essai, explorer la condition humaine à travers la réaction des individus face à la mort.
Il avait été récompensé dans de nombreux autres festivals, notamment lors du 11e Festival des cinémas et cultures d’Asie à Lyon par le prix du Public.

Quoi ?
Son premier long-métrage, Ilo Ilo, aborde les relations entre trois frères âgés de 10, 8 et 6 ans et leur domestique dans le Singapour des années 1970. L’occasion pour le cinéaste d’aborder encore une fois les relations humaines et les difficultés des êtres à communiquer entre eux.

 

We Are What We Are de Jim Mickle

We Are What We Are de Jim MickleQui ?
Ancien éclairagiste, le réalisateur américain Jim Mickle est maintenant acclamé par les aficionados de l’horreur. Mulberry Night et Stake Land s’imposent comme des successions de scènes sanguinaires réalisées avec la complicité de Nick Damici, un fana des ambiances vampiriques. Son second film a d’ailleurs remporté le prix du Public dans la sélection Midnight Madness au Festival de Toronto en 2010.

Quoi ?
Le réalisateur n’y va pas de mainmorte avec son troisième long et son affiche en guise d’amuse-bouche : une famille attablée autour d’une soupe de sang. Kelly McGillis et Michael Parks sont les acteurs principaux d’un film qui s’annonce horrifiant. A la mort d’un père, une famille tente de conserver les sanglantes traditions cannibales qu’elle respectait jusqu’alors. Un scénario qui ne va pas sans rappeler le film de Jorge Michel Grau, Ne nous jugez pas.

 

Last Days on Mars de Ruairi Robinson

Last Days on Mars de Ruairi RobinsonQui ?
Encore peu connu du grand public, Ruairi Robinson a surtout signé des courts-métrages de science-fiction. The House on Dame Street fut l’une de ses première réalisations, avec en premier rôle Peter O’Meara (Donne-moi ta main, Ce que pensent les hommes). Nominé pour l’Oscar du Meilleur court-métrage en 2002, Fifty Percent Grey racontait, quant à lui, la tentative de suicide d’un personnage se trouvant… au Paradis.

Quoi ?
Le cinéaste irlandais présente à Cannes un long-métrage porté par un beau casting. Dans Last Days on Mars – produit notamment par Michael Kuhn (Dans la peau de John Malkovich) – on croise Elias Koteas (Shutter Island, La Ligne rouge), Olivia Haigh Williams (The Ghost Writer, Sixième sens), Liev Schreiber (Scream, X-Mens Origins : Wolverine) et Romola Garai (Scoop, Angel). Une belle brochette pour un script venant d’une autre planète : avant leur retour sur Terre, des astronautes vont chercher à découvrir une nouvelle forme de vie sur la planète Mars.

 

Le Congrès d’Ari Folman

The Congress d’Ari FolmanQui ?
Ari Folman avait fait sensation sur la Croisette en 2008, mais était injustement et cruellement reparti de la cérémonie de clôture les mains vides. Pourtant, Valse avec Bachir, basé sur ses souvenirs de la guerre du Liban et du massacre de Sabra et Chatilla, était un innovant documentaire d’animation, troublant et émouvant… Alors pour Le Congrès, fini la compétition, c’est à la Quinzaine des réalisateurs qu’il le présente. Na.

Quoi ?
Le Congrès navigue cette fois entre prises de vues réelles et animation. Robin Wright, qui joue son propre rôle, est scannée pour que le studio puisse la faire tourner dans les films qu’elle avait jusqu’ici refusés, notamment parce qu’ils étaient trop commerciaux, et revient vingt ans après. Une réflexion sur l’avenir du cinéma et du monde. Un film assurément étonnant par l’image et sur l’image.

 

Blue Ruin de Jeremy Saulnier

Blue Ruin de Jeremy SaulnierQui ?
Jeremy Saulnier fera certainement partie de ces découvertes dont la Quinzaine des réalisateurs a le secret. Blue Ruin est son deuxième long-métrage, après Murder Party, mélange d’horreur et de comédie, et le court-métrage remarqué Crabwalk. Il s’est aussi distingué comme chef-opérateur. Ce qui fait déjà saliver quant à ses dispositions derrière la caméra.

Quoi ?
Blue Ruin est une histoire de vengeance inspirée des séries B des années 1950, avec pour décor l’Amérique des armes, et pour acteur un Macon Blair (déjà présent dans Murder Party) hirsute. « C’est pour trouver ce genre de films qu’on fait ce métier », a déclaré Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine des réalisateurs. Histoire de ne pas du tout lui (et nous) mettre la pression.

 

Les Garçons et Guillaume, à table !, de Guillaume Gallienne

 Les Garçons et Guillaume, à table !, de Guillaume GallienneQui ?
Le comédien Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie-Française, fut récemment, au cinéma, un Jolithorax britannique savoureux dans Astérix et Obélix : au service de sa majesté, après avoir traversé, espiègle et précis, les univers de Jean-Michel Ribes (Musée haut, musée bas), Sofia Coppola (Marie-Antoinette), Radu Mihaileanu (Le Concert) ou Fabien Onteniente (Jet Set). Sa voix, timbrée, maîtrisée, envoûtante, investit les ondes de France Inter et rend hommage à la littérature et aux écrivains, les samedis à 18h10 dans l’émission Ça peut pas faire de mal.

Quoi ?
Guillaume Gallienne réalise avec Les Garçons et Guillaume, à table !, son premier long-métrage et adapte sa propre pièce de théâtre. Nourrie de son enfance, de sa stricte éducation dans une famille bourgeoise du 16e arrondissement de Paris, du complexe qu’il nourrit à l’égard de ses frères, de la fascination qu’il ressent pour sa mère et de ses tourments identitaires, cette comédie contrastée fait la promesse d’un instant réjouissant – dans la lignée de Camille redouble de Noémie Lvovsky et Adieu Berthe de Bruno Podalydès, présentés l’an passé dans cette même sélection, sensible, depuis l’arrivée d’Edouard Waintrop à sa tête, à la comédie d’auteur.

 

Un voyageur de Marcel Ophuls

 Un voyageur de Marcel OphulsQui ?
Marcel Ophuls, 85 ans, revient après une trop longue absence de dix-huit années. Le plus grand documentariste libre, auteur de récits filmés d’une grande puissance cinématographique, dont le magistral Le Chagrin et la pitié, chronique d’une ville sous l’occupation (1969), n’avait plus fait signe depuis Veillée d’armes, histoire du journalisme en temps de guerre (1994), tourné dans Sarajevo assiégé.

Quoi ?
Le voyageur, c’est lui, Ophuls. Ses films-fleuves sont des traversées. Ses récits sont des voyages. Celui-là sera le dernier. Enfin peut-être : sait-on jamais ? Ce sera le testament, la mémoire, l’adieu. Ophuls selon Marcel. Le vieux cinéaste impossible s’est installé pour l’ultime œuvre-somme, sous les toits de Paris, rue des Martyrs. Il collecte, il amasse, il rassemble, il agrège. Il fouille la mémoire, il exhume des archives, il extrait des grands classiques. Il démonte, monte, remonte. Il construit le temps d’une vie. Sa vie d’auteur. A travers elle, l’Histoire. Un regard pour la voir, la montrer. Un temps, l’argent a manqué. Une souscription publique a été lancée ; elle se récompensait d’un fameux fax d’Ophuls, raturé, annoté, écrit par lui. Un temps, la possibilité de Cannes a paru inaccessible. Un voyageur ne serait pas prêt. Et voilà qu’on l’annonce, qu’on l’attend. Où l’homme de Hôtel Terminus est-il arrivé ? Où nous emmène-t-il ?

 

A Strange Course of Events de Raphaël Nadjari

 A Strange Course of Events de Raphaël NadjariQui ?
Raphaël Nadjari aime les contrastes : originaire de Marseille, il fait des études d’arts plastiques à Strasbourg, travaille pour des habillages d’émissions (La Marche du siècle, Arte) et au scénario pour un téléfilm. Parti à New York dès 1997, il entame sa carrière de réalisateur avec The Shade adapté de Dostoïevski et présenté à Un Certain Regard à Cannes en 1999. Il poursuit avec I Am Josh Polonski’s Brother, projeté à la Berlinale en 2001 et Apartment #5C, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2002. Influencé par John Cassavetes, Raphaël Nadjari est captivé par le processus d’improvisation des acteurs. Il creuse de film en film son sillon, nourri de questions récurrentes : la judéité, la famille, la frustration affective. En 2003, il part en Israël, tourne Avanim, puis réalise à Jérusalem Tehilim qui représentera Israël à Cannes en sélection officielle en 2007. Il finalise en 2009 un documentaire-fleuve retraçant l’histoire du cinéma israélien et présenté à la Berlinale.

Quoi ?
A Strange Course of Events, coproduction franco-israélienne, raconte le trajet d’un homme désorienté qui cherche à obtenir l’aide de son père, avec lequel il entretient des relations distendues. La fin d’une seconde trilogie, signe d’une nouvelle étape pour Raphäel Nadjari ?

 

Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich

 Jodorowsky’s Dune de Frank PavichQui ?
On ne sait pour l’instant pas grand-chose de Frank Pavich, réalisateur américain underground, auteur d’un seul documentaire en 1999, N.Y.H.C., qui traitait de l’univers furieux de hard rockeurs aux Etats-Unis. Pavich est également crédité comme coordinateur de production pour diverses cérémonies américaines de tapis rouges, comme les Golden Globes. Gageons que ces missions auront aiguisé paradoxalement son appétit pour les rebelles.

Quoi ?
Jodorowsky’s Dune est un documentaire qui retrace la saga de l’un des projets avortés les plus célèbres de l’histoire du cinéma : celui d’Alejandro Jodorowsky, au sommet de sa gloire dans les années 1970. Chef-d’œuvre littéraire de science-fiction, Dune de Frank Herbert a épuisé une longue liste de tentatives de transpositions pour le cinéma. Alejandro Jodorowsky, prince des « Midnight Movies » qui venait de finaliser une folie en technicolor (La Montagne sacrée), s’empare du projet en 1973. Il imagine un budget pharaonique de dix millions de dollars et… le producteur Michel Seydoux accepte. C’est le début d’un imbroglio monumental avec, en son centre, Jodo le mégalo, entouré de Moebius, Giger, Douglas Trumbull, les Pink Floyd, Salvador Dali, Alain Delon, Charlotte Rampling, Mick Jagger, David Carradine… avant que tout ne s’effondre.

 

Tip Top de Serge Bozon

 Tip Top de Serge BozonQui ?
Acteur dans près de dix-huit films (récemment dans Main dans la main de Valérie Donzelli) et réalisateur plus rare (quatre films à son actif depuis L’Amitié en 1998), Serge Bozon est un personnage atypique du cinéma français. Il est libre et passionné, comme un héros de cette Nouvelle Vague qui l’inspire tant. Mods, qu’il réalise rapidement en 2003, fait de lui, un temps, la figure de proue d’un cinéma français renouvelé, à la fois drôle et désenchanté. Il préserve son goût pour un certain façonnage de bric et de broc, un amateurisme assumé du fait de moyens limités et d’acteurs non professionnels. La France (2006), film beaucoup plus ambitieux, raconte l’épopée d’une femme (Sylvie Testud), déguisée en homme au sein des poilus en 1917. Serge Bozon cherche à reconstituer minutieusement l’ambiance de l’époque et comme dans Mods, injecte des scènes musicales, des moments de folie douce qui deviennent sa marque de fabrique.

Quoi ?
Après La France, la Quinzaine des réalisateurs invite à nouveau Serge Bozon cette année avec Tip Top, un film annoncé comme une « comédie policière » : deux femmes-flics enquêtent sur la mort d’un indic, avant de se retrouver elles-mêmes accusées du crime… Avec ce sujet savoureux et un casting prometteur (Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain et François Damiens), Serge Bozon est à la tête de la formule la plus « bankable » qu’il ait connue à ce jour. Espérons qu’elle n’émoussera en rien sa fantaisie si singulière.

 

Les Apaches de Thierry de Peretti

 Les Apaches de Thierry de PerettiQui ?
Thierry de Peretti est né à Ajaccio, et a choisi de commencer sa carrière au théâtre. Sorti du cours Florent, c’est la mise en scène qui lui réussit. Il est lauréat de la Villa Médicis Hors-les-Murs et a obtenu le prix de la révélation théâtrale du Syndicat national de la critique en 2001 pour une mise en scène de Koltès. Les Apaches est son premier long métrage en tant que réalisateur, au sein du collectif Stanley White.

Quoi ?
Les Apaches est l’adaptation d’un fait divers qui avait secoué la Corse, il y a quelques années : une bande de jeunes, par désœuvrement, tournaient mal. Thierry de Peretti met en scène cinq jeunes comédiens amateurs, les Apaches. Au cœur de l’été à Porto-Vecchio, ils traînent. Un soir, ils entrent dans une luxueuse villa inoccupée. Ils y passent la nuit et emportent avec eux quelques souvenirs, des objets sans valeur et deux fusils de collection. Quand la propriétaire de la maison parisienne redécouvre les lieux, elle se plaint du vol à un petit patron local…

 

Après la nuit de Basil Da Cunha

 Après la nuit de Basil Da CunhaQui ?
Basil Da Cunha est un réalisateur suisse d’origine portugaise, habitué de la Quinzaine. Ses deux précédents films, des courts-métrages, y ont été sélectionnés et l’un d’eux fut même récompensé par une Mention spéciale du jury. Son premier long-métrage marque ses retrouvailles avec cette sélection.

Quoi ?
Après la nuit conte les déboires de Sombra, qui sort de prison et reprend sa vie de dealer dans le bidonville créole de Lisbonne. Mais entre l’argent qu’il doit se faire rembourser, ses dettes, un iguane fantasque, une petite fille envahissante et un chef de bande qui doute de sa loyauté, Sombra commence à penser qu’il aurait peut-être mieux fait de rester à l’ombre. Images sombres, environnement âpre, le film s’annonce dur, brutal et sans complaisance.

 

L’Escale de Kaveh Bakhtiyari

 L’Escale de Kaveh BakhtiyariQui ?
Kaveh Bakhtiyari est un réalisateur suisse d’origine iranienne, sensible aux problématiques sociales. Il est l’auteur d’un court-métrage, La Valise.

Quoi ?
L’Escale est un documentaire sur un groupe d’Iraniens en exil, qui passent par la Suisse avant de terminer leur périple en Grèce.

 

Ugly de Anurag Kashyap

Ugly de Anurag KashyapQui ?
Producteur, écrivain et réalisateur, Anurag Kashyap est présent pour la deuxième fois à la Quinzaine. Prolifique artiste de la nouvelle vague du cinéma indien, le garçon avait fait parler de lui en 2004 avec Black Friday, un film coup de poing autour des attentats de mars 1993 à Bombay. Le dessin animé Return of Hanuman, en 2007, avait prouvé la multiplicité des talents du cinéaste, avant que Gangs of Wasseypur, présenté l’an dernier sur la Croisette, ne prouve le caractère novateur de sa mise en scène et sa façon habile d’entremêler les récits.

Quoi ?
Après le film de gangsters de l’année passée, Kashyap s’est trouvé cette fois le drame familial pour terrain de jeu. Ugly narre la disparition d’une jeune fille nommée Kali, alors qu’elle était censée être gardée par son père Rahul, acteur en galère. Le métrage entend explorer l’égocentrisme et les vices de toute une galerie de personnages en proie à l’absence de Kali. Preuve que contrairement au cliché, Bollywood ne produit pas que des comédies musicales à couleur pétante.

 

The Selfish Giant de Clio Barnard

 The Selfish Giant de Clio BarnardQui ?
Clio Barnard adapte Oscar Wilde pour son second long-métrage, après The Arbor, sorti en 2010. L’artiste britannique d’art contemporain fait de la nouvelle de l’auteur une histoire actuelle, loin de ses débuts enfantins.

Quoi ?
Le Géant égoïste de Wilde conte l’histoire d’un homme qui se ferme à tout, y compris aux rires des enfants, et se retrouve de fait puni par l’hiver et le froid perpétuel. Un récit moral, un des rares chez Wilde, que la réalisatrice adapte au monde contemporain de la banlieue ouvrière de Bradford. Une histoire qui devient celle d’Arbor (Conner Chapman) et de son meilleur ami Swifty (Shaun Thomas) qui, au contact de Kitten (Sean Gilder), deviennent ferrailleurs à la petite semaine. Il est là question d’amour, d’amitié, mais aussi d’ambition et de cupidité, nous annonce-t-on.

 

L’Eté des poissons volants de Marcela Said

 L’Eté des poissons volants de Marcela SaidQui ?
Marcela Said, réalisatrice chilienne qui a longtemps vécu en France et s’y est formée, passe du documentaire au long-métrage, aidée par son mari, Jean de Choteau. Leur premier film, El Mocito, se penchait sur les lourds secrets de la dictature et avait été sélectionné à Berlin. Cette fois, c’est une fiction qu’ils présentent à la Quinzaine.

Quoi ?
Le film s’attache aux pas de Manena, 16 ans. La jeune fille passe les vacances d’été avec sa sœur dans la maison familiale de Temueco, dans le Chili rural. Chacun vaque à ses occupations, comme son père, obsédé par l’extermination des carpes de son étang. Seule Manena semble consciente de la guérilla qui fait rage dans le pays et du danger qui approche avec les guerriers indiens de Mapuche.

 

Magic Magic de Sebastian Silva

 Magic Magic de Sebastian SilvaQui ?
Remarqué avec La Nana, nommé à l’Oscar du Meilleur film étranger, confirmé avec Les Vieux Chats, qu’il a coréalisé avec Pedro Peirano, Sebastian Silva fait son entrée à Cannes avec ce titre des plus énigmatiques.

Quoi ?
Juno Temple incarne Alicia, partie en vacances au Chili avec des amis, qui sombre peu à peu dans la folie, sans que personne ne s’en rende compte. Après des comédies dramatiques aux thématiques sociales, le cinéaste aborde cette fois le thriller avec un casting anglo-saxon très tendance.

 

On the Job de Erik Matti

 On the Job de Erik MattiQui ?
En 1999, Erik Matti démarre sa carrière en signant une suite (quatorze ans après l’original) du classique Scorpio Nights de Peque Galla. En moins de quinze ans, il a tissé une filmographie conséquente et surprenante, parmi laquelle on retrouve un film de super-héros un peu bricolé, Gagamboy.

Quoi ?
En s’inspirant de faits réels, Erik Matti raconte l’histoire de deux criminels qui sortent ponctuellement de prison afin d’exécuter des contrats pour des politiques corrompus, et des deux policiers qui les traquent. On espère qu’une mise en scène rigoureuse soutiendra ce postulat des plus séduisants.

 

Henri de Yolande Moreau

Henri de Yolande MoreauQui ?
Bien sûr on connaît Yolande Moreau, figure des Deschiens et second rôle toujours excellent du cinéma français. Quand elle prend le devant de la scène, elle est récompensée par un César (meilleure actrice pour Séraphine et Quand la mer monte), et quand elle passe derrière la caméra aussi (meilleur premier film pour Quand la mer monte). Avec cette première réalisation, Yolande Moreau avait révélé un univers un peu étrange, poétique et sensible.

Quoi ?
Henri devrait être dans la même lignée. Là aussi, Yolande Moreau s’intéresse à la rencontre de deux solitudes. Celle d’Henri, donc, la cinquantaine un peu alcoolique, et celle de Rosette, la rêveuse légèrement déficiente mentale. On lui fait toute confiance pour surprendre encore une fois, pour souligner joliment la poésie douce qu’on oublie parfois de voir.

 
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