Plateau télé : semaine du 9 décembre

 

Réglez votre téléviseur Puisque passer un samedi soir au cinéma en famille en partageant un seau de pop-corn revient désormais presque aussi cher qu’un week-end all inclusive aux Bahamas, la télévision, ce petit appareil inventé il y a bientôt un siècle, s’avère une bien belle idée pour s’épanouir à moindre frais : Mon père ce héros, La Première Folie des Monty Python, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ ou Pouic Pouic constituent d’ailleurs les bijoux télé de la semaine.
 

Dimanche 9 décembre

Mon père ce héros, de Gérard Lauzier – Arte – 20h45
Le Seigneur des anneaux – La Communauté de l’anneau – France 2 – 20h45

Arte prend un peu d’avance et nous colle un film de nouvel an alors qu’on a à peine commencé nos films de Noël, mais on leur pardonne. Tout a un peu vieilli dans ce Mon père ce héros, et pas seulement la garde-robe de Catherine Jacob. Gérard Depardieu attendri par une Marie Gillain adolescente, elle-même éprise d’un Patrick Mille blond. Depuis, Depardieu remplit les rubriques faits divers, Marie Gillain cherche à sortir des rôles de trentenaires pétillantes, et Patrick Mille, ex-Chico chez Edouard Baer, se la joue réalisateur intello avec Mauvaise fille.

France 2 préfère les Hobbits à Gérard Depardieu et diffuse le premier volet de la saga de Peter Jackson Le Seigneur des anneaux. La formidable aventure imaginée par Tolkien est superbement mise en scène par le réalisateur néo-zélandais, quoique un peu lente à la mise en route.
 

Lundi 10 décembre

L’Impossible Monsieur Bébé, de Howard Hawks – Arte – 20h50
La Première Folie des Monty Python, de Ian McNaughton – Arte – 22h30
Mekong Hotel, d’Apichatpong Weerasethakul – Arte – 23h55

Katharine Hepburn, Cary Grant et un léopard dans un landau, il en faut peu pour créer une légende… Hitchcock a peut-être fait de lui un espion, mais c’est dans la screwball comedy que Cary Grant excelle, où se mêlent ironie, burlesque et dialogues vifs. L’occasion aussi de trouver que Valérie Trierweiler a un côté Katharine Hepburn. Normal.

Un temps titré “Pataquesse”, La Première Folie des Monty Python est en fait un best of de leur série Monty Python’s Flying Circus retourné pour pénétrer le marché américain. Au final, le film a cartonné en Angleterre… Le sens de l’absurde, toujours. Film à sketchs, donc, avec le fameux Dead Parrott et autres Nudge Nudge, au format un peu étiré. L’occasion surtout de rappeler que le Flying Circus est enfin disponible en DVD.

Mekong Hotel, un film que seul Arte pouvait diffuser. Même les salles de cinéma ont passé leur tour, puisque le dernier long-métrage d’Apichatpong Weerasethakul est allé directement de Cannes au petit écran. Si vous avez vu – et aimé, cela va de soi – Oncle Boonmee, Syndromes and a Century, Blissfully Yours ou Tropical Malady, il faut voir Mekong Hotel. Apichatpong construit chaque film sur le précédent, inéluctablement. Si vous n’avez jamais vu aucune œuvre du prodigieux cinéaste thaïlandais (honte à vous), alors regardez quand même Mekong Hotel, pour savoir ce que “cinéma différent” veut dire.
 

Mardi 11 décembre

Soirée Louis De Funès – France 2 – 20h45
The Faculty, de Robert Rodriguez – D8 – 22h50
Ne le dis à personne, de Guillaume Canet – W9 – 22h20

On se croirait en plein été avec le roi des soirées de M6 au mois d’août, mais attention, service public oblige, pas de Gendarme, seulement une enquête de Laurent Delahousse, qui s’assoit nonchalamment sur un coin de bureau avec ses lunettes pour nous expliquer que le génie comique était en fait un grand angoissé. Ensuite, Le Petit Baigneur, qui certes nous permet d’admirer Louis de Funès en combi de plongée dans un kayak, mais qui n’égale pas le génie absurde de Pouic Pouic (également parfait pour un Premier de l’an).

Sorti du classique Une Nuit en enfer, Robert Rodriguez fait dans le teen movie, genre maître des années 1990. Sauf qu’il y ajoute des monstres mutants, et nous la joue revanche des geeks. Avec Elijah Wood encore tout jeunot, et en VF, avec la voix de fausset qu’on lui a attribuée.

Entre Mon idole – et François Berléand en lapin – et Les Petits Mouchoirs – et un ostréiculteur philosophe et pieds nus -, Guillaume Canet opérait doucement la transition avec un François Cluzet qui joue à fond le type embarqué dans un truc qui le dépasse, et traverse le périph à pied. Toujours une histoire de pieds.
 

Mercredi 12 décembre

Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, de Jean Yanne – France 4 – 20h45

Vous sentez Noël qui approche à petits pas ? Avant de se lancer dans Le Père Noël est une ordure et les bêtisiers, on y va mollo avec ce Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, délicieusement anachronique, totalement absurde. Ben Hur est garagiste, César organise des parties fines dans les catacombes, et on se demande ce que ça peut foutre qu’un gamin soit né à Bethléem. Un peu la VF de La Vie de Brian.
 

Jeudi 13 décembre

Eyes Wide Shut, de Stanley Kubrick – D8 – 20h50
Didier, d’Alain Chabat – TMC – 20h45

Les ravages de la VF font que ce film, le dernier de Stanley Kubrick, ne se termine plus par le mot “fuck“. Et ça, c’est un scandale.

Alain Chabat a une règle de vie, la 3D : Danse, Déconne, Dénonce. Parfaitement à l’œuvre dans Didier, son premier film : il se trémousse avec Isabelle Gélinas sur I Wanna Be Your Dog, Jean-Pierre Bacri menace de l’abandonner dans un parking, et les manifs défilent aux cris de “Ni babord, ni tribord, la nation d’abord.” Le regard canin d’Alain Chabat, ceux désabusé de Bacri et naïf de Lionel Abelanski, et une private joke avec les frères Hazanavicius avant que tout le monde sache prononcer leur nom.

 
Et puisque vendredi il n’y a rien, profitez du week-end – s’il vous reste un peu d’argent – pour faire un tour du côté de l’Italie avec Piazza Fontana ou pour savourer Brad Pitt à contre-emploi avant sa reconversion Chanel n°5 dans Cogan : Killing Them Softly.